Le Pacte d’Avril : et si on ne se remettait jamais d’un premier amour ? Et si on lui courait toujours après ? Et si on passait un pacte pour que l’on soit lié à jamais ? Que deviennent les amours suivantes ?
Il fallait des mois et des mois pour tricoter une histoire et il suffisait de tirer un fil pour que tout disparaisse.
La vie nous mène là où on ne s’y attend pas.
En passant un pacte avec Jean au moment de leur séparation, Avril pense qu’elle pourra toujours garder un fil avec son premier amour, Avril pense que Jean se souviendra toujours de ce qu’ils se sont promis : se retrouver à 35 ans si aucun d’eux n’est marié, se remettre ensemble et faire un enfant… Sept années se sont écoulées quand Avril fête ses 35 ans et revoit Jean… Est-il célibataire ? Est-il marié ? Se souvient-il du pacte passé avec elle ?
Alors qu’Avril se torture sans cesse l’esprit avec des questions existentielles, avec des petits détails qui peuvent faire du quotidien un enfer permanent, souffre du job dans lequel elle semble stagner, Mirza, la voisine octogénaire de la jeune femme, tente de la détourner de ce premier amour pour la pousser à mordre dans la vie à pleines dents…
Un premier roman tendre et souvent grinçant, teinté d’une douce mélancolie qui nous renvoie, via les personnages aux caractères plutôt bien trempés – d’aucuns caparaçonnés dans leurs certitudes, d’aucuns totalement bancals tant ils doutent de tout comme d’eux-mêmes -, à notre propre existence, à nos propres expériences sentimentales, à celles et ceux qui nous entourent. Et cela ne manque pas de relief.
Sophie Astrabie peint au scalpel le monde de l’entreprise, dénonce l’hypocrisie permanente qui asphyxie souvent les relations dites amicales et amoureuses, aborde de front la question de la maternité comme de la paternité, trace une image juste du célibat qu’aujourd’hui on peut choisir, nous rappelant par la même qu’un non-choix peut aussi s’avérer être un choix, nous conte avec vérité combien il est difficile, mais superbe d’aimer comme d’être aimé.
Est-on dans une totale fiction ? Ou est-ce franchement inspiré d’un possible vécu ? Impossible de ne pas se poser la question quand on sait que c’est un premier roman. Et quasiment tous les premiers romans sont un peu autobiographiques. D’ailleurs, l’héroïne, Avril nous invite à ne lire que des premiers romans. Quant au patronyme de la jeune femme, c’est heureux de porter Avril quand l’intrigue se déroule en plein printemps.
À retenir : une invitation permanente, qu’elle émane d’Avril comme de Mirza, à être déraisonnable, à aimer passionnément, et ce, quel que soit notre âge !
Le pacte d’Avril, un roman de Sophie Astrabie aux Éditions Albin Michel. 335 pages. Parution : avril 2018. 19,90 €.
https://vimeo.com/267257625
