lana et Andy Waschowski, les réalisateurs de Jupiter ascending, nouveau film à effets spéciaux spectaculaires, ont à leur actif un assez joli succès commercial avec la trilogie Matrix. Les idées novatrices appliquées dans les 3 épisodes (surtout le premier) laissaient espérer que Jupiter Ascending nous réserverait quelques bonnes surprises. Il a fallu nous contenter de… quelques surprises et pas mal de déconvenues…
Le cadre général de Jupiter ascending est un brin téléphoné : de cruels extraterrestres animés des pires intentions considèrent la terre comme une ferme et les humains comme du bétail ; en conséquence, ils s’apprêtent à la « moissonner ». Bref, vous voyez le genre… Par chance, la terre abrite en ses flancs une héroïne qui s’ignore en la personne de Jupiter Jones (la charmante Mila Kunis) qui – alors qu’elle récure les toilettes agenouillée sur le carrelage – ne sait pas encore qu’elle est en mesure de posséder la terre… Là, vous commencez à entrevoir le niveau… Certes, la starlette est des plus appétissantes, mais son jeu affecté est une permanente source d’agacement – un joli minois n’est pas synonyme de talent.
En face d’elle, Caine, un soldat aux ailes coupées, pur produit de manipulations génétiques innommables, dont l’ADN possède des éléments de loup (whouuu !). Channing Tatum a beau faire des efforts, le genre super mâle tendance bodybuildé à l’éternelle barbe de trois jours lasse. Ses grandes oreilles pointues indiquent toutefois qu’il n’est pas exactement humain (whouuu !).
Après un début de film plutôt calme, qui laisse un peu perplexe, Jupiter ascending s’accélère enfin. Se succèdent alors des bagarres aériennes avec de longues glissades sur une paire de bottes qui permettent de voler (vous avez bien lu…). Des personnages, tantôt transparents, plus souvent invisibles, échangent des rafales fournies d’armes inconnues. Tous les poncifs du space opera semblent présents dans ce film. On y reconnait des créatures de la Guerre des étoiles, de Dune, de Stargate, mais aussi une Japonaise aux cheveux bleux qui semble directement sortie d’un manga ; rapidement, le spectateur est un peu perdu. Il a pour cela bien des raisons. La principale tient dans un scénario complètement emberlificoté dont on a beaucoup de mal à suivre la trame. D’un bout à l’autre de Jupiter ascending, le spectateur se sent perdu.
Les autres personnages, particulièrement les méchants, sont à peine plus crédibles. Eddie Redmayne dans la peau de Balem, un des frères dénués de tout scrupule, se sent obligé d’adopter une diction tout à fait incongrue et peu crédible ; c’est dommage, car il affiche une certaine présence. Douglas Booth, pour l’occasion Titus, n’est pas plus convaincant. La directrice de casting de Jupiter ascending aura sans doute craqué sur son physique de minet et son visage aux lèvres pulpeuses et aux yeux bleus (franchement beau gosse !). Celui qui tire le mieux son épingle du jeu d’acteur est sans doute Sean Bean, comédien expérimenté et avec une vraie « gueule ».Vous aurez au moins une certitude, celle de ne pas vous endormir. Les effets sonores, les perpétuelles rixes entretiennent un niveau de décibels qui est parfois à la limite du supportable.
Nous avons assisté à une représentation en 3 D ; ce qui tempère notre jugement un peu sévère. Il faut toutefois regretter que les plus jolis effets soient réservés au générique. Cette impression de profondeur est intéressante et confère une dimension supplémentaire à Jupiter ascending. Vers la fin, une chute dans le vide de Jupiter Jones est saisissante de réalisme.
Autre bon point, la musique de Michael Giacchino, qui puise son inspiration notamment dans le registre de la musique sacrée, apporte une efficacité et confère une élégance qui manque dans ce film touffu.
Manifestement, cette production des frères Wachowski, après le relatif insuccès de Cloud Atlas, semble consacrer leur lente descente aux enfers. Jupiter ascending sera sans doute apprécié d’un public ado, friand de décibels, de bastons sans concession et d’effets spéciaux sans limites, mais parait mal parti pour obtenir un suffrage plus large. Un film spectaculaire qui pourra occuper un samedi après-midi pluvieux avant d’être oublié le soir même.