Depuis 24 ans, Pierre Andrieu s’illustre comme journaliste musical via de nombreuses chroniques et interviews pour le magazine Plugged et Concert & Co. Une carrière dont l’émergence est intimement liée à sa passion pour Jean-Louis Murat, qu’il a découvert en concert en 2000. Un an après la disparition soudaine de ce dernier le 25 mai 2023, le Clermontois rend hommage à l’artiste avec son premier livre Jean-Louis Murat – Les jours du jaguar, publié le 18 avril 2024 aux éditions Le Boulon.
La carrière de Pierre Andrieu dans le journalisme musical ne doit rien au hasard… ou presque. Né en 1971, il grandit sur les hauteurs de Clermont Ferrand et connaît ses premiers émois musicaux à l’adolescence. A l’âge de 15 ans, il commence tout d’abord à écouter en boucle les artistes et groupes phares de la sphère rock indépendante internationale, notamment le grunge de Nirvana et les albums des Cure. Puis cette affinité prend un autre tournant au début de ses études en 1989, période où il commence à assister à de nombreux concerts , donnés dans les petites salles de Clermont par des groupes comme les Thugs et les Belges de dEUS.
C’est quelques années plus tard, en décembre 2000, qu’il inaugure sa carrière en commençant à travailler pour le site Concert And Co. Il y rédige alors de nombreuses chroniques d’albums et interviews d’artistes français et internationaux. Par la suite, il débute sa collaboration avec les magazines rock Plugged et New Noise. Il officie également comme rédacteur chez Rock & Folk, pour lequel il réalise des chroniques de festivals tels que le Printemps de Bourges et les Trans Musicales. Puis de 2006 à 2008, il devient animateur pour la station associative Radio Campus Clermont, au sein de laquelle il reçoit en showcase la scène musicale clermontoise, notamment les groupes Mustang et Cocoon.
Poursuivant actuellement sa collaboration chez Concert And Co et Plugged, Pierre Andrieu s’est aussi consacré ces dix dernières années à un projet parallèle, à la portée plus personnelle . C’est ainsi qu’aujourd’hui, il nous dévoile son premier livre en hommage à l’un de ses artistes de prédilection : Jean-Louis Murat. Intitulé Jean-Louis Murat – Les jours du jaguar, cet ouvrage est sorti le 18 avril dernier aux éditions Le Boulon.
Si Pierre Andrieu n’est pas un fan de la première heure de Jean-Louis Murat, il n’en voue pas moins aujourd’hui une passion dévorante pour l’éminent auvergnat. Un coup de foudre survenu en décembre 2000, alors qu’un de ses amis l’ait emmené voir l’artiste en concert à la Coopérative de mai. Cet évènement fut d’ailleurs tellement marquant pour le journaliste musical qu’il est même à l’origine de sa vocation, développant sa curiosité et sa soif d’écrire sur la musique. Dès lors, il ne manquera aucune de ses tournées suivantes, jusqu’à la dernière donnée en 2022 pour la sortie de l’ultime album de Murat, La Vraie Vie De Buck John.
Cette admiration pour l’artiste et son univers traverse ainsi tout cet ouvrage de Pierre Andrieu, que ce dernier a articulé autour d’une structure éloignée des biographies conventionnelles. Outre sa partie biographique et ses cinquante photos (dont certaines inédites), il comporte ainsi des retranscriptions des 6 interviews que Jean-Louis Murat a accordé à son compatriote clermontois à partir de 2003. Caractérisées par leur long format, ce sont d’ailleurs ces moments privilégiés qui donnèrent l’envie à Pierre Andrieu d’écrire le présent livre, conçu au départ comme un recueil d’interviews. Un projet qu’il dut finalement reconfigurer, les entretiens de l’auteur-compositeur-interprète se raréfiant au fil du temps, jusqu’à son décès brutal le 25 mai 2023.
On retrouve néanmoins une quinzaine d’autres interviews réalisées auprès de proches et collaborateurs de Murat : parmi eux, figure son ex-épouse et collaboratrice Laure Desbruères, les musiciens Fred Jimenez et Stéphane Reynaud, ou encore l’artiste Morgane Imbeaud, qui participa entre autres à l’album Charles et Léo – Les fleurs du mal (2007). Ces derniers apportent ainsi des témoignages éclairants, qui offrent des interprétations croisées autour de la personnalité humaine et artistique de leur ami. Mentionnons également que ce livre est préfacé par Jennifer Charles, membre du groupe Elyisian Fields qui a oeuvré à plusieurs enregistrements de Jean-Louis Murat, dont la chanson d’ouverture de Mustango, « Jim – L’héritier des Flynn » (1999).
Par ailleurs, cette somme présente également des chapitres additionnels, via lesquels le journaliste analyse, avec sa sensibilité, la trajectoire musicale atypique de l’artiste. Il faut dire qu’en plus de 40 ans de carrière, Jean-Louis Murat a établi une discographie prolifique, dont la richesse reste quelque peu ignorée du grand public. Au fil de ses albums successifs, il n’aura eu de cesse de diversifier et de renouveler sa ligne esthétique. Cette dernière fut alors un véritable point de rencontre entre son socle principal d’influences (notamment le songwriting de Neil Young et de J.J. Cale) et des inspirations puisées dans certains styles populaires ayant marqué chaque décennie. Un éclectisme complémentaire du fil rouge que constitue sa vocalité profonde, parfois évanescente et souvent sensuelle, restée quasi intacte d’années en années.
Ce nouvel ouvrage rappelle également l’impact significatif et pourtant méconnu que Jean-Louis Murat a laissé dans le paysage musical français. De fait, sa poésie cryptée et sa vocalité singulière ont marqué plusieurs de ses contemporains et artistes des générations suivantes, à l’image de Dominique A, Benjamin Biolay ou plus récemment Florent Marchet. Considérant le vide qu’a laissé sa disparition l’année dernière, c’est peu dire que cet héritage mériterait à être perpétué et réactualisé dans les prochaines années, à la faveur d’une éventuelle redécouverte de son œuvre par les générations actuelles et futures. On peut espérer que la sortie de ce livre contribuera à une telle entreprise…
Jean-Louis Murat – Les jours du jaguar, Pierre Andrieu. Editions Le Boulon, 200 pages, 32 euros. Paru le 18 avril 2024.