Gaz de schiste > Une usine qui fait pschit ! (ter)

Mise à jour du 1er octobre. Le gouvernement s’apprête à abroger les permis d’exploration de gaz de schiste de Total à Montélimar et de la compagnie américaine Schuepbach en Ardèche et dans le Larzac.
Le groupe Total a confirmé lundi 12 septembre poursuivre ses recherches en vue de l’exploitation des gaz de schistes en France. S’engageant à ne pas avoir recours à la technique de fracturation hydraulique interdite par le gouvernement en juillet dernier, le groupe pétrolier n’a pour l’instant pas évoqué de solutions alternatives.

Les six mois de mobilisation, emmenée par des dizaines de milliers de citoyens vent debout contre les gaz et pétrole de schiste – une énergie perçue comme une menace pour leur environnement et leur santé et directement délétère pour le climat – auront accouché en juillet dernier d’une loi qui ne règle… rien ! Il s’agissait surtout d’éteindre l’incendie médiatique d’urgence et le dossier des gaz de schiste connaîtra d’autres batailles. Car les sociétés pétrolières, qui détiennent toujours des permis d’explorer, comptent bien forer, encouragées par des politiques qui ne veulent pas insulter l’avenir.

C’est pourquoi nous avons voulu écrire – et vite ! – un livre sur les gaz de schiste. Ecrire et publier dès cette rentrée afin que nos concitoyens sachent comment cette affaire s’était déroulée et surtout pourquoi elle nous concerne tous et toutes aujourd’hui. Comment les grands corps d’Etat, habitués à confisquer le débat sur l’énergie depuis un demi-siècle avaient tout prévu…sauf le soulèvement des populations, bien sûr. Comment l’exploitation des gaz et pétrole de schiste constitue bien un danger pour l’environnement et pour la santé des populations. Comment l’exploitation de ces ressources d’hydrocarbures « non conventionnels » amplifierait le réchauffement climatique…alors qu’il est plus urgent que jamais d’agir pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Comment, enfin, les projets pharaoniques se multipliant, cette question se pose à l’échelle planétaire.

Mais, surtout, nous avons voulu avec ce livre œuvrer, à côté d’autres, pour qu’un vrai débat sur l’énergie s’ouvre enfin en France. La double perspective de la diminution rapide des ressources fossiles et d’un réchauffement climatique galopant plaide pour l’urgence de ce débat. Mais ne nous leurrons pas : l’énergie est et demeure un sujet tabou en France. Les débats sur l’énergie ont depuis toujours été escamotés par des élites adeptes de solutions technologiques supposées sans danger comme le nucléaire.

Né au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le programme nucléaire français a ainsi été depuis l’origine la chasse gardée des ministères de la Recherche et de la Défense. Le corps des Mines contrôle ces questions, présidant aux destinées des plus grandes entreprises énergétiques (EDF, Total, GDS Suez ou encore du Commissariat à l’Energie Atomique !) ou oeuvrant dans les ministères.Ainsi, c’est bien un « Mineur » qui, en sa qualité de directeur de l’énergie et du climat au ministère de l’Ecologie, a signé les permis d’exploration de gaz de schiste en mars 2010. C’est aussi au même corps des Mines que les ministres en charge de l’écologie et de l’énergie ont commandé un rapport consacré aux « Hydrocarbures de roche mère en France » (dont la version définitive n’a toujours pas été rendue !!)… Et c’est encore à ces « Mineurs » que reviendra la lourde tâche d’évaluer les dossiers techniques que devront présenter, à la mi-septembre, les titulaires des permis d’explorer. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !

Dans ce contexte, le livre plaide donc pour qu’enfin, ce nécessaire débat démocratique sur la politique énergétique de demain ait bien lieu, car il concerne les citoyens d’aujourd’hui comme les générations futures.

Signe des temps, il faut que vous sachiez que Julien Balkany, demi-frère de Patrick Balkany et, depuis peu, ancien vice-président non-exécutif de la société Toréador (titulaire d’un permis d’exploration de pétrole de schiste dans le bassin de Paris) a fait pression sur l’éditeur et les auteurs de ce livre : il nous menace de poursuites en diffamation.

Des menaces « préventives », puisque formulées sans avoir même lu le livre ! L’intimidation est une arme, mais nous n’avons rien modifié à notre texte suite à ces pressions inacceptables. Nous pensons que la liberté d’expression et la liberté de la presse ne sont pas solubles dans les hydrocarbures, fussent ils « non conventionnels » !

Cet article de François Veillerette (JNE), porte-parole de Générations Futures, et Marine Jobert, journaliste indépendante, n’engage que ses auteurs. Ces derniers viennent de publier Le vrai scandale des gaz de schiste (Editions Les Liens qui Libèrent).

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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