Gisèle Pelicot : une flamme contre le viol consacrée par le Prix Liberté Normandie 2025

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ras le viol

Le Zénith de Caen s’est levé, mardi 3 juin 2025. Debout, ému, le silence profond de plus de 4 000 lycéens, venus de toute la Normandie et de dizaines de pays, a cédé à une longue ovation. Au cœur de cette marée de jeunesse, un homme, les larmes aux yeux : Florian, le fils de Gisèle Pelicot. C’est lui qui, au nom de sa mère, est venu recevoir le Prix Liberté Normandie 2025, décerné cette année à une figure devenue planétaire dans le combat contre les violences sexuelles.

Le parcours de Gisèle Pelicot est celui d’une femme qui n’avait pas choisi de devenir un symbole. En 2024, le procès des viols collectifs de Mazan — un drame aux allures de séisme judiciaire — fait irruption dans sa vie. Cinquante et un accusés, des faits d’une brutalité absolue, des silences longtemps couverts. Gisèle Pelicot, victime parmi d’autres, a choisi de se lever, de témoigner et de porter la parole de celles et ceux que l’on avait voulu effacer. Sa dignité, sa précision, sa force sans haine ont marqué l’audience et bien au-delà. Les caméras ont relayé son courage, et son nom est devenu celui d’un espoir pour des milliers de survivant.e.s de violences sexuelles à travers le monde.

Le Prix Liberté Normandie, remis chaque année depuis 2019 sous l’égide de la Région Normandie, distingue des personnalités engagées pour les droits humains et les libertés fondamentales. Cette année, plus de 10 000 jeunes, issus de 84 pays, ont désigné Gisèle Pelicot. Un choix fort, sans ambiguïté. Face aux violences sexuelles systémiques, à la banalisation du viol, aux lois encore insuffisantes ou inappliquées dans tant de pays, son engagement devient universel. Sur scène, le fils de Gisèle a simplement murmuré ces mots, bouleversants dans leur simplicité : « Maman, je t’aime. » Et le Zénith s’est levé une seconde fois.

Prix Liberté Normandie

Le combat de Gisèle Pelicot s’inscrit dans un mouvement mondial de libération de la parole et de reconquête de la dignité. « Le Prix Liberté nous rappelle que ce n’est pas uniquement l’histoire d’une femme, mais celle de toutes celles et ceux qui osent briser le silence », ont souligné les organisateurs. En Normandie, cette terre de mémoire où la liberté a tant de fois été reconquise au prix du sang, l’hommage prend un relief particulier.

Gisèle Pelicot n’a pu être présente ce jour-là, épuisée par un engagement sans relâche. Mais son absence physique n’a fait qu’intensifier la présence de son message : celui d’une résistance contre l’effacement des victimes, d’un combat quotidien contre la culture du viol, d’une exigence de justice et d’écoute. Le Prix Liberté 2025, en honorant son nom, adresse un message limpide : chaque voix compte. Et non, le corps des femmes n’est à la disposition de personne, et la société ne peut plus être régie par des hommes dominateurs et violents.

Le Prix Liberté Normandie

Créé en 2019 par la Région Normandie, le Prix Liberté distingue chaque année une personnalité ou une organisation œuvrant pour la liberté et les droits humains dans le monde. Ce prix, profondément ancré dans l’héritage de la Seconde Guerre mondiale et du Débarquement, est attribué par des jeunes de 15 à 25 ans, issus de dizaines de pays. Après une sélection internationale, ce sont eux qui votent et désignent le ou la lauréat(e). Le Prix Liberté se veut un levier d’éducation à la paix, un hommage aux résistances d’hier et aux combats d’aujourd’hui. Parmi les précédents lauréats : Greta Thunberg (2019), Loujain Al-Hathloul (2020), Sonita Alizadeh (2021), SOS Méditerranée (2022), et Narges Mohammadi (2023).