Avec Jamais l’un sans l’autre, paru aux éditions Albin Michel, Joël Schmidt livre un roman court et sec qui nous interroge sur les rapports que nous entretenons avec nos proches, notamment avec nos frères et sœurs, quand la famille s’étend au-delà de l’enfant unique. Un sujet audacieux, risqué, mais plutôt bien mené.
Aude et Jean sont très proches, même s’ils ont quelques années d’écart. Depuis toujours, Aude berce son petit frère, l’aide à grandir et se conduit à la fois comme une sœur, mais également comme une mère avec lui. Peut-être parce qu’elle sent que sa mère le préfère à elle-même, donc pour exister et tenir sa place. Peut-être aussi parce que son frère la passionne de par sa personnalité, l’intérêt qu’il lui porte depuis toujours. Ces deux-là ne sont pas jumeaux, mais sont cependant totalement fusionnels. Peut-être trop justement. Au grand désespoir de la mère, mais pas nécessairement du père, qui voit d’un bon œil que ses enfants s’entendent si bien. Et qui peine souvent à les séparer pour qu’ils tissent des liens avec d’autres personnes.
Il faut mentionner que les deux enfants partagent les mêmes jeux, les mêmes passions et notamment la musique, le piano qui occupe tout leur temps. Si l’une est brillante scolairement, l’autre ne nourrit pas nécessairement d’appétence pour les études. Mais ces deux-là s’équilibrent via la musique, la grande musique, celle qui va les unir à tout jamais ou presque. Ils vont devenir de célèbres pianistes à travers la France, l’Europe, le monde… Incapables de se séparer plusieurs heures. Ils vont même habiter ensemble…
Étranges et dérangeantes ambiances que la mère dénonce, que le père supporte parce qu’il ne sent rien de malsain dans cette relation-là. Mais le cours de leur destin va être bouleversé comme si les épisodes cathartiques étaient nécessaires pour équilibrer ou déséquilibrer nos existences.
Dans ce roman, onirique et sensuel, Joël Schmidt renoue avec le romantisme allemand qui lui est cher.
Joël Schmidt, Jamais l’un sans l’autre, Paris, Éditions Albin Michel, 172 pages. Parution : mai 2019. Prix : 15,00 €.
Romancier, historien, critique littéraire, membre de plusieurs jurys et éditeur, Joël Schmidt a publié plus d’une dizaine de romans, la plupart aux éditions Albin Michel.