Avec l’exposition La Jeunesse des Beaux-Arts – Rennes et ses artistes (1794-1881), le Musée des Beaux-Arts de Rennes propose un voyage sensible dans la ville du XIXe siècle. Jusqu’au 29 mars 2026, les salles deviennent les rues d’une Rennes en métamorphose, où l’on suit les artistes, les institutions et les œuvres qui ont peu à peu forgé l’identité culturelle de la capitale bretonne.
Le temps d’une exposition, le patio du musée des Beaux-Arts de Rennes revêt son manteau d’autrefois. Dans un agencement habillé par la profondeur de la couleur pourpre du mobilier, le public est accueilli par des sculptures, elles-mêmes encadrées par des peintures grand format et des photographies d’archives qui se font face. Ancien lieu convivial où l’on pouvait s’asseoir, l’espace abrite temporairement des tables en bois ici et là, avec comme compagnie ces personnages de peinture ou de marbre qui nous entourent, révélant la majesté de la création.
L’institution rennaise nous a habitués à des expositions de qualité, et celle-ci ne déroge pas à la règle. Avec La Jeunesse des Beaux-Arts, le conservateur des collections et commissaire de l’exposition Guillaume Kazerouni réussit une nouvelle fois à créer une proposition artistique immersive de caractère. Les chefs-d’œuvre des collections sont enveloppés d’une scénographie réalisée avec beaucoup de goût, par le Studio Hado – Clément Hado.

Un portrait inédit de Rennes au XIXe siècle
La Jeunesse des Beaux-Arts – Rennes et ses artistes (1794-1881) est à voir comme la suite de Rennes 1922, exposition présentée en 2022. Le musée y offrait une vision inédite et singulière de l’art de la première moitié du XXe siècle à Rennes et à Paris. Cette fois, le public remonte le temps jusqu’à la fin du XIXe siècle : il parcourt la ville de Rennes entre 1794 et 1881, date qui inaugurait justement la première exposition, par le prisme de ses artistes. L’exposition nous convie à regarder autrement la ville que nous croyons connaître.
Dans le couloir, de grandes figures rennaises ouvrent la voie. Si leur visage ne vous dit rien, leurs noms, devenus les noms de rues que nous traversons, nous accompagnent au quotidien : le poète rennais Hippolyte Lucas (1807-1878), l’écrivain et journaliste Bertrand Robidou (1818-1897) ou encore l’écrivain Paul Féval (1816-1887). La Vue panoramique de Rennes depuis le domaine Saint-Cyr d’Anne Caroline Le Gentil de Rosmorduc (1787) nous guide ensuite dans ce que Guillaume Kazerouni surnomme « un musée dans le musée ».
La Jeunesse des Beaux-Arts ne se contente pas d’aligner des chefs-d’œuvre : elle montre comment Rennes a inventé une véritable vie artistique. L’exposition brosse un panorama inédit de la vitalité artistique rennaise, à la croisée de l’histoire urbaine et de l’histoire culturelle.

250 œuvres sorties de l’ombre
Les visiteurs sont invités à découvrir la naissance du musée et de l’École des beaux-arts à Rennes, à travers la présentation de 250 œuvres, dont 80 % proviennent du musée. Méconnues pour certaines, elles dressent un portrait inédit de Rennes au XIXe siècle et révèlent la richesse des collections. Mais La Jeunesse des Beaux-Arts ne se contente pas d’aligner des chefs-d’œuvre : elle montre comment, au XIXe siècle, Rennes invente une véritable vie artistique. Fresque vivante de notre chère ville, l’exposition brosse un panorama inédit de la vitalité artistique rennaise, à la croisée de l’histoire urbaine et de l’histoire culturelle.
On entre dans l’histoire à partir de l’année 1794 qui marque le premier inventaire des collections rennaises, réalisé en pleine période révolutionnaire. Acte de naissance des collections du musée, ce geste fondateur ouvre la voie à la création d’un musée public. L’exposition parcourt près de cent ans et se termine en 1881. École municipale, l’École des beaux-arts prend de l’ampleur et passe sous la tutelle du ministère de l’Instruction publique.
Durant cette traversée, on croise les portraits peints ou sculptés de notables, les visages qui ont fait la ville, mais aussi de nombreuses œuvres d’artistes actifs à Rennes, des vues urbaines, comme une Vue du passage des Carmélites (Adolphe Hervier, 1854) ou le Moulin de Bourg-l’Évêque (Loïc Petit, XIXe siècle). On redécouvre picturalement des ensembles patrimoniaux qui, pour certains, demeurent visibles dans la ville.


Cabanel, Lanno et les pièces emblématiques
Parmi les œuvres phares, deux pièces concentrent l’esprit de l’exposition :
- Mucius Scaevola devant Porsenna, un haut-relief signé François Lanno, premier artiste rennais à avoir été récompensé par le prestigieux Prix de Rome. Cette œuvre incarne l’exigence académique et le lien entre la scène rennaise et les grandes institutions nationales.
- Le Portrait de Marie Augustine Jamet d’Alexandre Cabanel, présenté pour la première fois au public. Commandée pour la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres à Saint-Pern, cette toile témoigne de l’intérêt du grand maître montpelliérain pour la Bretagne et ses modèles : une religieuse, la main posée sur un livre, un crucifix en arrière-plan, dans un équilibre subtil entre dignité sociale, intériorité spirituelle et douceur picturale.


Autour de ces pièces emblématiques, d’autres œuvres rarement présentées dessinent un panorama de la création rennaise. Cependant, époque oblige, peu de femmes sont exposées puisqu’elles ne sont admises à l’École des beaux-arts qu’à partir de 1896.
Si la première œuvre d’un artiste vivant entre dans les collections en 1819 (Tobie ensevelissant un Hébreu de Serrur, actuellement dans la salle 20 du premier étage), il faudra attendre 1849 pour que la première femme entre à son tour : c’est Agathe Doutreleau. Le public fait d’ailleurs sa rencontre dans une des sections grâce au portrait réalisé par son mari Valentin Doutreleau, en 1855, et une œuvre exposée. On croise aussi La Croix de la mission de Cécile Aglaé Moutonnet.



Une balade dans Rennes, au-delà des murs du musée
La Jeunesse des Beaux-Arts n’est pas seulement une proposition muséale : elle valorise l’ensemble du patrimoine de la ville avec une section qui comporte notamment une carte des lieux rennais emblématiques : l’Hôtel Oberthür, l’hôtel Barré qui abrite la chocolaterie Durand, l’église Saint-Étienne, etc.
Le public est ainsi invité à prolonger la visite à l’extérieur, dans l’arpentage des rues pavées qu’ont foulées les artistes aujourd’hui présents dans les collections du musée des Beaux-Arts de Rennes et la recherche des traces encore visibles de cette jeunesse artistique qui a façonné le visage de Rennes.
Infos pratiques :
Du 28 novembre 2025 au 29 mars 2026, La Jeunesse des Beaux-Arts, Rennes et ses artistes, 1794-1881,
Musée des beaux-arts de Rennes – Musée Quai Zola, 20 quai Émile-Zola, 35000 Rennes
Tarifs :
Tarif plein : 5 € / Tarif réduit : 3 €
Gratuité : consultez la page des tarifs du musée pour connaître l’ensemble des conditions de gratuité et de réduction.
L’exposition bénéficie d’une programmation, en collaboration avec de nombreux partenaires :
- Aux Archives municipales : parcours autour de Jean Leperdit, maire de Rennes pendant la Révolution.
- À l’Opéra : concert, le 18 février 2026, évoquant le répertoire joué lors de l’ouverture du bâtiment en 1836.
- Au Musée de Bretagne : mise en lumière du tableau de Thérèse Moreau de Tours, un portrait de Jean Leperdit.
- À la cathédrale : parcours spécifique autour des décors
de la cathédrale, en lien avec les esquisses présentées au musée. - Dans la ville : circuits de visites consacrés aux grands décors du XIXe siècle, civils et religieux. Conférences, colloques et programmation culturelle viendront enrichir cette redécouverte du XIXe siècle rennais.
Un ouvrage de référence accompagne également l’exposition La Jeunesse des Beaux-Arts. Rennes et ses artistes, 1794-1881. Ouvrage collectif sous la direction de Guillaume Kazerouni, assisté de Simon Poirier, publié aux éditions Sans Égal. Richement illustré, il compte 374 pages et plus de 600 reproductions d’œuvres, documents et archives.
