Lundi 10 décembre 2018, l’acteur Jacques Gamblin et le réalisateur Niels Tavernier sont venus au cinéma Gaumont de Rennes présenter leur film L’Incroyable histoire du facteur Cheval. En salle le 16 janvier 2019. Présentation de ce long métrage à travers les yeux de Jacques Gamblin.
Hauterives. 1873. Joseph Ferdinand Cheval, facteur à l’esprit rêveur parcourt chaque jour des kilomètres dans la campagne dromaise pour distribuer le courrier. Solitaire, il est bouleversé quand il rencontre la femme de sa vie, Philomène. De leur union naît Alice qu’il aime plus que tout. Un jour, alors qu’il trébuche sur une pierre à la forme étonnante, Cheval a une révélation : si la nature crée de si belles choses, alors lui aussi le peut. Il se lance alors dans un pari fou : construire de ses propres mains un palais idéal pour sa fille…
Homme incompris, considéré parfois comme fou par des habitants du village, le facteur Cheval a passé 33 ans à récolter avec soin des pierres lors de ses distributions afin de bâtir son palais, contre vents et marées. Défendu par Jean Malraux, ministre de la Culture de l’époque, et classé Monument Historique en 1969, il est considéré comme le seul exemple architectural de l’art naïf.
Né d’un projet autour d’une histoire que le réalisateur français Nils Tavernier ne connaissait pas du tout, les légers reniflements dissimulés tant bien que mal en fin de projection montrent l’émotion du public dans la salle de cinéma… pour autant L’incroyable histoire du facteur cheval n’est pas un film triste. « Les larmes qu’il peut tirer représentent de belles émotions. L’émotion que ce film véhicule en fait la profondeur ».
Pour jouer ce personnage atypique et mystérieux, le comédien français Jacques Gamblin – Père fil thérapie ! (2016), Hippocrate (2014), Le premier jour du reste de ta vie (2008), etc. En toute humilité et avec sincérité, le comédien enfile le costume de Joseph Ferdinand Cheval et se laisse porter par sa personnalité quelque peu différente. Un homme connu sans l’être réellement dont les archives sur sa personne se font très rares. « Je l’ai rencontré pour la première fois dans ma boîte aux lettres à la réception du scénario. Ma première visite au palais du facteur Cheval a bien entendu été un choc, mais ce n’était pas le choc existentiel dans le sens profond, comme celui que j’ai pu ressentir jour après jour en jouant le personnage ».
Aux côtés de la talentueuse Laeticia Casta – L’homme fidèle (2018), La Nouvelle Guerre des boutons (2011), Gainsbourg vie héroïque (2010), etc. – qui interprète l’amour de sa vie Philomène, le facteur Cheval évolue au rythme de son château ambulant et inversement. Sitôt les premières minutes du film écoulées, la légère appréhension sur la crédibilité du couple à l’écran s’envole. Pendant prés de deux heures, Laeticia Casta et Jacques Gamblin proposent un jeu d’acteurs rempli de simplicité et d’émotions. La salle est conquise.
Voir le monde à travers les yeux du facteur Cheval
Personnage peu loquace, Joseph Cheval n’en était pas moins un grand bavard. « L’homme est en effet très silencieux, mais il est extrêmement bavard dans son œuvre. Ce n’est que mon interprétation, mais on sent qu’il veut laisser une trace, être immortel. Sa personnalité est un mélange pleins de paradoxes. Entre l’humilité qui émane de cet homme, son rapport au monde et au cosmos, et ce désir profond de reconnaissance ».
« L’environnement est beau parce que le facteur Cheval est à l’intérieur des matières »
Nils Tavernier
Il suffit de s’attarder sur les multiples plans dans lesquels l’intensité de son regard vaut mille mots. Ses yeux légèrement plissés posés sur les personnes qu’il côtoie, les paysages qui défilent, les étoiles dans le ciel… sans cesse dans l’observation, le regard d’une naïveté presqu’enfantine du facteur Cheval traduit surtout une grande intelligence.
« Il s’inspire des premiers magazines pittoresques, mais cherche aussi dans la nature. Il la voit et la sent. Il est comme un animal quand il regarde les choses : il les respire, les renifle… Il ne voit pas qu’avec ses yeux, mais avec tous ses sens – explique Jacques Gamblin encore fasciné par le personnage qu’il a interprété. En ça, ce n’est pas impossible que je me retrouve dans l’homme qu’était le facteur Cheval. J’ai peu de mémoire, mais j’observe énormément sur le moment présent, les gens et leur démarche, les paysages et les lumières… ».
« Le palais est une œuvre qui m’a laissé sans voix… qui laisse les gens sans voix » Jacques Gamblin
Représentant l’œuvre d’une vie, le palais demeure aussi silencieux que son créateur. Il s’humanise au fur et à mesure que l’architecture s’érige jusqu’à devenir un personnage à part entière. « Je suis resté ébahi devant cette chose qui est un mélange d’inspirations de toute sorte et de performances, construit par un homme sans aucune notion d’architecture et complètement autodidacte ».
Alors qu’il a commencé la construction pour sa fille, le palais imaginaire semble autant un exutoire pour s’échapper d’un monde qui ne le comprend pas qu’un point d’ancrage dans la réalité, abordant ainsi un problème qui subsiste depuis toujours : l’intégration d’un individu quelque peu différent dans la société. « Ce que je dis est tout à fait subjectif, mais je pense que les nombreuses phrases gravées ou peintes dans tous les recoins du palais témoignent d’un désir de rapprocher des cultures, de mélanger ces personnes qui n’ont pas une culture unique ce qui donne des gens libres qui n’ont pas une pensée unique. Il y a une difficulté à s’intégrer dans le monde et le palais est sa façon de signifier « je suis là, j’existe. Je suis bien vivant et je ne suis pas fou ». C’est sa façon de dire je ».
Ce qui était à la base une histoire peu connue est devenu une rencontre bouleversante. « On ne sort jamais totalement d’un personnage tel que celui du facteur Cheval et on n’en a pas forcément l’envie. Il m’a transmis des émotions inédites et imprévisibles. Je n’aurais pas imaginé être touché à ce point-là ». L’équipe du tournage autant que le public ne sont pas restés indifférents à cette expérience. « C’est mon 126e film cette année et certainement le plus beau » La phrase d’un téléspectateur conquis vaut parfois mieux que mille explications au final…
Une lettre écrite par Jacques Gamblin intitulée « Cher Cheval » sera diffusée sur France Culture le 18 janvier 2019.
L’incroyable histoire du facteur Cheval (1h45). Film de Nils Tavernier, avec Jacques Gamblin, Laetitia Casta, Bernard Le Coq. Sortie en salles le 16 janvier 2019.
Le site du Palais du facteur Cheval, site historique.
Contact : Palais Idéal du Facteur Cheval – 8, rue du Palais – CS 10008 – 26390 Hauterives – Drôme.
Tel. +33 (0)4 75 68 81 19 – Fax +33 (0)4 75 68 88 15
contact@facteurcheval.com
https://youtu.be/4ctAfXFeOHM