Au cinéma The interview, L’interview qui tue, la comédie de Noël cartonne !

La comédie The Interview L’interview qui tue ! projette un complot d’assassinat du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un. Le film est sorti le 25 décembre dans 330 cinémas indépendants américains. Il a été téléchargé depuis par près de 3.000.000 d’internautes. À la suite d’une vague de piratage et de menaces terroristes, Sony avait annulé la sortie du film pour des raisons de sécurité avant de faire volte-face à la demande d’un chœur d’acteurs de la liberté d’expression. Une stratégie de communication qui se révèle gagnante pour cette comédie potache sans ambition mais fort sympathique. Nous, on a rigolé !

 

L'entretien qui tueLes deux trublions de la comédie américaine, Seth Rogen et Dan Sterling, sont de retour (voir notre article sur Dumb & Dumber). L’un interprète un réalisateur de talk-show, l’autre le présentateur vedette. Ainsi, sous la direction habile du réalisateur Aaron Rapoport, Dave Skylark anime le talk-show populo-vulgaire Skylark Tonight où il interviewe des célébrités sur des sujets intimes (dont Eminem qui fait son coming-out). Alors que l’équipe fête son 1000e épisode sous l’œil goguenard des reporters de presse d’information, les deux amis, larrons et joyeux lurons, apprennent que le dictateur nord-coréen Kim Jong-un est un fan de leur émission. Sous l’impulsion de Dave, Aaron propose au fils du délicat tortionnaire Kim Jong-il, esclavagiste de plus de 20 millions de Coréens, une… interview.

L'entretien qui tueProposition acceptée. Mais la CIA s’en mêle afin de convaincre les deux amis d’en profiter pour assassiner Kim et permettre un coup d’État en Corée. Commence alors, sur fond de descriptions pertinentes du fonctionnement de la dictature nord-coréenne, une suite d’épisodes de manipulations psychologiques aux rebondissements cocasses et à l’humour potache qui suscitent chez le spectateur plusieurs fous-rires, voire une ou deux petites hilarités.

The interviewMalgré l’annulation de l’avant-première et le recul des chaînes de cinéma, Sony Pictures a eu bien raison de ne pas céder ou faire semblant de céder pour ne plus céder ou de ne plus céder pour céder sans paraître céder – bref, on s’y perd. Mais le résultat est là : le succès est au rendez-vous. Entre les cinémas pris d’assaut et un nombre de téléchargements légal et illégal qui serait désormais supérieur à 3 millions, cette rigolote comédie connait un triomphe inespéré. Dès le 1er jour,L'entretien qui tue Sony a récupéré 1 million de dollars sur les 100 millions de dollars investis. Et quel buzz ! L’interview qui tue est en train de se propager à la vitesse de la Chorée sur les réseaux. Pourquoi ?

L'entretien qui tue

En raison d’une conjugaison actuellement très attractive d’exploration des interdits, de critique des médias, de critique de la démocratie libérale, de cyberattaques, de défense de la liberté, de goût pour la dérision et de besoin d’ironie. Sans doute aussi, car cette attaque drolatique du dictateur sanguinaire qui se prend pour un Dieu a lieu le jour de Noël, date de la naissance du Dieu des Occidentaux, du Dieu d’amour. L'entretien qui tueAjouté à cela, un humour d’adolescent attardé, ponctué de saillies psychanalytiques, de manipulations psychologiques à deux balles, vous obtenez une petite catharsis nationale et mondiale. Bref, alors que l’économie américaine redémarre, la fête de Noël bat son plein tandis que se profile la nouvelle année, tout est réuni pour que le peuple américain, occidental et autresThe interview adeptes de la démocratie et de la liberté d’expression reprennent confiance en soi à travers une bonne tranche de rire où les spectateurs se délestent des fatigues, faiblesses et peurs accumulées durant la crise du dernier lustre (et l’avènement des Chinois comme première puissance économique mondiale). En ce sens, cela faisait longtemps que la diplomatie culturelle américaine n’avait pas réussi un si bon coup.

The interviewAlors certes, nos confrères d’honorables journaux, au sérieux tout empesé de post-idéologie à la française, ont le droit de trouver que L’interview qui tue ne vaut rien. Quant aux critiques de cinéma américains qui regardent de haut le film, ils font parfaitement leur boulot en prouvant haut et fort que même une comédie politique pro-américaine qui promeut la liberté d’expression peut être critiquée et jugée mauvaise par son propre pays. Comble du sublime, paradoxe radieux, pinacle impérial de la liberté d’expression envoyé à la face des dictateurs ! Bref, quand bien même il ne saurait rivaliser avec le Dictateur de Chaplin, L’interview qui tue est un bon divertissement. Et puis se fendre la poire en se payant la pomme du dernier avatar du marxisme-léniniste sauce stalinienne, c’est plutôt chouette. Joyeux Noël Kim Jong-un : seun-tan chu-ka-hae-yo !

The Interview est disponible sur plusieurs plates-formes de streaming, dont Google Play, Xbox Vidéo et YouTube. Toutefois, dès sa mise en ligne en téléchargement légal (15 dollars – c’est très cher !), une copie en haute définition non tatouée s’est retrouvée tournée en téléchargement illégal. La probabilité qu’elle ait été mise en ligne par Sony est très forte. D’autant plus que Sony a limité le téléchargement légal du film aux internautes américains et canadiens sachant fort bien que les internautes des autres pays se tourneraient vers le piratage. Où ils ont tout de suite trouvé d’ailleurs, comme nous l’avons souligné, une copie parfaite à disposition. Ainsi, dès le premier jour, L’interview qui tue a été téléchargé illégalement par plus de 900.000 internautes dans le monde (dont 40 % d’Américains et Canadiens peu décidés à débourser 15 dollars) sur des sites de torrents, Bref, un super coup de com pour Sony quelles que soient les rentrées financières à venir.

The Interview, L’Interview qui tue ! Evan Goldberg et Seth Rogen et Dan Sterling, avec David Skylark, Seth Rogen : Aaron Rappaport, Lizzy Caplan : Agent Lacey, Randall Park : Kim Jong-un, Bang : Sook, Timothy Simons : Malcolm, Reese Alexander : l’agent Botwin, sortie américaine et mondiale le 25 décembre.

 

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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