Tous les écrivains écrivent pour leur voix. Consciemment ou non, ils se corrigent au rythme de leur propre élocution. Raison pour laquelle la lecture d’un texte par son auteur, fut-il du plus haut talent, semble inopportune tant elle relève d’un inconcevable effet pléonastique. L’écrivain est fait pour écrire et le comédien interprétera son style au plus juste d’un élan qui en fera une nouvelle œuvre. Ce à quoi s’est appliqué Pierre Arditi avec le dernier texte de Philippe Delerm : je vais passer pour un vieux con… et autres petites phrases qui en disent long.
Ce n’est pas un auteur que l’on choisit d’écouter en achetant un livre audio, mais un auteur lu par une voix. Si Philippe Delerm a le génie de s’amuser avec les détails de la langue, Pierre Arditi pose son talent en mesure d’une interprétation conforme à ce qu’elle doit être, au point de ne plus savoir lequel on apprécie : l’auteur et son style, le conteur et sa voix… ou les deux. Le récit s’écoute comme un feuilleton radiophonique, par petites touches, avec la légèreté des choses faciles. La voix d’Arditi nous fait tout entier à elle, là où une lecture attentive eut sans doute (c’est à dire certainement) été plus fade, moins enveloppante, voir banale. Je vais passer pour un vieux con… et autres petites phrases qui en disent long, est à écouter chez soi, en terrasse, à la plage, peu importe, mais sans rien faire d’autre que de prêter une oreille attentive. Mieux vaut parfois s’instruire en écoutant que se distraire en lisant. Et surtout ne dévoilez à personne de quoi relève le texte, le sujet d’un tel livre impose une surprise totale.