Dans le film Le Petit Prince Mark Osborne signe un tour de force à la française

« J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement ». Cette phrase du Petit Prince n’est peut-être pas la plus célèbre du poétique ouvrage d’Antoine de Saint-Exupéry. Si elle n’est pas gravée dans la mémoire collective à l’image du « s’il vous plaît, dessine-moi un mouton », elle résume la vie d’un curieux personnage, aviateur et héros tardif d’une saga entamée depuis bien longtemps. Dans ce nouveau film d’animation, sa présence et celle d’une petite fille apportent un inhabituel éclairage, une approche « périphérique ». Destinée aussi bien aux enfants qu’aux adultes, cette réalisation respecte élégamment le souvenir ému, enseveli en chacun de nous.le petit prince critique

 

film le petit princeDe même qu’il est périlleux de réaliser la trilogie de Pagnol après l’interprétation définitive de Raimu, il s’avère ardu d’approcher cette œuvre absolue qu’est le Petit Prince. On aborde aux rivages des souvenirs d’enfance, des secrètes émotions, des pudeurs retenues. En un mot, c’est au domaine de l’intimité la plus secrète que s’adresse Mark Osborne, le réalisateur de ce beau film d’animation.

mark osborneOn empêchera jamais les gardiens du temple de crier au scandale, estimant intouchable l’écrit dûment révéré. Mais l’opinion publique et cinématographique semble donner tort aux râleurs de tout poil. On assiste à un succès mérité. C’est une genèse de plus de 9 années qui a conduit a créer cette heure et quarante-six minutes de bonheur. Ce livre, figurant en seconde place après la Bible en nombre de lecteurs, est déjà tiré à 145 millions d’exemplaires et traduit en 143 langues. Si l’on songe que des créateurs comme Orson Welles ou Walt Disney ont renoncé à le porter à l’écran, on réalise la difficulté de la tache.

Dès les premières images du film Le Petit prince, on est un peu décontenancé. Quid du Petit Prince justement ? On est en présence d’un film d’animation au ton infantile racontant l’histoire d’une petite fille que sa mère destine au plus bel avenir le-petit-prince-mark-osborne-film-critiqueen lui imposant un programme scolaire totalement délirant. La présence d’un voisin loufoque et ancien aviateur nous met progressivement sur la piste et crée le lien attendu. Se prifile une belle histoire à nous conter.

La séparation entre la narration et le livre se fait au moyen d’images très différenciées. Précises et répondant aux codes actuels, elles deviennent imprécises et éthérées lorsque l’on revient sur le texte d’Antoine de Saint-Exupéry. L’ensemble est plutôt réussi et, si l’on s’amuse beaucoup de l’histoire de la petite fille, dès que le texte revient au premier plan, la magie opère immédiatement… C’est saisissant et stupéfiant !

Le producteur, Dimitri Rassam, qui n’est autre que le fils de Carole Bouquet, n’a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands ; et son casting vocal est impressionnant. André Dussollier campe un aviateur émouvant et il est accompagné de Florence Foresti, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Laurent Lafitte, Vincent Lindon, Clara Poincaré, jusqu’au très modeste rôle du serpent joué par le très talentueux Guillaume Gallienne. Last but not least, la voix du Petit Prince est interprétée par l’adorable Andrea Santamaria, qui nous tient totalement sous le charme enfantin de ses intonations.

mark osborne petit princeQue dire d’autre pour exprimer notre entière satisfaction ? À l’instar du livre, ce film pourra être traduit dans toutes les langues, car sa construction respecte la nécessaire universalité de l’œuvre de Saint-Ex. De la même manière, l’utilisation des dessins originaux est totalement judicieuse. C’est un joli moment de cinéma que tous les parents devraient s’offrir en famille.

Quel que soit l’âge, chacun y voit des choses différentes. Ce beau travail d’artistes français nous rappelle que les enfants peuvent libérer des étoiles captives, voler en avion au milieu des gratte-ciel, et qu’ils acceptent de devenir adultes pourvu qu’on ne les oblige pas à oublier leur âme de gamin. Sans nous le dire directement – car ils sont trop jeunes pour saisir la portée d’une telle phrase même s’ils en ressentent la profondeur – « l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur ».

Film Le Petit Prince film d’animation réalisé par Mark Osborne, juillet 2015, 106 minutes

Voix françaises : André Dussollier, Florence Foresti, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Laurent Lafitte, Vincent Lindon, Clara Poincaré, Guillaume Gallienne, Andrea Santamaria…

Scénario : Irena Brignull et Bob Persichetti, d’après l’œuvre de Antoine de Saint-Exupéry
Musique : Hans Zimmer, Richard Harvey et Camille Dalmais
Photographie : Kris Kapp
Montage : Matt Landon et Carole Kravetz Aykanian
Production : Dimitri Rassam, Aton Soumache et Alexis Vonarb
Société de production : On Animation Studios, Onyx Films et Paramount Pictures
Société de distribution : Paramount Pictures France
Pays d’origine : France

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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