Fleurs et ânes d’armor est une entreprise innovante qui produit et vend des plantes et élève des ânes et moutons dans les Côtes d’Armor à Plénée-Jugon. La particularité de cette belle entreprise ? Elle a été créée en 2016 par Alan Ripaud, alors âgé d’une vingtaine d’années, atteint d’un léger trouble du spectre autistique anciennement appelé syndrome d’Asperger. Relevant le défi d’être le premier et l’un des seuls chefs d’entreprise autistes en France, Alan Ripaud vend depuis 6 ans ses fleurs et, ainsi, partage sa passion pour ces “plantes atypiques comme /lui/” : les plantes carnivores. Rencontre.
Alan a 7 ans quand il se prend de passion pour les fleurs et débute une collection qu’il développe, étoffe et étudie auprès de jardinerie, ou pour les espèces plus rares chez des pépiniéristes, spécialistes de fleurs. Un jour, il reçoit une serre et commence à agrandir sa collection. Rapidement, un type de fleur le passionne plus que les autres : les fleurs carnivores. « J’étais attiré par leurs formes, leurs beautés atypiques, leurs intelligences primaires », explique le jeune homme.
Proche du burn out scolaire, Alan, atteint d’un trouble du spectre autistique, se sent bien à leur contact, compris et à sa place. L’innocence sauvage de ses plantes le fascine dans leur ruse à capturer les insectes. La vie de ces fleurs est riche et observable de suite. Comme La Dionée attrape mouche, explique-t-il, qui à l’aide d’un piège à mâchoires, se referme en une seconde sur l’insecte, la Drosera qui englue quant à elle ses feuilles où les insectes se posent et s’enlisent ou encore la Sarracenia qui attire ses proies dans un entonnoir végétal où elles tombent et sont digérées.
« Un jour, j’ai été invité chez une ancienne professeure à qui j’ai offert une de mes plantes. Elle l’a trouvé très réussie et m’a poussé à en vendre au lycée. Ça a eu un vif succès et l’idée de l’entreprise est apparue. » Bon élève mais épuisé par un système scolaire inadapté, Alan prend la décision d’arrêter là ses études et de se lancer dans sa passion de toujours, les plantes carnivores, épaulé par d’anciens professeurs et sa mère. Entre 2014 et 2016, Alan et sa mère recherchent un terrain où il cultivera ses plantes et où ils élèveront des ânes. Fin 2015, le terrain est trouvé et Fleurs et ânes d’Armor se développe avec des fonds participatifs. Dans ce système où il est son seul employeur, Alan s’épanouit enfin et sert désormais d’exemple pour les personnes autistes.
Premier chef d’entreprise atteint d’autisme léger, Alan est illustration du fait que le diagnostic d’autisme de l’enfant ne sonne pas le glas de son avenir. « Je conseille souvent aux familles concernées qui viennent me voir de s’intéresser aux intérêts particuliers de leurs enfants. C’est peut-être une future voie professionnelle », explique-t-il. À Fleurs et Ânes d’Armor, ils y cultivent et vendent des plantes et accueillent des personnes et stagiaires, parfois eux-mêmes porteurs de handicap, dans le but de les former au métier de pépiniériste. Souvent, Alan clôt la visite de groupe par une rencontre avec son âne et ses moutons. « Nous ne sommes pas dans une vraie optique de thérapie, mais le contact avec les animaux procure souvent un bien être bienvenu. »
Depuis 6 ans que l’entreprise a commencé, les clients rencontrés au terrain ou lors des marchés aux plantes se fidélisent et reviennent pour acheter ou demander conseil pour prendre soin d’une de leurs plantes carnivores. Globalement la plante peut vivre en appartement comme en terre, les seules contraintes étant le besoin permanent d’humidité de la plante, son grand besoin de soleil et d’une tourbe blanche, terre pauvre et acide. Si ces conditions sont réunies, tout acheteur peut profiter longtemps de ces fleurs surprenantes à la beauté sauvage et ainsi partager un peu la passion d’Alan.
Fleurs et ânes d’Armor, une entreprise ensoleillée à visiter tous les jours de 14h à 19h à Plénée-Jugon (22640) !