Rennes. Guadal Tejaz, le rendez-vous rock en terre inconnue

Guadal Tejaz fait figure d’ovni dans le paysage rock breton actuel. Le quatuor, tel une préparation hallucinogène d’Amérique du Sud, nous fait voyager depuis quelques années dans un univers psychédélique aux inspirations mésoaméricaines. La rédaction avait rencontré les membres à la sortie de leur concert au festival Art Rock en juillet 2022, à Saint-Brieuc. L’occasion était trop belle pour ne pas faire une rétrospective des aventures de ce groupe post-punk du cru et en pleine ascension… Retrouvez Guadal Tejaz, jeudi 11 avril 2024 au Diapason de l’université de Rennes 1 dans le cadre du festival Un des sens, pour un voyage musical dans des contrées rock comme on les aime.

Guadal Tejaz, c’est la réunion de quatre copains avec chacun leur spécificité : Théo à la basse et au synthé, Hugo aux percussions et Coco armé de sa guitare et de sa basse envoûtante. De ces instrumentales profondes et complexes émerge la voix puissamment habitée du chanteur et guitariste Morgan. Après avoir installé son studio à Rennes, le groupe accompagné par les Transmusicales ne cesse de s’imposer sur le devant de la scène grâce à ses boucles répétitives et ses mélodies post-punk / psyché pénétrantes et parfois teintées d’ésotérisme. C’est à l’Antipode, samedi 15 octobre 2022, que vous retrouverez ce cocktail explosif.

C’est en 2015 que débute le voyage Guadal Tejaz. Dès la genèse du groupe, on retrouve cette envie, ce désir inaliénable de faire de la musique ensemble. Les débuts se font sous la forme d’un rock psyché inspiré des Black Angels ou du Brian Jonestown Massacre. Un premier EP, Gone with JJ sorti sur Not On Label, est réalisé en 2018 à l’Abri 101, une structure qui accompagne les groupes sur les différentes étapes de production de leurs œuvres sonores – répétitions, résidence et enregistrement d’EP.

L’année est par la suite marquée par une longue période d’improvisation, notamment à Paris par l’intermédiaire de l’Espace B. Pour Guadal, c’est l’occasion de côtoyer d’autres groupes et de véritablement partager musicalement. C’est à ce moment qu’ils font une rencontre qui sera marquante eux : celle du groupe lyonnais Ashinoa, devenu des amis avec qui ils réalisent fréquemment des collaborations.

Suit 2019, une année charnière. Partis à cinq à l’assaut des rythmes et des ambiances avant qu’Erwann ne décide de quitter le navire pour explorer d’autres contrées, le groupe continue à quatre au gré des rencontres, fêtes et études supérieures au sein de la métropole rennaise. « C’est à ce moment [au départ d’Erwann] que notre son a vraiment évolué », explique Théo. « Nous sommes partis sur quelque chose de différent avec des morceaux plus longs, des accents plus garage, krautrock, punk, voire cold wave. » Aux sonorités rock piquantes s’ajoute une sensibilité particulière pour les cultures aztèque et maya qui provient, comme le confie le bassiste, d’une passion de Morgan, le chanteur. Retranscrire au cœur de leur musique ces accents, ce mysticisme propre à ces civilisations, se révèle la raison d’être du groupe, le défi à relever pour Guadal Tejaz. « Notre atout est que nous représentons un créneau qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. On s’est inspiré du côté quasi spirituel du psychédélique et aussi de l’ayahuasca pour créer cette mixture made in Guadal Tejaz. »

Pour leur deuxième EP Cóatlipoca sorti la même année, le groupe a travaillé avec Paul Moreau du label Crème Brûlée Records à Dinan. « L’EP a été enregistré à la ferme de Quincé où l’asso organisait des concerts ou du théâtre. Jean Guillaume, l’ingé son a ramené son matos et, là encore, une grosse rencontre ! » La résidence à Quincé a donné lieu à une collaboration avec From Town to Town, une association organisatrice de soirées concerts. Cette « belle année 2019 » a vu Guadal répondre présent au Binic Festival avant de faire un passage à Visions #777 dans la foulée. Le concert à La Cigale le 9 octobre, véritable consécration, a permis de clôturer l’année de la plus belle des manières. Rien ne semble arrêter le groupe en pleine ascension puisqu’en 2020, il bénéficie du dispositif d’accompagnement des Transmusicales. Le festival, annulé en 2020 en raison de la pandémie, a finalement accueilli le quatuor sur la scène du hall 3 pour un concert fiévreux et énergique en décembre 2021.

À la suite d’une scène avec le groupe toulousain Slift, Guadal a été mis en relation avec Hélène Menier, qui devient leur tourneuse. C’est également à ce moment qu’ils signent chez AFX, agence installée à Lyon, ville qu’ils connaissent pour y avoir déjà joué deux fois. Cette « professionnalisation » a permis au groupe de bénéficier de nouvelles méthodes de travail et bientôt, d’un statut d’intermittents.

C’est au cours de leur tournée des festivals 2022 que la rédaction a pu échanger avec Théo, à la basse et au synthé. « C’était un sacré moment, un mélange de plein de choses. On était programmé il y a deux ans, mais ça a été annulé pour cause de covid », raconte-t-il. « On a vécu ce concert comme une sorte de revanche. » Le groupe possède en effet un lien étroit et amusant avec Art Rock, où il semble jouer à domicile puisque Théo y a effectué son service civique. Morgan et Thomas (leur ingé son) ont quant à eux réalisé des missions en ingénierie du son ou en montage et démontage des infrastructures, avant leur carrière musicale. « C’était une vraie fierté d’y jouer et d’avoir la confiance des programmateurs, mais aussi du public. Nous avons eu de bons retours et nous allons débriefer cet été un peu fou ensemble. » La saison estivale 2022 n’a pas été de tout repos. Avec le Festival Au Fond de la rue, Bobital, Fusion festival à Berlin ou encore Rock in the Béarn, Guadal Tejaz a beaucoup tourné et la rentrée s’annonce elle aussi productive.

« Depuis toutes ces années, on a eu une chance inouïe : passer de faire de la musique entre copains à ce qu’on est maintenant c’es fou. On nous donne accès à des opportunités hallucinantes que nous comptons bien saisir. »

Crédit photo : Nico M

Leur album Noche Triste ne tardera pas à sortir du four, le 15 octobre 2022, toujours chez Crème Brûlée Records et soutenu comme le précédent par la Nef D Fous. En avant-goût du nouveau cocktail musical concocté par le groupe, le clip « Yollotl » vient tout juste de paraître, aussi psyché qu’étonnant, et parfaitement à l’image de leur musique.

Ce nouveau projet est une nouvelle fois l’occasion de faire muter leur production musicale grâce à l’intégration de synthétiseurs ou de boîtes à rythmes. « Il s’agit de morceaux plus courts, de 3 à 4 minutes, froids et dansants. La vibe psyché à façade trans est de nouveau au rendez-vous de ce mic mac rock qui nous est spécifique », précise Théo. « Pour parvenir à ce résultat, on a enregistré au studio rennais Maison Carmin spécialisé dans la musique de pubs, films, clips ou jeux-vidéos. Ça a été une expérience de création dingue et Gauthier Balzan nous a montré une nouvelle facette du mix. On a hâte de monter sur scène, de défendre l’album. » Que dire de plus si ce n’est : Rendez-vous samedi 15 octobre 2022 à l’Antipode pour fêter la sortie de Noche Triste et déguster le son explosif que Guadal Tejaz nous a mijotés ! À consommer sans modération bien sûr.

Billetterie de l’Antipode

Facebook

Bandcamp

Article précédentRennes. Dégourdi[e], des sacs à gourdes éco-reponsables
Article suivantExpo photo à Rennes. La Muralla Roja ou Claire Huteau et le rêve emmuré

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici