ROMAN. MICHAEL URAS NOUS EMMENE EN SARDAIGNE

Pourquoi Giacomo, traducteur qui vit et travaille à Marseille, est-il appelé en urgence sur ses terres natales sardes ? Parce que sa chère grand-mère n’en a plus pour longtemps. En effet, les jours sont comptés pour la vieille dame. Il semble donc normal que son seul petit-fils se rende à son chevet rapidement.

Michaël Uras

Oui, mais voilà, la grand-mère ne meurt pas aussi rapidement qu’annoncé. Giacomo va donc devoir prolonger son séjour chez ses parents, entouré des siens, alors que son patron, éditeur, le presse de rendre une traduction d’une version inédite de l’œuvre de Melville, Moby Dick.

Michaël UrasOscillant sans cesse entre présent et passé, Giacomo nous rappelle avec force anecdotes son enfance, son adolescence vécue sur cette île de la Méditerranée. Les rencontres, l’amitié, les liens forts tissés avec certains membres de la famille, son entourage, ses premiers émois, son amour presque inconditionnel pour la belle Manuella, l’épicière du village ont-ils fait du jeune homme un être équilibré et à l’aise dans ses espadrilles ?

Peu à peu, on va également découvrir pourquoi Giacomo a pris la tangente et a quitté l’île du jour au lendemain. Que fuyait-il ? Qui fuyait-il ? Et que va-t-il découvrir en revenant sur ce rocher perdu au cœur de la turquoise marine ?

Michaël Uras

Avec une infinie tendresse, Michaël Uras nous brosse un tableau coloré de plusieurs époques, de multiples lieux enchanteurs dont il faut parfois se méfier, nous dépeint des personnages aux saveurs multiples et jamais insipides, nous entraîne dans les secrets des familles qui engendrent des bonheurs parfois illusoires sinon des drames indélébiles. Au pays des taiseux, quand la parole se libère, on peut assister à de véritables ouragans. C’est souvent empreint d’une douce mélancolie. Et ce n’est jamais très éloigné de l’œuvre de Melville.

Ce roman d’apprentissage nous permet aussi d’accéder et de réfléchir sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, de nous pencher également sur le temps qui s’échappe ou qui nous échappe, sur ce qu’on laisse ou pas derrière soi. C’est aussi, en arrière-plan, une réflexion sur la notion de construction de soi à travers les autres. Le Bonheur comme simple thématique n’existe pas, les instants de bonheur en revanche permettent de tendre à une certaine forme d’équilibre. Quant aux douleurs, aux trahisons, aux déceptions, elles permettent aussi parfois de devenir plus humain que l’on ne penserait hâtivement. Quant aux lieux, on peut parfois oublier combien ils participent de ce que l’on est, surtout de ce que l’on devient.

Avec ce roman plein d’humour et d’esprit, véritable déclaration à la Sardaigne, Michaël Uras propose une ode aux petits bonheurs et aux joies simples de la vie, le tout porté par une écriture lumineuse.

La maison à droite de celle de ma grand-mère, Michaël Uras, Éditions Préludes.315 pages. Parution : mai 2018. 15,60 €.

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Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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