Maine-et-Loire : décès d’une retraitée après une intoxication au botulisme

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butolisme

Dans le silence de l’été, le drame a secoué une paisible commune du Maine-et-Loire. Une femme de 78 ans est décédée dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 juillet après avoir contracté une forme sévère de botulisme, une maladie rare mais redoutable, provoquée par une toxine bactérienne. En cause : la consommation d’une conserve maison, selon les premiers éléments de l’enquête ouverte par le parquet d’Angers.

Une intoxication domestique aux conséquences tragiques

La septuagénaire, retraitée sans histoires, avait partagé quelques jours auparavant un repas familial où figuraient plusieurs préparations faites maison, notamment un bocal de carottes conservées artisanalement. Selon l’Agence régionale de santé (ARS), six autres personnes ayant partagé ce repas ont été hospitalisées, dont deux dans un état grave, toujours en soins intensifs. Le diagnostic de botulisme a été confirmé pour plusieurs d’entre eux par les autorités sanitaires.

Une enquête ouverte, les conserves analysées

Une enquête a été ouverte par le parquet pour « recherche des causes de la mort » et confiée à la gendarmerie, en lien avec les services de santé publique. Des échantillons alimentaires ont été saisis au domicile de la victime, notamment des bocaux de légumes stérilisés à domicile. Ils sont actuellement analysés au Centre national de référence du botulisme sis à Lyon.

L’hypothèse d’une erreur dans le processus de stérilisation est privilégiée. Le botulisme, causé par la toxine produite par la bactérie Clostridium botulinum, se développe particulièrement dans les milieux pauvres en oxygène, comme les conserves mal traitées. Quelques microgrammes de toxine suffisent à provoquer une paralysie musculaire potentiellement fatale.

Une maladie rare mais redoutée

Chaque année en France, moins de 20 cas de botulisme sont recensés, selon Santé publique France. Mais la maladie reste mortelle dans 5 à 10 % des cas si elle n’est pas traitée rapidement. L’antitoxine, administrée en urgence, permet de stopper la progression, mais la récupération peut être longue et incertaine.

« Ce type de contamination est rare, mais très grave », rappelle le service d’infectiologie d’Angers. « Il faut être extrêmement rigoureux dans les méthodes de stérilisation. Bouillir les bocaux ne suffit pas toujours : une stérilisation à haute température et un temps de cuisson long sont essentiels. »

Une campagne de prévention relancée

Devant l’émotion suscitée par cette affaire, l’ARS des Pays de la Loire a diffusé un rappel des bonnes pratiques en matière de conserves domestiques. L’occasion de souligner les gestes de prévention : respecter les durées de stérilisation, utiliser des stérilisateurs adaptés, consommer rapidement après ouverture, et jeter tout bocal dont le couvercle serait bombé, mal fermé ou dont l’aspect ou l’odeur seraient douteux.

Dans les rayons de la supérette du bourg, le sujet est sur toutes les lèvres. « On fait tous des conserves, c’est une tradition ici », glisse une habitante, inquiète. « Mais depuis ce drame, je me demande si je ne vais pas tout jeter. »

L’onde de choc dépasse le cadre sanitaire. Une messe en hommage à la victime sera célébrée en fin de semaine, et un registre de condoléances a été ouvert à la mairie. La famille, bouleversée, a demandé le respect de son intimité.

Gaspard Louvrier
Gaspard Louvrier explore les frontières mouvantes de la recherche, des technologies émergentes et des grandes avancées du savoir contemporain. Spécialiste en histoire des sciences, il décrypte avec rigueur et clarté les enjeux scientifiques qui traversent notre époque, des laboratoires aux débats publics.