Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface.
Cette promenade a pour but de découvrir un cadavre. Elle se déploie comme est un western moderne sans côté italien. Le mystère que la nuit apporte à l’aventure accentue le côté féerique de cette jolie ballade. D’autant plus que la découverte de cette partie peu connue de la Turquie est délicieusement exotique. Quant aux personnages, ils sont bien campés ; leur jeu suscite une forme de joie partagée par le spectateur. Enfin, la présence d’une réflexion psychologique, sociologique et politique sous-tend intelligemment le fil conducteur autour duquel s’enchaînent les actions. En résumé, les situations sont réfléchies, les personnages beaux, les paroles succulentes et l’atmosphère enivrant.
Nuri Bilge Ceylan propose donc un film bouleversant. Une sorte d’errance magnifique autour de l’âme humaine. La philosophie inspire la caméra, le romanesque saupoudre le récit d’un vent violent. Bien sûr, certains reprocheront des mots superflus, lassants, voire incompréhensibles. Mais a contrario, il y a également une qualité de silence. Un silence troublant qui permet de se concentrer sur une foule de petits détails qui font tout le côté majestueux de l’œuvre. C’est assez rare que l’homme, au cinéma du moins, soit aussi proche de lui-même.
Un bijou à ne pas manquer, tant il est rare de voir sur nos écrans une aussi belle mise en beauté du monde.
Drame turc, par Nuri Bilge Ceylan, avec Muhammed Uzuner, Yılmaz Erdoğan, Taner Birsel, 2h37, 2 novembre 2011