Ladylike Lily sera le 18 août à Brest pour les Jeudis du port avant de reprendre la route avec Miossec dont elle assure la première partie (pour la troisième tournée consécutive). Originaire de Scaër, elle vient de faire son marathon à Carhaix dans un ballet incessant d’interviews comme une jeune étoile montante de la scène musicale française. C’est l’esprit du Label Vieilles Charrues que d’accompagner ainsi chaque année plusieurs artistes ou formations pour leur offrir une visibilité internationale durant le festival, mais pas que !

Étape importante s’il en est dans le parcours d’une artiste bretonne avant la sortie de son 2e album, ce label exprime la volonté de construire au sein d’un projet associatif qui ne se résume pas au festival une vraie prise en considération de cet enjeu qu’est la professionnalisation de jeunes talents bretons. Jean-Jacques Toux, programmateur des Vielles Charrues avec Jeanne Rucet, dévoile après l’interview de Ladylike Lily les phases de ce travail d’accompagnement qui continue bien sûr une fois la plaine de Kerampuilh désertée plus vite qu’elle ne s’est métamorphosée en théâtre de verdure, ouvert à tous les styles de musique, à tous les publics, à tous les possibles.
Unidivers : Ce n’était pas votre première scène aux Vieilles Charrues, ce nouveau concert dans une configuration très différente des deux précédents vous laisse quelle impression ?
Ladylike Lily : Un goût de trop peu, tellement c’est passé trop vite, trop bien. C’était vraiment magique. Avant le concert, j’ai eu une journée bien chargée, mais on était bien préparé. Ça m’a fait plaisir de voir combien le public a ressenti la complicité qui s’est construite en seulement quelques mois avec mes musiciens, Bertrand James à la batterie et Jonathan Seilman au clavier. Grâce à la retransmission du Live sur Culturebox, nous avons eu des retours enthousiastes d’un peu partout, de l’ile de la Réunion par exemple. Forcément, ça me touche beaucoup.
Unidivers : Être à l’affiche avec l’étiquette Label Vieilles charrues, c’est encore plus de pression, non ?

Unidivers : Pourquoi avoir choisi de chanter en français pour ce nouvel album ?

Ladylike Lily : Passer de l’anglais au français, ça change tout, même la voix. J’ai dû me réapproprier ma propre voix. Ça m’a plu. J’ai considéré ça comme un nouveau matériau. Une autre façon de faire joujou et d’exprimer ce que je veux à travers mes morceaux. Avec Dans la matière, je fais référence au monde qui nous entoure, avec ses excès, l’injonction de consommation, pour tout et toujours plus. Tout se zappe tout de suite, on n’a pas le temps pour prendre du recul, pour se recueillir, pour accéder à notre propre spiritualité. On est partout sauf dans le ressenti, dans le cœur. Je trouve ça choquant. J’ai du mal à saisir l’époque et en même temps j’en suis pleinement, j’en fais partie.
Unidivers : Le travail d’écriture est une approche solitaire à laquelle vous semblez beaucoup tenir.

Ladylike Lily : J’écoute assez peu de musique, j’aurais tendance à me laisser trop emportée dans des univers qui ne sont pas le mien. Par contre je vais voir beaucoup de concerts. Ça stimule, ça donne des idées. J’écris sur des situations, sur la vie en général, des films ou des expos que je vais voir. Comme tout le monde, je me nourris de tout ce que j’entends. Écrire, c’est avant tout savoir canaliser les émotions, surtout quand on est inspiré par beaucoup de choses comme je le suis, que ce soit pour me frotter aux mots, à l’image, au son, aux arrangements. C’est naturellement que l’écriture s’impose chez moi dans ce que j’ai envie d’explorer. Ça me vient sans doute de l’environnement dans lequel j’ai grandi. Ces espaces encore sauvages continuent d’être une source d’inspiration. Je trouve ces lieux très puissants, j’aime venir m’y ressourcer, y puiser l’élan spirituel dont j’ai besoin. Écrire, c’est juste vital.
Unidivers : Alors ce serait la Bretagne qui continue à influencer votre écriture, même si vous êtes installée depuis peu à Paris ?
Ladylike Lily : Je me sens très proche de la nature, mais ça va plus loin que ça. Je crois que ce sont nos premiers émois musicaux qui sont nos vraies influences et ce pour toute la vie. Je suis fascinée par cette mémoire musicale qui nous vient de la petite enfance. Toute petite, ma mère m’a bercée de ses propres compositions, du son de sa harpe.
Unidivers : Jean-Jacques, avant de nous dire ce qui vous séduit dans le propos artistique de Ladylike Lily, une explication peut-être pour présenter ce dispositif du Label ?

Unidivers : C’est un choix forcément difficile, la Bretagne regorge de jeunes talents et de créateurs.

Jean-Jacques Toux : Avec Jeanne Rucet, c’est désormais une de nos missions dans le cadre de la programmation du festival d’assumer un parti pris sur la sélection de quelques artistes qui bénéficient de notre appui et de celui de notre réseau professionnel. Quand j’ai pris la suite de Johan Lagadec après la Saison 1, je voulais que l’association soit à fond derrière ce projet avec de vrais moyens. Ces artistes, nous les accompagnons humainement, techniquement, financièrement. L’objectif est qu’ils ou elles finalisent leur travail de création et de diffusion dans de bonnes conditions, avec e ligne de mire bien sûr le show à assurer aux Vieilles Charrues. Mais l’important, c’est ce qu’il va se passer après, avec les dates qui vont suivre parce que d’autres programmateurs les auront repérés sur ce type de scène. C’est le cas aujourd’hui de Krismenn & Alem qui jouent le 22 juillet au Paléo, un festival mythique en Suisse, puis au Canada. D’ailleurs le duo est aussi à l’affiche du concert anniversaire des Charrues à Central Park, le 1er octobre 2016.
Unidivers : L’association des Vielles Charrues a-t-elle des soutiens institutionnels pour pérenniser votre démarche de soutien à la création et favoriser cette aventure sans frontière ?

Unidivers : En tant que programmateur de grosses têtes d’affiche dont les tourneurs écument la planète, que vous apporte cette expérience singulière renouvelée depuis trois éditions ?

Jean-Jacques Toux : Beaucoup d’énergie et de motivation, parce qu’au-delà de l’accompagnement, il y a aussi de vrais liens d’amitié qui se nouent. Parce que je vois l’évolution se faire pour chacun des projets en étant très présent sur les différentes étapes. Parce que mobiliser mon carnet d’adresses pour défendre des artistes qui le méritent, c’est autrement valorisant. Parce qu’au lendemain de quatre jours de festival, quand la pelouse de Kerampuilh paraît bien triste après la fête, j’ai déjà du pain sur la planche. Les rencontres liées au Label apportent la possibilité de se projeter dans la durée, dans un rythme différent de celui de l’événementiel. Je pense que, dans notre métier, nous en avons vraiment besoin. Ça permet aussi de ne pas trop saturer. Jeanne Rucet et moi, nous écoutons beaucoup de nouveautés jusqu’en avril avant le bouclage de la programmation et par moment c’est juste trop. Ça fait du bien de passer à autre chose, d’écouter les vieux trucs que j’aime, mais aussi de voir ce que deviennent les projets que j’accompagne grâce au Label depuis deux ans maintenant.Le
Unidivers : Et pour la prochaine sélection, il y a déjà des noms sur une liste ?
Jean-Jacques Toux : Bien sûr, nous avons déjà coché quelques noms sur nos tablettes, mais faut laisser passer l’été, revenir avec des oreilles fraîches et profiter déjà des concerts de nos artistes 2016, à Bars en trans par exemple, début décembre. L’essentiel parfois, c’est savoir prendre son temps pour être plus réceptif et faire du mieux possible ce qu’on sait faire : s’adapter à chaque artiste, à chaque situation, à chaque propos artistique, pour un véritable accompagnement à la carte.
https://www.youtube.com/watch?v=ru5Cat4ENiY
Le Label Charrues, ici
La WebTV du festival Vieilles Charrues 2016, c’est ici

