Isaac Cordal est un artiste espagnol galicien. Son travail se développe autour de la sculpture et la photographie dans l’environnement urbain. Il est au service d’un engagement artistique contre l’inaction climatique qui lui vaut une reconnaissance grandissante.
Vous aurez peut-être déjà croisé, notamment à Laon lors du Festival des Arts urbains au mois juin dernier, ces figurines qui représentent des personnages anonymes, principalement des hommes d’affaires, mais également des citoyens ordinaires aux expressions inconscientes, désolées ou résignées, et souvent douces-amères. En béton d’environ 15 centimètres, leur ambiguïté interroge, car cette étrange fusion de bonshommes en pâte à modeler cinégéniques, de santons et de playmobils fixent des moments post-modernes de modes d’humanité en fin de cycle et comme gelés par le poids d’un monde écrasant, voire fatal. Ils sont l’oeuvre d’Isaac Cordal. Vous les rencontrerez dans les grandes villes, dans des endroits souvent inattendus et insolites comme des gouttières, au sommet des immeubles, des abribus, des ponts, des flaques d’eau, des décharges…
Le public breton a découvert Isaac Cordal en 2013. À l’invitation du voyage à Nantes, l’artiste a présenté une vaste installation sur la place du Bouffay. D’une taille de 20 mx20 m, elle était composée de quelque 2000 figures et bâtiments de ciment semi-détruits qui représentaient une ville en ruines.
L’artiste connaît une popularité grandissante depuis son installation « Follow the leaders » à Berlin en 2011. Très engagé dans la lutte conte l’inaction climatique, Isaac Cordal commente ainsi son dispositif : « Suivre les dirigeants est une réflexion critique sur notre inertie de masse sociale. Représentant un stéréotype social associé au pouvoir composé d’hommes d’affaires qui dirigent le spectre social mondial. J’ai travaillé avec une équipe formidable qui m’a aidé à réaliser ce projet.”
En sus de dénoncer la lenteur toute bureaucratique de nos sociétés libérales post-modernes, Isaac Cordal lance en parallèle des alertes sculpturales qui dénoncent les conséquences ravageuses de la montée des eaux, l’énergie, l’industrialisation, la pollution, la jungle urbaine, la consommation de masse, la déforestation, mais aborde aussi les conséquences collatérales comme l’immigration, l’isolement social ou, encore, le travail à la chaîne.
L’installation de Berlin a été rapidement rebaptisée par le public (avec l’aval de l’artiste) “Politiciens discutant du réchauffement climatique”. Elle n’en finit pas depuis de faire mouche, mais pas encore la pluie et le beau temps…
Site de l’artiste : http://cementeclipses.com/
Instagram de l’artiste : https://www.instagram.com/p/CizogSgof5T/?hl=fr