Avec Thérèse en 1986 et plus récemment, en 2014, Le Paradis, l’interrogation spirituelle constitue la quête d’Alain Cavalier. C’est avec cette dimension qu’il aborde Le Caravage, film (?) sur la relation de Bartabas avec le cheval ainsi dénommé.
On préfère vous prévenir : ce film Le Caravage n’a rien à voir avec le formidable et sulfureux peintre du XVIIe siècle. Ce Caravage là est un cheval splendide avec lequel Bartabas se livre au quotidien à un exercice de dressage. Plutôt rasoir quand on ne pratique pas la religion équestre. Premières images : silence, on bande (le cheval). Deuxième plan, quelques notes de piano. Troisième séquence : images du cavalier encapuchonné comme un moine médiéval. Ainsi se succèdent différentes scènes dont les plus colorées sont les chaussettes bariolées d’une palefrenière et les plus sonorisées, celle où on entend un âne braire ou Bartabas engueuler sa monture ou les éclairagistes. Comme le disent les Inrocks, c’est « une histoire entre trois taiseux », le cheval, et les deux… cavaliers (ah, ah !). Si Alain Cavalier a emprunté ce nom, ce n’est pas par amour du canasson, car il n’en a jamais monté, confiait-il au public du ciné TNB.
Alors pourquoi cette élégie à l’art équestre ? Alain Cavalier répond franchement :
J’ai rencontré Bartabas lors d’un festival de cinéma en 1992. Fasciné par son travail, je lui ai demandé si je pouvais venir le filmer. Pour le plaisir. Je ne savais pas ce que je ferais des images. Puis entre 2010 et 2013, je suis venu plus souvent à Aubervilliers, et l’idée d’un film a pris corps.
Ah, il l’avoue ! Il n’y a pas de scénario. C’est le problème de ce ni-film-ni-documentaire, juste une succession d’images de l’intimité d’un homme avec son cheval. Parfois très belles, mais pas autant que l’affiche ! Parfois amusantes, quand on découvre l’usage d’une couche-culotte pour protéger le sabot. Une fois, très éloquente, quand le cheval fonce vers le filmeur et d’un coup de langue masque l’objectif avec pour conséquence, le floutage de l’image. Alain Cavalier qualifie avec justesse son opus de liturgie. Pour ceux qui ne sont pas convertis au culte du centaure, ce rite très codifié est une pénitence.