Le film Les Nouveaux Héros aurait pu devenir la référence des dessins animés des vacances de Noël 2014, mais la stratégie commerciale en a décidé autrement. Produit hybride entre un film Disney et un comic Marvel, ce nouveau produit marketing espère réunir petits et grands…
C’est désormais une constante dans la production hollywoodienne : le film Les Nouveaux Héros met en scène des nerds (voir la définition). On pense légitimement qu’il s’adresse à un public adepte des nouvelles technologies, d’ailleurs plutôt geek que nerds. D’ailleurs, Apple a réussi un discret placement produit sans recourir à son logo – ils sont malins les vendeurs de pomme ! Mais découvrons l’intrigue qui adapte un Comic book (bande dessinée américaine) paru en 1998 chez Marvel comics.
Hiro Hamada, un génie de la robotique, va apprendre à maîtriser et exploiter son talent grâce à son frère, le brillant Tadashi, et à leurs amis GoGo Tamago, accros à l’adrénaline, Wasabi, un maniaque de la propreté, Honey Lemon, une chimiste surdouée, et Fred, un fanboy convaincu. Lorsqu’ils se retrouvent embarqués dans un complot criminel qui menace de détruire la ville de San Fransokyo (une ville hybride entre San Francisco et Tokyo), Hiro se tourne vers son plus proche compagnon, le robot Baymax, et transforme la petite bande en un groupe de superhéros high-tech déterminés à résoudre le mystère et à sauver San Fransokyo
Disons-le d’emblée : les fans de ce comic book en seront pour leur frais. Si Les Nouveaux Héros en est inspiré, c’est avec beaucoup de liberté. Il fallait bien édulcorer une histoire complexe et parfois dure afin de capter le public traditionnel de Disney. L’histoire est donc sans grande surprise, l’efficacité étant davantage la marque de fabrique du studio. Donc de peu d’intérêt ? Non. Notamment pour le public adulte qui a été bercé par une certaine « contre-culture ». Les références aux personnages Marvel sont patentes – que cela soit Iron Man, le Dr Octopus, Magneto ou, encore, Superman. Quant aux fans de mangas, ils trouveront des similitudes marquantes avec le mythique Astroboy d’Osamu Tezuka, voire avec des héros plus contemporains tels ceux de la série Evangelion ou d’Akira (ah, la moto…).
Bien que repris de la série papier, le design de Baymax, le véritable héros du dessin animé, n’est pas, de son côté, sans rappeler la Eve de Wall-E. Les traits ont été adoucis par rapport aux dessins originaux, en faisant un héros « tout mignon » – histoire de s’assurer une confortable rente dans le merchandising jouet ! Hélas, comme souvent dans les récentes productions en image de synthèse, les humains manquent de charisme : c’est le cas du petit génie Hiro comme de ses compagnons. On s’étonnera de la ressemblance de Go-Go avec l’héroïne du récent et réussi Lego Movie… Les costumes des héros sont certes plus réussis, dans la grande tradition Marvel, avec une pointe de second degré assumée.
On restera pourtant dubitatif quant à la vision qu’un enfant de moins de 7 ans pourra se faire de cette histoire parfois sombre et effrayante. Il en va du dessin animé Les Nouveaux Héros comme de la BD Comic, la cible est un public adolescent ou jeune adulte. Succès aidant, il y aura sans doute une suite, laquelle passera encore un peu plus à la lessiveuse les éléments originaux dérangeants et anxiogènes.
Reste que les Nouveaux Héros est un bon film, mais inférieur aux classiques Disney ou Marvel. Et en parlant de Marvel, sachez que le réalisateur Stan Lee se cache dans le film à la manière de Hithcock dans les siens…