Prendre l’avion sans polluer et décarboner le ciel ? C’est le pari de la start-up bretonne Green Aerolease et de son fondateur Charles Cabillic. Depuis 2021, le leader européen de la location d’avions électriques de loisir et de formation, propose des avions certifiés électriques.
Le président de la République Emmanuel Macron appelait le jeudi 11 mai 2023 à une « pause » dans la réglementation environnementale européenne. La veille, le gouvernement français subissait un rappel à l’ordre du Conseil d’État qui exigeait qu’il rende des comptes quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, estimant que de nouvelles mesures étaient nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. La raison : la réponse de la France au dérèglement climatique « progresse mais reste insuffisante » depuis sa condamnation pour « inaction climatique » en juillet 2021. Pendant ce temps, les initiatives à petite et grande échelles se développent sur le territoire français afin de réduire notre empreinte carbone et notre impact sur la planète. Parmi elles, la société Green Aerolase fondée en 2021 par le Breton Charles Cabillic, ancien centralien passé par Arkéa, groupe de bancassurance coopératif et mutualiste en France. Le but : développer une aviation plus respectueuse de l’environnement par le moyen des avions Velis Electro, engins électriques de loisir et de formation.
Le Velis Electro a été développé par le constructeur slovène Pipistrel, spécialisé dans la conception et la production d’avions légers économes. En juin 2020, il devient le premier avion 100 % électrique au monde à être certifié par l’Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) et donc commercialisé. Trois fois plus silencieux qu’un avion à essence, ce biplace destiné à la formation des pilotes n’émet aucun gaz à effet de serre et a pour but de révolutionner les écoles et aéroclubs dans le cadre de leur transition environnementale.
La durée du voyage est pour l’instant limitée à 1h d’autonomie et l’engin se recharge en environ 40 minutes. Le coût en électricité d’une heure de vol est estimé entre deux et trois euros. À ce sujet, l’avion léger monomoteur électrique avait fait l’objet d’une controverse début juin 2021. Parmi les arguments négatifs, les membres des aéroclubs avaient souligné que leur facture électrique augmenterait considérablement, ce à quoi les partisans de Velis avait répondu que « la consommation d’électricité est compensée par l’économie en carburant et la maintenance moindre sur le Velis ».
Du côté de Green Aerolease, la Banque des Territoires, aux côtés d’investisseurs privés, a réuni 12 millions € pour permettre à l’entreprise de se préparer aux vols commerciaux. La transition écologique et la décarbonation de l’industrie et des transports faisant partie de sa feuille de route, elle devient ainsi un actionnaire minoritaire. Actuellement, Green Aerolase possède une trentaine de Velis Electro et, d’ici 2024, Green Aerolase souhaite agrandir sa flotte avec 70 appareils.
Les vols longue distance à bord d’avions électriques relèvent encore de l’utopie, mais cette nouvelle invention peut représenter une première étape vers le transport décarboné. Cependant, la pollution d’un Velis (notamment due à sa fabrication) étant comparable à celle d’un avion à essence, l’enjeu d’une alternative plus écologique en terme d’aviation se trouve également dans le changement des usages même, à l’instar des voitures électriques.