« Ici bat le cœur de la Bretagne, ici bat le cœur de la France, » a proclamé François Bayrou, candidat à la présidentielle, mardi 10 avril, au Liberté, à Rennes. En terre bretonne, le Béarnais a touché les cœurs et promu la Bretagne. « On ferait bien de réfléchir au modèle breton, » a-t-il ajouté. Mais le candidat n’a pas eu besoin d’agiter trop longtemps la fibre bretonne pour convaincre son auditoire. En terrain conquis, il a eu à loisir le temps de dérouler sa vision de la crise. « Elle est de la responsabilité de ceux qui gouvernent. Ils ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas au courant.»
Contre ceux qui emmènent le pays dans le mauvais chemin, François Bayrou veut tracer la route et ne pas « accepter l’inacceptable » pour la France. « Je veux sauver et protéger le modèle français, aujourd’hui en péril. (…) Malheureusement, tous les sujets sont évités, tous les sujets qui tiennent au chômage, à la crise….Je dis au contraire que le chômage est une tragédie personnelle, familiale et nationale. »
Contre la fatalité ambiante, François Bayrou propose une France solidaire, une France qui produit français ; une France qui, depuis 2005, a perdu du terrain face aux autres pays européens… « Renault a divisé par trois sa production tandis que Volkswagen l’a multipliée par deux, » a-t-il précisé. « Je pourrais malheureusement citer d’autres exemples. »
« On ferait bien de réfléchir au modèle breton »
On est visiblement là au cœur de son programme : produire en France. Mais cette politique ne serait rien sans l’autonomie des collectivités locales et la promotion de l’école républicaine. Un dernier sujet qui, au passage, lui a permis de tacler son rival de gauche, François Hollande. « Je ne crois pas au recrutement de 60 000 personnes dans l’Éducation nationale. Car comment vous voulez vous qu’il le fasse alors que l’an passé, on n’a pas réussi à recruter 8000 personnes… »
L’attaque est rude… Mais elle l’est encore plus quand il évoque la moralisation de la vie publique… « Il y a des années que, sur ce sujet, les partis politiques expliquent qu’ils vont faire quelque chose et qu’ils disent : Demain, on rase gratis… » Contrairement à leurs promesses, François Bayrou tape fort. Il propose le non-cumul du mandat de député avec des mandats locaux, la transparence des votes à l’Assemblée nationale, la validité du vote blanc, la nomination des présidents des télévisions par un haut conseil garantissant la pluralité des opinions, le retour de l’Etat impartial dans la nomination des hauts fonctionnaires… Tout un programme qui serait une manière pour lui de rétablir la confiance des citoyens à l’égard des élus.
« Il y a ceux et celles qui ne savent pas pour quel candidat ils vont voter, celles et ceux qui savent et celles qui viennent ici en curieux, » a expliqué Grégoire Le Blond, maire de Chantepie, juste avant le discours de François Bayrou. En s’adressant à tous, le jeune maire cantelopien attendait de leur part une écoute attentive et un regard pour « un homme, un parcours, une vision, et une rencontre avec le peuple ».
« Notre candidat porte un projet crédible, avec des convictions fortes, » a ajouté Bruno Joncour, maire de Saint-Brieuc. « François reconnaît ceux qui sont attachés dans leur territoire, leur terre et leur langue. Il est un idéal de confiance et d’espérance. » Une position partagée par Jean Arthuis, président du conseil général de la Mayenne qui voit en François Bayrou un candidat tourné vers le plein emploi et le pouvoir d’achat. « Il a fait le chemin de la vérité, en dehors des discours convenus. » Seul Pierre Méhaignerie (homme du centre) manquerait au tableau. « Pour l’instant, » a précisé François Bayrou.