Les cultivateurs de lin normands seront-ils sauvés par les Chinois ? La pluie ou le beau temps ont depuis toujours décidé des récoltes. Sauf que le monde change et qu’une nouvelle météorologie s’impose, faite de spéculation, de gestion de stocks et d’échanges internationaux. La Normandie produit à elle seule près de la moitié du lin mondial. Pour conserver cette culture millénaire, les agriculteurs du Pays de Caux se sont tournés vers un nouveau et presque unique client : la Chine.
Un film-documentaire beau, intelligent et interrogatif : quelles relations entretiennent l’Asie et l’Europe dans le domaine agro-industriel ? Un propos lourd d’enjeux…
Cette mondialisation – au final, autant diabolisée qu’idolâtrée – fait ici l’objet d’une analyse minutieuse et précise. Si précise qu’étrangement une certaine émotion se dégage devant le constat exposé et déroulé devant le spectateur.
On est comme partie prenante de la situation de personnes pauvres et dignes qui subissent des pressions forcées, voire violentes. Nos sens virent et notre cerveau finit par se demander si, au final, toute cette construction kafkaïenne en vaut bien la peine.
Un film esthétique, spirituel et un soupçon effrayant. Mais n’est pas le lot de toute mise en exergue du côté fou et absurde de notre monde moderne ? Un monde qui ne semble d’ailleurs pas si moderne dès qu’on l’aborde sous d’autres angles.
Un film spirituel, à voir aussi bien pour sa forme que pour son fond, quand même l’opus est parfois un peu ennuyeux.
Ariane Doublet, 1h14, 2 nov. 2011