Après Là-Batz, premier roman très remarqué inspiré de son installation sur l’île de Batz, Guénaëlle Baily-Daujon poursuit son exploration sensible de ce lieu si singulier avec Le Jardin de Georges. Dans ce nouveau livre, elle choisit de raconter l’histoire du créateur du célèbre jardin botanique de l’île, Georges Delaselle, pionnier passionné du végétal.
À travers une narration intime et incarnée — elle l’appelle simplement « Georges », comme un ami retrouvé —, l’autrice redonne vie à cet homme visionnaire qui, au tournant du XXe siècle, a imaginé, construit, et façonné de ses mains un jardin d’acclimatation extraordinaire sur une terre battue par les vents. Elle mêle habilement la biographie, la rêverie littéraire et sa propre expérience insulaire, pour livrer un hommage vibrant au pouvoir des lieux et à ceux qui les habitent de passion.
Plus qu’une simple évocation historique, Le Jardin de Georges est une méditation délicate sur le temps, la nature, l’ancrage et la transmission. Guénaëlle Baily-Daujon parvient à tisser une profonde correspondance entre son cheminement personnel et celui de Georges Delaselle, offrant au lecteur une œuvre lumineuse, empreinte de gratitude et de poésie.
La recommandation de Faites-moi lire est une coproduction Champs libres-TVR-Unidivers.fr, présenté et rédigé par Nicolas Roberti en collaboration avec les bibliothécaires de la bibliothèque des Champs libres où vous pouvez consulter cet ouvrage.
Titre : Le Jardin de Georges
Autrice : Guénaëlle Baily-Daujon
Éditeur : Éditions Intervalles
Parution : septembre 2024
Prix : 18,00 €
Au cours d’un voyage en 1897, Georges Delaselle, assureur parisien passionné de botanique, découvre l’Île de Batz. Il est immédiatement fasciné par la richesse végétale de ce lieu, où marins et explorateurs ont acclimaté des plantes venues des quatre coins du monde. Séduit par cet écrin de nature, il décide d’y créer un jardin exotique.
De 1897 à 1918, il se consacre avec passion à la conception de ce paradis végétal. Il entreprend d’aménager le site en érigeant une dune artificielle pour protéger le jardin des vents marins et creuse une vaste cuvette aux parois en terrasses, offrant un abri idéal aux plantes exotiques. Au fil des travaux, une découverte surprenante vient enrichir l’histoire du lieu : une nécropole datant de l’âge du bronze est mise au jour, témoignant de la présence humaine ancienne sur l’île.
En 1918, convaincu que son jardin est son œuvre de vie, Georges Delaselle s’installe définitivement sur l’Île de Batz. Année après année, il enrichit son jardin de nouvelles essences, transformant peu à peu cette terre aride en un écrin luxuriant où palmiers et plantes exotiques prospèrent. À sa disparition en 1944, à l’âge de 83 ans, il laisse derrière lui un véritable trésor botanique.
Cependant, au fil des décennies, le jardin change de mains et, faute d’entretien, tombe peu à peu dans l’oubli.
C’est en 1987 qu’un groupe de passionnés, réunis sous l’association « Les Amis du Jardin Georges Delaselle », décide de relever le défi de sa renaissance. Un projet audacieux qui suscite l’intérêt du Conservatoire du Littoral, qui en devient propriétaire en 1997, cent ans après sa création, assurant ainsi sa pérennité.
La reconnaissance de ce patrimoine exceptionnel ne tarde pas : en 2006, le jardin reçoit le label « Jardin Remarquable », décerné par le ministère de la Culture, consacrant son caractère unique parmi les plus beaux jardins de France.
Un tournant s’amorce en 2019, lorsque la gestion du site est confiée à Haut-Léon Communauté. L’année suivante, en 2020, un plan de gestion est mis en place en partenariat avec l’atelier « Tout se transforme », amorçant des travaux de réhabilitation, notamment de la Villa Nast.
En 2022, le jardin affirme une nouvelle vocation : il devient un refuge pour la flore insulaire océanique menacée, grâce à une collaboration avec le Conservatoire Botanique National de Brest.
L’année 2023 marque une étape clé avec l’achèvement de la restauration de la Villa Nast. Un nouvel espace scénographique voit le jour, racontant l’histoire de Georges Delaselle, ainsi qu’un espace d’exposition temporaire accueillant chaque année un artiste dans le cadre du cycle « Un Artiste au Jardin ».
Mais en novembre 2023, la tempête Ciáran frappe durement le jardin, dévastant une grande partie de sa barrière boisée. Face à cette catastrophe, un formidable élan de solidarité se met en place. Fidèles visiteurs et pouvoirs publics unissent leurs forces pour sauver ce joyau botanique. Une vaste campagne de dons et de mécénat est alors initiée en partenariat avec la Fondation du Patrimoine. Cette mobilisation exceptionnelle est couronnée par une reconnaissance d’ampleur : le Jardin Georges Delaselle devient lauréat finistérien du Loto du Patrimoine 2024, une distinction rare, d’autant plus précieuse que seuls 3 % des sites sélectionnés par la Fondation du Patrimoine sont des jardins ou des parcs.
L’année 2025 s’ouvre sur une promesse de renouveau. Un nouveau plan de gestion, confié à l’atelier Nāga, dessine les perspectives futures du Jardin, annonçant la création de nouvelles ambiances paysagères et la poursuite de l’héritage visionnaire de Georges Delaselle.