LA DISTANCIATION, DOCUMENTAIRE COLLECTIF DU CONFINEMENT

À l’annonce du premier confinement en mars 2020, cinq réalisateurs se sont lancés le pari de réaliser un film documentaire à distance. Pendant plusieurs mois, chacun a filmé son vécu, son entourage et son intimité face à l’enfermement. Un tournage extraordinaire où le bouleversement du quotidien s’est mêlé à la recherche de lien social. Le documentaire a été diffusé à l’occasion de la date anniversaire du premier confinement. Un choix symbolique qui inscrit La Distanciation comme le témoignage d’une période historique. Entretien avec les réalisateurs du film.

distanciation physique covid

La naissance d’un projet collectif

Tout a commencé par une rencontre sur le réseau social Facebook. Sous un post de la réalisatrice italienne Daniela de Felice, plusieurs réalisateurs français se sont retrouvés pour discuter de la crise sanitaire et du confinement qui arrivait à grands pas. Parmi eux, Martin Benoist, Brigitte Chevet, Aubin Hellot, Robin Hunzinger, Elisabeth Jonniaux. L’idée est venue de réaliser un film collectif autour de ce moment historique.

Très vite les télévisions régionales ainsi que la société de production de documentaires et de films d’animation rennaise Vivement Lundi ! se sont rattachés au projet. « Cela s’est fait seulement deux jours avant l’annonce du confinement. Nous savions déjà qu’il allait avoir lieu alors nous nous sommes demandés comment, en tant que réalisateurs, nous pouvions réagir à cet événement. Notre métier c’est de faire des films, alors l’idée de faire un documentaire collectif au moment où nous allions tous être isolés est venu naturellement. Dès le départ, il y a eu un engagement des télévisions notamment France 3 Bretagne et France 3 Normandie qui nous ont énormément soutenus dans notre démarche. Nous n’avions pas encore de dossier complet ni de producteur, seulement une note d’intention écrite une semaine auparavant. Elles ont compris qu’elles devaient s’engager vite puisque le confinement venait juste de commencer. »

Une effervescence de créativité

Le cadre particulier du confinement a amené des contraintes inhabituelles. L’équipe a dû s’adapter et parfois sortir de sa zone de confort en filmant des sujets personnels et sensibles comme le rapport avec soi-même ou avec son entourage. Une intimité qui reflète aussi ce besoin inexorable de créer des liens en plein renfermement. Alors qu’ils ne se connaissaient presque pas, les cinq cinéastes ont développé une cohésion forte à travers le processus créatif du film. « Cela peut arriver de réaliser des films à deux ou trois personnes, mais jamais à cinq. En outre nous sommes tous des réalisateurs très différents. Nous voulions filmer des moments variés d’un endroit à l’autre pour les joindre en une seule et même histoire. Nous filmions notre environnement : notre chez-soi, nos proches, nos voisins, notre fenêtre et nous-mêmes. Nous envoyions ensuite nos rushes à Robin Hunzinger qui s’occupait de centraliser les images et de faire du pré-montage. Nous nous retrouvions aussi beaucoup sur Zoom pour parler de ce qu’on filmait. Il y avait déjà des thèmes évidents qui se démarquaient chez chacun d’entre nous. À la fin du confinement, nous nous sommes retrouvés dans une maison familiale au bord de la mer pour regarder collectivement nos rushes et départager nos rôles en post-production. »

  • Elisabeth Jonniaux Confinement
  • Masque Famille Confinement
  • Confinement Jardin Famille
  • Balcons Voisins Confinement

« Avec cette pandémie, nous nous sommes tous retrouvés à être vus chez soi. Le hors champ ainsi que l’arrière champ de Zoom est devenu un espace public. »

Elisabeth Jonniaux

Un récit universel à cinq voix

Se retrouver seul avec les enfants juste après un divorce, la vie familiale face à l’enfermement, la peur d’une maladie encore méconnue, la solitude rampante et les nouvelles rencontres amenées au fil des fenêtres : tous ces vécus de confinement peuvent toucher chacun d’entre nous. Des lieux divers (Martin Benoist, en famille dans sa maison de bord de mer à Étretat, Brigitte Chevet dans sa maison de ville au centre de Rennes, Aubin Hellot de son appartement en banlieue parisienne, Robin Hunzinger de sa ferme dans le massif vosgien en Alsace et enfin Elisabeth Jonniaux de son petit appartement à Paris), ce récit réflexif et multiple fait la force principale du film La Distanciation. L’assemblage de ces expériences très variées auxquelles nous pouvons chacun nous retrouver en fait une seule histoire du confinement à la fois intime et universel. « L’idée était de ne pas raconter cinq trajets personnels chacun dans son coin, mais de les réunir pour en faire une histoire à part entière. L’idée de temps et d’espace est démultipliée pour en faire une trajectoire commune. Il fallait le faire avec les moyens du bord alors nous avons pu improviser au fur et à mesure du temps qui passait. Les choses se sont faites de façon assez spontanée. »

  • Place Mairie Rennes
  • Banderoles Confinement
  • Voisins Balcon Applaudissement

Garder les traces d’un moment historique

Au-delà de filmer le quotidien parfois absurde des personnes, le groupe avait aussi la volonté de capter l’événement historique du confinement. Le regard documentaire est très attaché à ce devoir d’archive qui permet de garder une trace de l’Histoire. Un héritage cinématographique qui permet de ne pas oublier et de transmettre ce témoignage aux générations futures. « Notre but en tant que documentariste, c’est surtout de garder une trace d’un moment très particulier et extraordinaire. Parfois enchanteur, étrange ou angoissant, il a provoqué des tas de prises de conscience sur le monde d’après ainsi que de notre besoin affectif. Le confinement a permis un retour à soi-même, mais il nous a aussi fait comprendre à quel point nous avions besoin des autres. Nous sommes avant tout des animaux sociaux. Cette période est maintenant passée, mais il ne faut pas l’oublier. »

« Filmer nous permettait de métaboliser tout ce que l’on vivait, c’était à la fois un appui et une porte de sortie. »

Martin Benoist

La Distanciation réalisé par Martin Benoist, Brigitte Chevet, Aubin Hellot, Robin Hunzinger, Elisabeth Jonniaux.

Une coproduction Vivement Lundi ! et France Télévisions

Vous pouvez retrouver le documentaire en replay sur le site de France Télévisions.

Article précédentRENNES. DES NEURONES A L’IA AUX CHAMPS LIBRES LE 5 AVRIL
Article suivantBD. ÊTRE EN BONNE COMPAGNIE AVEC EMMANUEL GUIBERT

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici