La plateforme Netflix dévoilait la mini-série La Résidence de Paul William Davies en mars 2025. Dans cette comédie policière, une inspectrice pas comme les autres a huit épisodes pour résoudre une enquête le soir d’un repas diplomatique à la Maison Blanche, avec 157 membres du personnel pas toujours coopératifs… La série whodunit du moment est-elle une réussite ?
132 pièces, 157 suspects, un cadavre. Alors qu’une soirée diplomatique entre l’Australie et les États-Unis se déroule à la Maison Blanche, le pire arrive : un membre du personnel est retrouvé mort… Qu’est-il arrivé à l’huissier en chef A. B. Wynter (Giancarlo Espocito) dans le salon jaune ? Meurtre, suicide ? C’est la mission que la détective Cordélia Cupp s’évertue à remplir alors que la fête bat encore son plein, mais c’est sans compter les conflits interpersonnels des employés qui s’occupent de la résidence au quotidien… Leurs histoires farfelues viennent pimenter l’enquête, la rendant toujours plus complexe à résoudre…
La Résidence nous invite dans les couloirs et les extérieurs de la Maison Blanche, à Washington. Rien que ça ! Mais quand un crime est commis dans ce haut lieu étasunien, comment le gère-t-on ? Paul William Davies reprend les codes bien précis du whodunit, sous-genre policier qui met en scène un groupe de personnes coincé dans un lieu alors qu’un crime vient d’être commis. On retrouve à la production Shonda Rhimes, à qui l’on doit How to Get Away with Murder donc une familière du genre, la comédie en plus. Bien que ce soit une production américaine, la série respire l’humour anglais. On pense bien sûr à Hercule Poirot et Agathe Christie (dont l’enquête du Crime de l’Orient Express est d’ailleurs cité), mais est-ce aussi bien ficelé ?
Dans le rôle de la détective Cordélia Cupp, Uzo Aduba. Connue comme la révélation de la série Orange is the new black, elle campe ici une experte en la matière, légèrement excentrique sur les bords, qui essaie tant bien que mal de démêler le sac de nœuds devant lequel elle se trouve. Pendant huit épisodes, sa passion pour les oiseaux teinte l’histoire et, ce que l’on pensait comme des digressions fantasques, se révèlent au final servir l’enquête. Petit coup de cœur également pour la sénatrice interprétée par Marguerite Bay Bix, dont les réactions amusent et peuvent se rapprocher des nôtres.

La série est loin du film 8 femmes (une bijou du cinéma français dans le genre), plus dans le prolongement de À couteaux tirés et Le Crime de L’Orient express qui ont marqué le regain du whodunit sur nos écrans : sympathique, mais parfois un peu lisse. Certains épisodes étirent le propos en longueur, mais chacun possède son lot de répliques truculentes, de suppositions et de fausses pistes, de fausses déclarations et de secrets dissimulés, et ce jusqu’au dénouement final.
Si les premiers épisodes installent l’intrigue de manière cohérente (visite des lieux, interrogatoires des témoins, etc.), la suite devient un imbroglio de scènes alambiquées : tous les personnages mentent pour sauver leur peau et cachent des actions aussi délirantes qu’eux, parfois si absurdes qu’on peine à y croire. Cependant, Paul William Davies ne (sait) s’est-il pas justement joué avec malice de cette absurdité au point qu’on l’apprécie ? Le réalisateur réussit à nous tenir en haleine avec deux derniers épisodes plus dynamiques, car malgré notre avis mitigé, on veut savoir : que s’est-il donc réellement passé ?
Bien que la présence de Hugh Jackman, de par ses origines australiennes, relève quasi de la fixette, la constellation de personnages de La Résidence offre une partie de Cluedo intéressante, une partie qu’on aurait perdu d’ailleurs… mais nous n’avons pas le flair du détective Cupp.
