Rennes foisonne d’illustrateurs et d’illustratrices aux univers artistiques divers. Parmi ses artistes de talent, l’illustratrice Audrey Rouvin. Un monde enchanteur et fascinant, fait d’encres et d’aquarelles, d’architecture et de nature, se déploie sur chaque feuille blanche que touche la jeune femme.
Passionnée par l’art, Audrey Rouvin s’est d’abord essayée à des études d’histoire de l’art avant de se rendre compte qu’une pierre manquait à l’édifice de la théorie. « C’est difficile de se lancer réellement dans l’art, tu ne sais pas trop quels seront les débouchés », déclare l’illustratrice. « J’ai aussi mis du temps à trouver l’école qui me convenait. Les écoles, comme celle des Beaux-Arts, m’effrayaient un peu. » Son besoin de trouver un établissement « hyper cadré » prend finalement forme à l’école Pivaut, école d’art-appliqués à Nantes. Après une année préparatoire à Rennes, elle étudiera trois ans dans la ville des ducs de Bretagne avant de sortir diplômée en peinture décorative, spécialité trompe-l’œil, ornementation et peinture à l’huile.
Après des stages réalisés dans des théâtres et des festivals, la difficulté à trouver des chantiers et le milieu somme toute très masculin poussent Audrey vers d’autres horizons artistiques. Elle se met naturellement à l’illustration pendant son temps libre avant d’en faire son activité principale en se lançant en freelance en 2020.
Gribouillant continuellement le papier qu’elle a sous la main quand elle est au téléphone, le style graphique d’Audrey s’est développé au fil des années jusqu’à aboutir à l’univers que l’on connaît aujourd’hui. « C’est un cheminement artistique qui est difficile à expliquer, c’est beaucoup de boulot », confesse-t-elle. « J’avais déjà ce style à l’école, mais on travaillait essentiellement sur de grands panneaux et à la peinture à l’huile. »
Aux portraits, et à l’humain, elle préfère les paysages et la création de mondes oniriques. Des architectures, aux allures médiévales et fantasy, se dressent au milieu d’une nature foisonnante, terrestre ou marine. « Pour être honnête, je ne suis pas douée pour les portraits », s’amuse-t-elle. « Et l’humain n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Je préfère créer des mondes imaginaires et laisser les gens plonger dedans. »
Il n’est pas difficile de rapprocher son travail de l’univers du dessinateur japonais Hayao Miyazaki, LA référence pour nombre d’illustrateurs et d’illustratrices. Les productions du studio Ghibli au sens large ont influencé son travail au même titre que d’autres films d’animation, tel La Tortue rouge du Néerlandais Michael Dudok de Wit. « La Tortue rouge est justement une collaboration avec le Studio Ghibli. C’est un film hyper contemplatif et poétique. L’animation est juste sublime et l’histoire très touchante. Tout est incroyable dans ce film », explique-t-elle. « Il a réalisé d’autres court-métrages seul, comme Le Moine et le poisson. Ses productions sont toutes à l’aquarelle et j’aime beaucoup le côté traditionnel, à l’ancienne de son travail. »
La peinture préraphaélite, les illustrateurs du XIXe siècle et une base de données Pinterest forment également son cahier d’inspirations. Tout comme la bande dessinée, un milieu qui l’intéresse particulièrement. Le dernière bande dessinée qu’elle a d’ailleurs eu entre les mains, Carbone et Silicium de l’illustrateur nantais Mathieu Bablet, …
Et comme tous les artistes, Audrey se balade avec son carnet de croquis dans le sac et prend énormément de photographies. L’architecture de Rennes est pour cela un véritable terrain de jeu pour l’illustratrice. « L’inspiration c’est aussi la vie de tous les jours. C’est comme un petit jeu mental, tu regardes partout et quand un bâtiment t’interpelle, et tu te demandes comment le retravailler à ta façon. »
Les mondes d’Audrey Rouvin prennent ensuite vie avec l’encre et l’aquarelle, la particularité de la couleur donnant à son univers un peu plus de magie. Deux techniques qu’elle a apprises avec le Rennais Vincent Pompetti, son professeur pendant son année de prépa. Bien qu’elle travaille également la peinture acrylique et à l’huile, la vivacité des pigments des encres et la facilité avec laquelle la couleur s’étale sur la feuille sont autant de raisons qui la pousse à se consacrer actuellement à ces techniques. « Je travaille davantage l’encre, car elle est plus pigmentée. L’aquarelle peut parfois paraître fade, trop estompée. Je me sers de l’aquarelle pour les fonds, les motifs plus délicats alors que l’encre est au premier plan pour faire ressortir le dessin, car la couleur est plus pêchue. »
Amarrage © Audrey Rouvin Songe © Audrey Rouvin
Les temps restant difficiles pour la création, Audrey préfère rester discrète sur ses projets futurs. Cependant, elle a bien voulu nous donner quelques indices à grignoter en attendant d’en savoir plus…
En contact avec les artistes de l’Atelier – espace de création à Rennes, elle avait notamment participé à l’exposition Gainsbourg 30 ans – 30 oeuvres, où elle avait proposé un dessin à son image, original et poétique. « Je recherchais une illustration sans tomber dans les clichés que l’on connaît de Gainsbourg. Je me suis rappelée de la chanson L’Homme à tête de chou et je me suis dit ” parfait, c’est ce qu’il me faut ! “ »
Elle sera bientôt de retour à l’Atelier puisqu’une nouvelle exposition autour des animaux est en préparation avec Tarek Ben Yakhlef, avec lequel elle travaille également à la création d’une bande-dessinée pour la revue Casier[s]. À l’image de la revue La Vilaine à Rennes, Casier[s] est une revue brestoise de bande dessinée où auteurs et illustrateurs écrivent de petites histoires qui se déroulent à Brest. Tarek sera au scénario et Audrey à l’illustration. Un petit challenge pour elle puisque l’humain n’est pas sa spécialité.
Un bel avenir, haut en couleurs, se dessine pour l’illustratrice rennaise. Accompagnée d’un Chilien, un Anglais, Audrey travaillera également sur les illustrations d’un jeu de rôle fantasy créé par un Américain, résidant à Los Angeles. « Le crowfunding est déjà terminé. Il avait demandé 15 000 dollars, il a atteint à 325 000 dollars », déclare-t-elle. « Avec cet argent supplémentaire, il va pouvoir se faire plaisir et sortir des bonus, comme des cartes… », conclut-elle.
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