Voilà Le Grand bal de Laetitia Carton. France 1h40. Sélection officielle, Cinéma de la Plage. Vu salle du 60ème le 8 mai 2018. Dans ces « notes d’un festivalier », Antoine Glémain propose aux lecteurs d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur diverses sélections de films projetés au festival de Cannes 2018.
Le grand bal est un documentaire sur un grand bal tradi qui réunit chaque été pendant une semaine plus de 2000 personnes dans un petit village d’Auvergne. Des corps qui dansent : cela suffit depuis longtemps pour justifier l’existence d’un film. Celui-ci est modeste, tendre, gracieux et à la longue enivrant, si l’on accepte de se laisser guider par son mouvement. La réalisatrice du Grand bal, Laetitia Carton, témoigne des mêmes qualités que dans ses deux précédents films, Edmond, un portrait de Baudoin et J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd. Elle a une manière bien à elle de construire son film en utilisant à petites touches les images d’archives, les silences et une voix off tout à fait singulière – toutes choses qui ne vont pas de soi dans l’art du documentaire.
Synopsis du Grand bal par Lætitia Carton
« C’est l’histoire d’un bal. Un grand bal.
Dans le bocage bourbonnais, au mois de juillet, depuis plus de 27 ans, qu’il pleuve, qu’il gadouille, qu’il vente ou sous le soleil, on y danse, on y danse, pendant sept jours et sept nuits.
Tous en rond, nous sommes plus de deux mille, toutes générations confondues, du nourrisson à l’octogénaire. On y parle aussi plusieurs langues. On vient de partout. Ça tourne, ça virevolte, ça piétine, ça transe, ça transpire, ça rit, ça pleure, ça chante, ça joue, ça suinte, ça vit.
J’y danse aussi.
Mais cette année je vais aussi y faire un film. Tenter de partager, rendre visible ce tourbillon pour qui ne le connaît pas. Le film aussi comme un tourbillon.
Danser, danser, tenir, manger, danser, danser, danser, dormir, danser, danser, écouter son corps, sa fatigue, boire, danser, ne rien louper, des fois que ce soit mieux encore alors qu’on est parti se coucher, danser, se rencontrer.
Filmer les regards, les échanges, le « entre », la communauté, la somme de ses singularités, le mouvement balbutiant, naissant, l’agilité, la simplicité des expérimentés, les lâcher-prises, les libertés que l‘on prend, la folie douce, la grande humanité qui défile, la joie qui illumine les visages, les attentes sur les chaises, l’amour qui naît, la fatigue qui tombe, les liens qui resserrent et font tenir debout.
Donner à voir comme c’est différent, quand on ose enfin se toucher, quand on se regarde, quand on vit ensemble. Et que la vie pulse. »
Producteur délégué : Jean-Marie Gigon
Directeur de la photo : Karine Aulnette, Prisca Bourgoin, Laetitia Carton, Laurent Coltelloni
Directeur de production : Emmanuel Papin
Monteur : Rodolphe Molla
Son : Nicolas Joly, François Waledisch
Mixeur : Joël Rangon
Monteur son : Virgile van Ginneken
Générique : Eric Delmotte
Photographe de plateau : Véronique Chochon