Just do paint, festival de graffiti et street art, revient à Saint-Brieuc du 1er au 4 juillet 2021. Covid oblige, la quatrième édition se concentrera sur la scène française, et particulièrement les artistes bretons. À l’instar des graffeurs qui habilleront les murs et façades de la ville, l’illustratrice costarmoricaine Élise Ollivier, alias I sea you, habillera les murs de la Maison de l’agglomération de Saint-Brieuc. La rédaction a eu le plaisir d’échanger avec elle.
Un air marin souffle sur la Maison de l’agglomération à Saint-Brieuc, du 1er au 4 juillet 2021. La raison ? Les illustrations d’Élise Ollivier, alias I Sea You, dont l’inspiration est résolument bretonne. « La mer a toujours fait partie intégrante de ma vie. C’est un endroit où je me sens bien et je ne pourrais pas m’en passer », confie-t-elle à la rédaction.
Née les pieds dans l’eau, le dessin, comme notre belle région, et la mer, coulent dans les veines de la jeune illustratrice depuis toujours. Se lançant d’abord dans une filière biologique, en biologie maritime, elle est finalement revenue à ses premières amoures, par le biais du graphisme. Il a suffi pour cela d’une révélation. « Un ami faisait des études de graphisme. J’ai alors compris que l’on pouvait faire autre chose que de l’illustration pure ou de la bande dessinée », explique-t-elle en se souvenant de son parcours scolaire.
Après une formation de quelques mois en graphisme à Madrid, et de retour à Rennes, elle termine ses études de graphisme, qu’elle avait mis de côté. « Je suis finalement revenue à l’illustration, mais mon travail se situe entre le graphisme et l’illustration. J’aime beaucoup dessiner sur différents supports et tester les accroches visuelles. »
Du dessin hachuré, inspiré des gravures des Encyclopédies de Diderot et d’Alembert qu’elle affectionne, le style d’Élise s’est développé et affiné avec les années. « Mon trait était beaucoup plus institutionnel, plus figé. Je jouais avec les traits et la ligne. Le dessin est fait d’une succession de lignes qui permet d’obtenir des jeux de contrastes, de noir et blanc ou d’ombrages. C’est visuellement très intéressant à regarder. » Découvrant son univers au fur et à mesure, le manque de mouvement dans ses dessins l’amène à s’intéresser à d’autres formes artistiques. Le trait de l’illustratrice s’est alors stylisé et simplifié, se rapprochant de celui des comics et des cartoons, un univers qu’elle a toujours apprécié.
À titre d’exemple, la découverte du travail de l’Américain Robert Crumb, auteur de bande dessinée des années 60, l’oriente et l’inspire énormément. « C’était la période des premiers fanzines et magazines indépendants. Ses illustrations m’ont tout de suite intéressé, car il possède un trait de bande dessinée, mais conserve le travail du trait. Ce n’était pas forcément un traitement habituel à l’époque, plus habitué à des dessins de BD avec un trait unique comme Tintin. » Ce traitement de la ligne la renvoie aux gravures et le côté bande-dessinée à un dessin plus en mouvement. « Mon trait s’est délié, libéré et ma patte s’est affirmée. »
De la même manière, le noir et blanc hérité des gravures a laissé place à la couleur, toujours avec parcimonie. « J’ai du mal avec les couleurs tranchées, je préfère les couleurs plus douces ou le mélange des couleurs. Le bleu n’est jamais franc et tire vers le turquoise, le rose se rapproche souvent du saumon. » Peut-être est-ce également une réappropriation du style traditionnel old school dans le tatouage, univers parfois coloré qui joue avec des figures simples, mais fortes. Le style emprunte d’ailleurs ses symboles à l’univers marin : l’ancre, le phare ou le requin. Une symbolique qui ne peut que plaire à la Bretonne qu’elle est. « J’ai énormément regardé le travail de Sailor Jerry, c’est un peu la base. Je n’utilise pas beaucoup de couleurs, mais j’aimais le rendu coloré, rouge et jaune notamment, et les références à l’univers marin. »
Nourrie de ses multiples inspirations, ses illustrations s’impriment aujourd’hui sur les vêtements, les skates ou encore les tasses, la pieuvre et ses tentacules stylisées en effigie. « La première chose que j’ai dessinée quand j’ai créé I sea you était une pieuvre. Le côté graphique des tentacules et les grands yeux m’ont attirée. On pouvait lui rajouter des attributs comme le bonnet marin. Étant petite, je faisais des cauchemars de La Petite sirène, c’est peut-être un exutoire aussi », confie-t-elle avec humour. Avec une forme propice au mouvement, avec laquelle on peut aisément s’amuser, elle s’est prise de passion pour les octopodes jusqu’à en faire son animal totem.
Une expo à la Maison de l’agglomération de St-Brieuc
Invitée pour la première fois à la quatrième édition de Just Do Paint, l’univers du graffiti et du street-art, et le festival, ne lui sont pas inconnus. « Découvrir ses façades est magnifique, le travail des graffeurs est impressionnant. » Elle avoue même s’être essayée au graff étant adolescente. Une pratique qu’elle adorait, mais qu’elle avait du mal à maîtriser. « Le capuchon est très dur à maîtriser pour parvenir au trait que l’on veut et éviter les coulures. C’est ce qui fait que leur travail est tout simplement impressionnant. »
Elle n’a pourtant pas totalement dit adieu aux bombes puisqu’elle avoue avoir envie de renouveler l’expérience. « J’ai peut-être plus de patience aujourd’hui pour apprendre les choses. »
En attendant de découvrir ses futures créations murales, les illustrations d’Élise habilleront sur les murs de la Maison de l’agglomération de Saint-Brieuc, à l’instar des graffs qui habilleront les murs de la ville.
Du 1er au 4 juillet, Just Do Paint Festival, Saint-Brieuc
Carte des murs et façades à (re)découvrir :
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