Film Élio de Pixar Disney : vers l’infini… et l’intime

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Annoncé comme le prochain grand pari original de Pixar après Vice-Versa (2015), Elio s’annonce comme une œuvre à la fois cosmique et profondément humaine. Ce film d’animation attendu pour fin juin 2025 plonge dans un univers intergalactique à travers les yeux d’un enfant terrien en quête de reconnaissance… et d’amitié. Mais derrière ses allures de space opera acidulé se cache une proposition bien plus subtile qu’il n’y paraît. Premières images avec le visionnage de la première demi-heure aux USA.

Élio ou un enfant propulsé au centre du cosmos

Elio Solis, 11 ans, vit avec sa mère Olga (doublée par America Ferrera), cheffe d’un projet gouvernemental top secret. Par un malentendu galactique digne des meilleures comédies de mœurs, Elio est pris pour l’Ambassadeur de la Terre par un congrès d’extraterrestres baptisé le Communivers. À partir de là, s’enclenche un parcours initiatique tissé de rencontres insolites, de dilemmes moraux et de révélations intimes. Graphiquement, Pixar déploie un foisonnement de créatures loufoques, de textures néon et de structures célestes dans un style visuellement plus éclaté et « pop » que ses dernières productions. La direction artistique évoque parfois Lilo & StitchStar Wars ou même certains clips de Gorillaz, sans jamais se départir de la patte narrative pixarienne.

Une production tourmentée, un récit métaphorique

Longtemps repoussé (initialement prévu en 2024), Elio a connu une refonte majeure : changements de direction artistique, de réalisateurs (Adrian Molina seul aux commandes après un binôme initial), et un budget flirtant avec les 300 millions de dollars. Autant dire que Pixar joue gros, dans un contexte post-Buzz L’Éclair où les créations originales peinent à retrouver leur aura d’antan. Mais cette gestation cahotique n’a pas affaibli le propos du film. Au contraire, elle semble avoir affiné sa portée symbolique. Car Elio, derrière ses gags et ses scènes d’action cosmique, est un film sur l’altérité. Le jeune héros, introverti, fantasque, sans amis, se projette dans le regard des autres, et c’est en devenant l’étranger parmi les étrangers qu’il va découvrir son propre langage. À ce titre, Elio renoue avec le thème pixarien par excellence : comment grandir lorsque l’on ne rentre dans aucune case ? Que l’on soit monstre, jouet, rat ou ado en mutation, la question de la différence reste centrale.

Une œuvre familiale à plusieurs vitesses

Elio s’annonce résolument familial, mais à la manière de Vice-Versa ou Coco : les enfants rient, les adultes s’interrogent. Les premières 25 minutes évoquent une tonalité inattendue, avec des références au cinéma de science-fiction des années 1980 (jusqu’à une touche de « horreur light », façon Gremlins), et des accents mélancoliques sur la solitude parentale ou l’angoisse de grandir. On peut toutefois s’interroger sur la capacité du film à tenir cette promesse hybride sur la durée : entre divertissement pur et introspection existentielle, la ligne est fine, et le risque est réel de n’être ni assez subversif pour marquer les esprits, ni assez calibré pour rassurer le jeune public. A voir… avec le reste du film…

À l’heure où Pixar prépare Vice-Versa 2Toy Story 5 et Zootopie 2Elio fait figure d’exception. Un film sans licence, sans préquelle, sans nostalgie recyclée. Cela en fait un test crucial pour le studio : peut-il encore faire rêver avec une idée neuve ? Et surtout, un jeune héros lambda, sans superpouvoir, sans destin glorieux, juste… différent…

Rocky Brokenbrain
Notoire pilier des comptoirs parisiens, telaviviens et new-yorkais, gaulliste d'extrême-gauche christo-païen tendance interplanétaire, Rocky Brokenbrain pratique avec assiduité une danse alambiquée et surnaturelle depuis son expulsion du ventre maternel sur une plage de Californie lors d'une free party. Zazou impénitent, il aime le rock'n roll dodécaphoniste, la guimauve à la vodka, les grands fauves amoureux et, entre deux transes, écrire à l'encre violette sur les romans, films, musiques et danses qu'il aime... ou pas.