Jeff Balek > Macadam Gonzo > Le tragique distancé d’une vie déshumanisante

La rue… La lente descente vers une inéluctable déshumanisation… C’est un peu un journal, le journal d’un SDF. L’histoire d’un homme ordinaire, qui perd son travail, son appartement, puis sa place même dans la société. Une ombre, presque, qui erre de rue en rue. Et tous les petits épisodes d’un quotidien qu’on n’imagine même pas.Tout cela conté avec une précision des mots, des images, une poésie qui surgit où on ne l’attend pas. Cette errance, cette violence dans la marginalité, on la prend en pleine face, on n’en sort pas indemne. Mais, au fil des pages, l’espoir est là, comme un petit cœur qui bat dans la grisaille.

Vie, rues, déshumanisation

Le monde de la rue raconté par un homme qui l’a vécu. Voilà ce que nous propose Jeff Balek avec son roman numérique Macadam Gonzo. Le narrateur est un homme qui a tout perdu et se retrouve Sans Domicile Fixe. Jeff Balek nous raconte-il sa propre histoire ou est-ce de la fiction ? Si fiction il y a, elle n’en est pas moins réelle pour beaucoup de nos contemporains. Ceux que nous croisons en bas de chez nous, aux portes des magasins, et qui nous mettent mal à l’aise.

Ce roman est une histoire tragique, racontée avec un détachement certain mais sans cacher la détresse et la honte qui envahissent cet homme ; ce monsieur X qui nous parle à la première personne et dont on ne connaîtra jamais l’identité. Un message fort de l’auteur, qui nous montre ainsi la déshumanisation forcée des SDF.
Cela commence de façon trop banale : une situation familiale que l’on imagine délicate (mais dont l’auteur ne parle pas) et une auto-entreprise qui fait faillite. De lettres recommandées en visites d’huissiers, la mise à la porte arrive comme un soulagement ; un sentiment de liberté. En effet, un jour il ne reste que lui, notre narrateur anonyme, et sa voiture ; une 205 qui va devenir son toit.

La descente aux enfers ne se traduit pas uniquement par le fait de dormir dehors, de ne pas se laver ou manger régulièrement. Non, cela découle surtout du fait que l’on devient une bête de foire ; comme cette ancienne connaissance qui invite notre narrateur à une soirée digne du dîner de cons ou de cet homme qui se donne bonne conscience en lui donnant sa carte de visite et qui le rejette par la suite. Et puis, c’est aussi la sentiment de demander aux amis plus qu’ils ne peuvent en donner, de leur raconter plus qu’ils ne veulent en savoir. Des amis qui deviennent bientôt des ex-amis, que l’on n’ose plus aller voir.

Un malaise étreint lors de cette lecture. La honte de la déchéance, la capacité de s’en sortir qui ne tient plus qu’à la volonté des autres. Ces autres qui sont devenus des étrangers.
Cette histoire percutante frappe par la vérité de son propos. Le style d’écriture à la manière d’un journal intime sert évidemment à rendre proche le personnage. Un autre système de narration n’aurait pas été pertinent. On regrettera toutefois la présence de plusieurs coquilles dans le texte.
De plus, la fin arrive trop vite : il manque une transition entre l’état de SDF et le sort final qui est expliqué en seulement deux pages. Frustrant.

En conclusion, un fait de société rarement traité en littérature, qui a le mérite de ne pas être plein de bons sentiments. Ce roman touche par sa simplicité.
Envie d’en savoir plus sur l’auteur ? Rendez-vous sur son site.

Marylin Millon

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