Céline Pageot et Anne-Hélène Sero ont le projet d’ouvrir une école d’un nouveau genre en plein cœur de Rennes. Les deux femmes ont la volonté de favoriser l’union entre l’Homme et la nature dès le plus jeune âge. Les enfants de 3 à 11 ans pourront étudier les matières fondamentales ainsi que d’autres enseignements axés sur l’environnement et les arts. Les classes seront ouvertes aux enfants en situation de handicap pour encourager l’inclusion. Les enfants pourront avancer à leur propre rythme afin que l’école s’adapte à leur besoin et non l’inverse.
Cela fait 15 ans que Céline Pageot et Anne-Hélène Sero se connaissent. De cette longue amitié a découlé le projet commun de créer une structure d’accueil inclusive et conviviale. Un endroit qui pourrait être un lieu d’apprentissage et de rencontre pour les enfants ainsi que les parents. Les deux femmes avaient déjà travaillé ensemble dans la structure associative rennaise Loisirs Pluriel qui aménage des centres de loisirs pour enfants en situation de handicap. « Graines de joie ce n’est pas qu’une école. Cependant, nous avons choisi de nous focaliser sur la partie éducative pour l’instant. Au deuxième semestre de l’année 2021, nous aimerions ouvrir un lieu chaleureux pour les familles que nous appellerons la place du village. Nous y proposerons du répit, des conférences ainsi que des expositions. »
L’idée d’ouvrir une école alternative a germé dans l’esprit de Céline Pageot il y a déjà 30 ans. Alors qu’elle n’a que 7 ans, elle imagine une école en cohérence avec les besoins de chacun. Pour nourrir concrètement son projet pédagogique, Céline Pageot se lance la même année dans un tour de France des écoles alternatives. Pendant 6 mois, elle traversera la Bretagne, l’Alsace, l’Île de France et l’Auvergne Rhône Alpes à la recherche d’actes et de rencontres inspirantes. « C’était un rêve d’enfant. Je me rappelle très bien avoir dit à mes parents qu’un jour je créerai une école où tout le monde aura sa place. J’étais moi-même en échec scolaire et dans notre fratrie, nous sommes tous dyslexiques. J’ai eu un parcours scolaire très atypique, mais mes difficultés scolaires n’ont jamais empêché mon épanouissement personnel. C’est vraiment lorsque j’ai eu des enfants que ce désir a refait surface. Nous avions le choix de mettre notre fils dans une école alternative qui a fermé en plein milieu de l’année scolaire. C’est alors que j’ai repensé à mon rêve et j’ai décidé de me lancer avec la création de l’association Graines de joie en février 2018. »
Cela fait maintenant 3 ans que le duo engagé travaille à la création de l’école Graines de joie. Cette école se situera en pleine nature rennaise pour permettre aux enfants de se développer dans un espace apaisant. La cour de récréation deviendra un terrain de jeu infini et changeant au gré des saisons. L’école sera divisée en 2 classes de multi-niveaux : un jardin d’enfants de 20 enfants âgés de 3 à 6 ans et une classe de primaire de 20 enfants âgés de 6 à 11 ans. « Nous avons rencontré les élus de la ville de Rennes au mois de février. Ils nous ont alors accordé leur soutien dans la mise en place de l’école. À l’heure actuelle nous sommes à la recherche d’un local pour lequel nous avons émis des souhaits avec des intentions précises. Il faut qu’il y ait de la nature et surtout pas de bitume, sans pour autant que nous soyons isolés du reste de la ville. C’est vraiment important que le projet fasse sens et reste cohérent avec nos principes. »
La nature sera au cœur des enseignements de l’école inspirés par les pédagogies éducatives de Montessori, Steiner-Waldorf et Freinet. Ces modèles alternatifs veulent aller plus loin que les apprentissages académiques en favorisant le développement personnel de l’enfant. Les élèves apprendront les matières classiques : mathématiques, français, sciences, histoire et géographie comme c’est le cas dans un établissement “conventionnel”. À ces matières fondamentales, s’ajouteront des enseignements autour des langues vivantes, des arts plastiques, des techniques de tissage, de l’apprentissage de la permaculture et de la musique. Reflets de la philosophie de l’école, ces choix pédagogiques auront pour objectif de développer le vivre-ensemble, favoriser l’autonomie et la confiance en soi. « Chaque enfant a des compétences, un potentiel, il faut juste créer les bonnes conditions en construisant un cadre sécurisant, bienveillant, valorisant et à l’écoute de son rythme et de ses besoins pour qu’il puisse les développer. »
Les enfants seront encadrés par une équipe pédagogique expérimentée et à l’écoute. Cette équipe sera composée de deux enseignants, un éducateur de jeunes enfants, un éducateur spécialisé, une éducatrice à l’environnement et de deux jeunes en service civique formés aux multi-pédagogies. L’école compte déjà 10 inscriptions pour la rentrée de septembre. Les frais de scolarité seront entre 300 et 350 euros par enfant et par mois. « Nous sommes en cours de montage financier, ce montant mensuel est encore une fourchette approximative. Ce sera peut-être un peu moins, mais nous tenons à ne pas dépasser ce prix. L’idée serait de pouvoir proposer à terme une tarification en fonction des revenus familiaux une fois que nos fonds financiers le permettront. Les écoles alternatives ne reçoivent aucune aide de l’Éducation Nationale sauf après 7 ou 8 ans d’expérience. Nous devons en priorité veiller à la stabilité de la structure sans mettre en péril la scolarité des enfants ni les revenus de l’équipe. »
Afin de permettre l’ouverture de l’école pour une rentrée en septembre 2021, l ‘équipe associative a lancé une campagne de financement participatif jusqu’au 15 mars. La campagne a déjà atteint 66% de son objectif. Sur les 10 000 euros espérés, ils ont collecté au total 6 786 euros. Les dons pourront permettre le financement du matériel pédagogique, du local qui accueillera l’école, des équipements en permaculture ainsi que la possibilité de créer des places et des classes supplémentaires. « Le crowdfunding a déclenché une vague de soutien qui s’est intensifié au cours des dernières semaines. On nous a fait don d’un piano ainsi que des armoires pour l’école. Au-delà du projet, c’est vraiment une expérience magnifique et humainement superbe. »