Jeudi 11 octobre avait lieu au cinéma Arvor (Rennes) l’avant-première du documentaire Le Grand Bal de Lætitia Carton. Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2018 où notre rédaction l’avait chroniqué, le film Le Grand Bal sort en salle le 31 octobre 2018. Allez, dansons !
C’est l’histoire d’un bal. D’un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l’Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore et encore, perdent la notion du temps, bravent leurs fatigues et leur corps. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça pleure, ça chante. Et la vie pulse.
En partenariat avec le Grand Soufflet, c’est dans le cadre des rendez-vous de Clair Obscur que cette projection s’est déroulée à l’Arvor, à Rennes. Suite au film et aux questions posées à la réalisatrice, les spectateurs ont eu l’agréable surprise d’être invités à danser au rythme des instruments de la Chapelotte [voir vidéo ci-dessous]. Exercice auquel ils se sont prêtés avec joie et pour cause, le documentaire de Lætitia Carton produit par SaNoSi Productions avec l’aide d’un financement participatif, invite franchement à entrer dans la ronde.
Hymne à la rencontre des corps et à la transmission
Selon ses propres mots, Lætitia Carton réalise « toujours le même film ». Il s’agit de parler de transmission. C’était transmettre sa familiarité avec le monde des sourds dans J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd. C’est transmettre son goût pour les bals populaires, dans Le Grand Bal. Lors de cet événement hors du commun, les personnes présentes apprennent à danser et dansent jusqu’à l’épuisement durant plus d’une semaine. La cinéaste s’attache à nous faire ressentir la poésie qui habite cet espace-temps particulier.
« C’est l’un des rares lieux où deux corps peuvent se toucher sans gêne », raconte sa voix off, qui berce l’intégralité du film. Celui-ci nous dépeint avec sensibilité la beauté des corps à l’unisson, des mains qui se touchent, des regards qui se croisent. Jouant sur la profondeur et à la fois l’ambiguïté de ces relations essentiellement physiques qui se font et se défont sur les parquets de danse, le film ne manque pas d’humour et la poésie est souvent balancée par la drôlerie des instants de parole captés au sein de l’événement. Via ces instants de vie, le film s’ouvre à un fourmillement de thématiques : les rôles genrés en danse (est-ce toujours à l’homme de mener la danse ?), les relations inter-générationnelles (danser avec des personnes d’un autre âge ?), la place (parfois difficile à trouver) de l’individu dans la foule, etc.
La cinéaste met aussi en lien de rares images du monde rural du milieu du XXe siècle avec les métrages tournés en 2016 au Grand Bal de Gennetines, donnant tout son sens au rôle de transmission que portent de telles rencontres.
« Il existe un autre monde et il se trouve dans celui-là »
Film solaire donc. Un concentré de vie, d’humanité, proposant une flopée de beaux personnages, parmi lesquels : de grands danseurs, des débutants, des jeunes, des moins jeunes, des professeurs de danse, des bénévoles, des musiciens, etc. Nous y rencontrons aussi et surtout la joie jusqu’à l’extase et le blues jusqu’à la mélancolie, délicatement recueillis par les caméras discrètes de l’équipe de tournage.
Plus encore, l’œuvre de Lætitia Carton évoque une forme d’évidence du vivre-ensemble. Comme si les corps humains étaient essentiellement faits pour danser et chanter en cœur jusqu’à l’abattement. Difficile de n’être pas conquis par la simplicité et la profondeur de ce message tant il est habilement serti d’images et de témoignages semblant attester de sa justesse. Difficile de ne pas taper du pied au rythme des mazurkas, valses, bourrées, cercles circassiens et autres musiques et danses présentes dans le film. Difficile donc de ne pas vous recommander d’aller voir Le Grand Bal lors de sa sortie en salle, à la veille de la grande fête celtique des morts… sur une polka du démon ?
Titre : LE GRAND BAL
Par : LAETITIA CARTON
Sortie nationale : 31/10/18
SaNoSi Productions
Soutiens
Procirep-Angoa (aide au développement), Région Nouvelle-Aquitaine (aide au développement et à la production), Ciclic – région Centre-Val de Loire A.E.A.D.T. – Les Grands Bals de l’Europe et tous les contributeurs Kiss kiss bank bank, Région Ile-de-France.
Avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’image animée.
Prix
Lauréat Brouillon d’un rêve
Distribution
Pyramide Distribution
Équipe
Producteur délégué : Jean-Marie Gigon
Directeur de la photo : Karine Aulnette, Prisca Bourgoin, Laetitia Carton, Laurent Coltelloni
Directeur de production : Emmanuel Papin
Monteur : Rodolphe Molla
Son : Nicolas Joly, François Waledisch
Mixeur : Joël Rangon
Monteur son : Virgile van Ginneken
Générique : Eric Delmotte
Photographe de plateau : Véronique Chochon