Au Grand Palais Niki de Saint Phalle est au cœur d’une rétrospective percutante et déchirante. Féministe énergique, la plasticienne française décédée en 2002 aura vécu une existence aussi tourmentée que la série d’œuvres qu’elle laisse à la postérité. Exposition consacrée à une plasticienne, peintre, sculptrice et réalisatrice de films. Du 17 septembre 2014 au 02 février 2015.
Tu es un jardin verrouillé, ma sœur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée ! (Cantiques des cantiques)


Violée régulièrement par son daddy, son père, cet inceste laisse une marque au fer rouge dans sa chair, dans son âme et dans son esprit. Un fardeau dont elle ne se débarrassera jamais, même si elle s’emploie à l’alléger. Voilà que la douleur profonde se traduit en sculptures gigantesques où le ludique et le torturé se conjuguent intimement. Les couleurs acidulées adoucissent les formes plus éprouvantes d’un totémisme saignant.

Dans une scénographie exemplaire, le visiteur déambule au Grand Palais dans un labyrinthe de sucreries où la couleur se fait nappe d’émotion et les formes aspiration à une immano-transcendance, un temple intérieur aux murs scellés extérieurement et qui renferme le secret de la vie et de la mort. Son œuvre intitulé le Mur de la Rage fait figure de Cri déchiré et déchirant – un anti-hymen. Quant aux courts-métrages saupoudrés tout au long de la visite, ils complètent l’exploration de la femme et de son œuvre.

Mais mon amant avance la main par le trou, et mon ventre s’en émeut. Moi, je me lève moi-même pour ouvrir à mon amant ! Et mes mains ruissellent de myrrhe, mes doigts de myrrhe fluide, sur les paumelles du verrou. J’ouvre moi-même à mon amant ! (Cantiques des cantiques, trad libre : Nicolas Roberti)
David Norgeot et Nicolas Roberti

