Bretagne

Rosemary Phillips à l’Amiral, le jazz et les Caraïbes s’invitent à Rennes !

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19 octobre 2015

On pense café-concert, music-hall, les Années Folles, Joséphine Baker, le jazz. Dîner en écoutant un trio de jazz emmené par la diva des Caraïbes Rosemary Phillips. Voilà ce que propose à Rennes la brasserie L’amiral vendredi 23 octobre. Un délice…des îles !

Accueillis dans le vaisseau chic et marin, ancré au sud de la place de la Bretagne, nous rencontrons Cédrick Alexandre, musicien, enseignant au conservatoire, contrebassiste pour Rosemary Phillips et aussi Alan Stivell. On croise le patron Yves Pellan, le capitaine comme l’appellent ses marins. Le restaurant, en plus de la cuisine originale de son chef, Christophe Corvaisier, affectionne les événements artistiques. En sus des séminaires ou autres afterworks, la brasserie de luxe organise chaque mardi un concert : Jazz à bord. Et, vendredi 23 octobre, aura lieu la venue exceptionnelle de Rosemary Phillips.

Chanteuse célèbre pour ses interprétations ou ses compositions mêlant jazz, world, chanson française ou même pop, pour son répertoire multiculturel, à la fois caribéen, barbadien, américain et français, célébrée pour son engagement pour la paix, pour les droits de la femme, contre le racisme, Rosemary Phillips s’est notamment fait connaître pour l’hommage qu’elle a rendu à Joséphine Baker dans un concert époustouflant au château des Milandes, en 2006. Elle a été consacrée meilleur artiste jazz lors de la cérémonie des Barbados Music Awards. On l’aura aussi vu au théâtre, dans Mac Beth, et au cinéma, dans un film primé de Mayari. Elle est également titulaire d’une thèse universitaire sur les figures noires de l’antiracisme, comme Billie Holiday, Nina Simone ou Joséphine Baker. Une artiste, disons-le, plus que complète !

Vendredi prochain, elle sera accompagnée par Pascal Salmon au piano et Cédrick Alexandre à la contrebasse. En France, où elle passe la moitié de son temps – l’autre étant consacrée à la Barbade, où une autre équipe l’attend – c’est eux qui la suivent le plus. « C’est nous maintenant qui sommes les plus proches, qui connaissons sa musique, m’explique Cédrick. On sait comment l’arranger pour la sublimer ». S’ils se produisent parfois en quartet, en quintet ou encore en sextet, comme lors de leur concert au Petit Journal de Montparnasse, ils reviennent souvent à la forme du trio. Rosemary Phillips aime à croiser les influences musicales, artistiques et culturelles. Chacun s’apporte quelque chose. Cédrick Alexandre, qui travaille avec Alan Stivell, possède ses propres influences, que le trio peut réutiliser ou non, toujours dans le partage. Bientôt, ils iront par exemple se produire au Sénégal, où un musicien local viendra les rejoindre le temps d’un concert. La chanteuse sait traquer ce qui unit ou désunit les gens dans le monde.

Le contrebassiste confie que, lors d’un concert à Guingamp, « Rosemary parlait des pêcheurs, qu’elle expliquait au public qu’il y avait un lien entre les pêcheurs bretons et les pêcheurs de la Barbade ». Pour lui, la voix particulière de Rosemary Phillips tient de ses origines, de la Barbade. « C’est quelqu’un qui vient de la Barbade, me dit-il. La Barbade, c’est une plaque tournante. Elle a développé tout un concept musical à partir de ces mélanges. C’est ce qui fait une personnalité artistique. C’est un tout Rosemary, c’est une belle personne, une belle chanteuse ». Le contrebassiste insiste sur son humanité : restaurant C’est une chanteuse qui te lance un message, un message de paix. C’est quelqu’un d’engagé, une personne qui défend des valeurs, avant d’être chanteuse. Elle fait de la musique pour un message ».

Nous revenons sur leur collaboration, leur concert, parfois privé, comme à l’ambassade du Mali, ou dans des événements musicaux comme Jazz à l’Ouest ou Jazz aux écluses, et surtout sur l’influence de la culture française dans le parcours musical de Rosemary. L’album « L’amour comme ça », porté par la chanson éponyme, a été notamment composé par Charles Dumont, compositeur célèbre pour sa collaboration avec Edith Piaf. « Vous avez la voix que je cherchais depuis longtemps pour interpréter certaines de mes chansons qui n’ont jamais été enregistrées », a-t-il expliqué dans une entrevue. Son chant, il est vrai, contient en lui-même une puissance et une sincérité universelles. Elle s’exprime avec l’intelligence du cœur.

Comme l’exprime le contrebassiste, la soirée de vendredi à la brasserie promet d’être un grand moment de musique. Le caractère intimiste de l’événement, espérons-le, sera un terrain propice à l’émotion et au partage. À l’écouter, nous n’en doutons pas.