Le Vallon de la Chambre au Loup, ce site très prisé de Brocéliande à Iffendic en Ille-et-Vilaine, a fait l’objet d’une opération d’entretien en février 2023. Menée par le Département d’Ille-et-Vilaine, elle vise à préserver la qualité de la lande et sa biodiversité pour une meilleure lecture du patrimoine en lien avec la mise en place d’un itinéraire géologique en Bretagne. Beaucoup d’endroits étant devenus inaccessibles, les résineux une fois coupés et regroupés ont été évacués grâce à Basile, un cheval de trait postier breton.
Cet hiver, le site du Vallon de la Chambre au Loup avait besoin d’une bonne coupe. Il a ainsi fait l’objet d’un déboisement pendant le mois de février 2023, avant la période de nidification des oiseaux. L’objectif : dégager le passage et la vue sur une superficie d’un peu moins d’un hectare.
Le site, d’un grand intérêt géologique dû à la présence de roches de schiste pourpre, était encombré par des pins plantés par l’homme il y a un demi-siècle et considérés comme nuisibles. Mais l’accès étant impossible avec des engins forestiers ou agricoles, les Espaces Naturels Sensibles d’Ille-et-Vilaine, encadrés par Alban Gard leur chef d’équipe, se sont tournés vers Basile 12 ans, un cheval de trait de la race postier breton.
Issu d’une race utilisée aux siècles derniers pour l’attelage et les travaux des champs, le robuste cheval de trait a apporté son aide indispensable, a tracté les troncs d’arbres, s’est faufilé là où les machines de chantier ne peuvent accéder, sans dégrader le sol comme les engins peuvent le faire. Il a tracté tronc après tronc sur 50 mètres avant de passer le relais aux bûcherons qui ont ensuite acheminé les troncs grâce à un système câblé puis les ont évacué avec une remorque forestière jusqu’à la place de dépôt.
Le bois, une fois coupé et broyé, sera utilisé en source énergétique et alimentera les chaudières de Plélan-le-Grand et Iffendic.
Cette action menée par traction animale n’est plus vraiment inédite. Depuis 10 ans, le Département d’Ille-et-Vilaine emploie des chevaux sur son territoire. Ils ont pour mission d’assister les hommes dans les travaux d’entretien des espaces naturels sensibles, notamment en facilitant le débardage du bois dans les zones fragiles et difficiles d’accès (forêts, tourbières, carrières, landes et zones humides). En plus de sa force, le cheval ne présente que des avantages par rapport à une machine, car il se glisse partout, n’abîme ni les arbres, ni les sols, ne pollue pas et ne fait pas de bruit assourdissant. Le cheval de trait breton est une race de chevaux de trait originaire de Bretagne. Issu de robustes petits chevaux locaux, son élevage s’organise dès la fin du XVIIe siècle sous l’influence de très nombreux croisements.
D’autres opérations ont déjà été engagées sur ce même site afin de répondre à ces enjeux de préservation et de restauration de ce patrimoine de landes bretonnes avec les chevaux de trait. Parmi elles, la fermeture de certains chemins pour définir un plan de cheminement pour les pratiques pédestres, équestres et cyclistes et des travaux de restauration par broyage et exportation ou de rajeunissement.
Le paysage particulier du Vallon de la Chambre au Loup est un site incontournable de 80 hectares qui renferme une vallée encaissée. Il se situe à proximité de l’étang de Trémelin, sur la commune d’Iffendic (35) au cœur de Brocéliande. En prenant de la hauteur, la vue offre un paysage de landes boisées au pied de falaises hautes de 35 m. Ces dernières ont été creusées par un effondrement dû à des failles apparues dans les plissements du schiste pourpre et à l’érosion provoquée par le ruisseau de Boutavent. Ces affleurements rocheux sont très riches sur le plan botanique et zoologique au sein du Vallon de la Chambre au Loup.
En toute saison, été et hiver, le vallon de la chambre au Loup offre de magnifiques balades. L’ambiance y est mystérieuse, surtout à l’aube quand la brume recouvre l’or des ajoncs, le mauve des bruyères et le bronze des lichens. Le lieu est aussi devenu un site d’escalade pour les randonneurs les plus sportifs.
La tradition en Brocéliande raconte que le dernier loup de la région vivait dans une grotte de la falaise. Un habitant du hameau de Boutavent, tout près du vallon, avait renseigné que sa mère, née en 1890, avait vu un loup sur le chemin de l’école de Saint-Péran (35) à une dizaine de km d’Iffendic. En 1878, Jeanne-Marie Herviault demeurant au village de Beauvais, âgée alors de 11 ans, rapportait aussi avoir vu un loup près de l’Étang d’En Haut à Paimpont.