L’été est souvent l’occasion de lire un peu plus que d’habitude. Paresser au soleil sur un transat dans le jardin ou sur la plage est toujours plus agréable avec un bon roman. Oui, mais lequel glisserez-vous dans la valise? Vous n’avez pas eu le temps d’y penser. Voici quelques suggestions pour tous les goûts et tous les âges !
Parmi les romans parus ce premier semestre, voici deux coups de cœur qui allient belle histoire et dépaysement. La Patience des traces ( Actes Sud, janvier 2002) est le récit d’une quête initiatique, un roman d’apprentissage d’une grande sagesse et d’une quiète douceur comme sait les écrire Jeanne Benameur. Simon est psychanalyste. Dans son cabinet proche de l’océan, il passe ses journées à écouter les autres. Lui, ces mots qui libèrent, il ne peut les confier à personne. Un matin, en cassant un bol, souvenir d’une amitié, une brèche s’ouvre. C’est le début d’un envol, d’un voyage intérieur en allant au Japon où les rituels et les arts ancestraux subliment les fêlures. Jeanne Benameur a reçu le Prix Roman France Télévisions 2022 pour ce roman.
Jon Kalman Stefansson est un talentueux conteur. Ton Absence n’est que ténèbres ( Grasset, janvier 2022, traduit par Eric Boury) dévoile une émouvante mosaïque romanesque autour d’une famille implantée depuis le XIXe siècle dans un petit village au milieu des fjords. C’est avec un écrivain amnésique que nous rencontrons tous les personnages de ce brillant récit : Aldis, une fille de la ville revenue dans les fjords pour y avoir croisé le regard bleu d’Haraldur ; Pétur, un pasteur marié, écrivant des lettres au poète Hölderlin et amoureux d’une inconnue ; Asi, dont la vie est régie par un appétit sexuel indomptable ; Svana, qui doit abandonner son fils si elle veut sauver son mariage ; Jon, un père de famille aimant mais incapable de résister à l’alcool ; Pall et Elias qui n’ont pas le courage de vivre leur histoire d’amour au grand jour ; Eirikur, un musicien que même sa réussite ne sauve pas de la tristesse. Ce roman a reçu le Prix du Livre étranger 2022 France Inter / Le Point et il comblera vos heures de farniente.
Restons dans les belles histoires, peut-être un peu plus grave mais toujours écrite dans un style impeccable. Mahmoud ou la montée des eaux ( Verdier, août 2021) est un petit roman couronné lui aussi de nombreux prix littéraires. Mahmoud passe ses journées au bord du lac El-Assad. Parfois, il y fait glisser sa barque, met son masque et plonge. Plonge vers ses souvenirs. Au début des années 70, la Syrie a construit un barrage sur l’Euphrate, inondant le village natal de Mahmoud. La maison de son enfance, le bar, l’école, le village entier sont enfouis sous les eaux. Essayant d’oublier la guerre qui gronde, le vieil homme parle à Sarah, sa femme et mère de ses trois enfants partis se battre pour la révolution du Printemps arabe. Un roman poétique de l’écrivain belge Antoine Wauters d’une grande sensibilité. Je vous conseille aussi son dernier recueil Le musée des contradictions ( Editions du Sous-sol, mars 2022).
Pour rester en phase avec l’actualité, profitez de l’été pour lire l’auteur ukrainien Andreï Kourkov avec son dernier roman Les Abeilles grises ( Liana Levi, février 2022, traduit par Paul Lequesne). Dans un petit village abandonné de la « zone grise », coincé entre armée ukrainienne et séparatistes pro-russes, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Avec son humour et son talent de conteur, dans cette fiction qui rejoint la réalité, Andreï Kourkov nous donne à voir un pays souffrant mais solidaire.
Pour les amateurs de roman feel-good, voici le dernier roman de Lorraine Fouchet. À l’adresse du bonheur ( Héloïse d’Ormesson, février 2022) nous emmène sur l’île de Groix, en plein cœur des souvenirs d’enfance. En lisant le journal, Pierre Saint-Jarme découvre que Ker Joie, son ancienne maison de famille est à nouveau sur le marché. Ne pouvant la racheter, il la loue le temps d’un week-end et y emmène sa petite tribu. C’est l’occasion de fêter les 80 ans de sa mère. Mais sur place il fait une curieuse rencontre qui ravive un drame du passé. C’est un roman d’amour, de souvenirs d’enfance, de parfum de vacances et de recettes de grand-mère.
En version poche, toujours plus facile à glisser dans la valise, vous vous évaderez avec le dernier roman de Delia Owens. Là où chantent les écrevisses ( Points, mai 2021, traduit par Marc Amfreville) est une ode à la nature qui met en scène une héroïne à la Harper Lee. Les rumeurs les plus folles courent sur « la Fille des marais » de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Pourtant Kya n’est pas cette créature sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. Abandonnée à l’âge de 10 ans par sa famille, c’est grâce au jeune Tate qu’elle apprend à lire et à écrire, découvre la science et la poésie. Mais Tate, appelé par ses études, doit partir à son tour. Et lorsque l’irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même…Un roman passionnant qui fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Le film de Olivia Newman sortira en salles le 17 août prochain.
Le polar a toujours beaucoup de succès parmi les lectures d’été. Le mois dernier, je vous présentais les derniers romans de RJ Ellory ou celui de Camilla Läckberg. Mais c’est Camilla Grebe, une autre princesse suédoise du polar que je choisis aujourd’hui. L’Horizon d’une nuit ( Calman-Levy, février 2022, traduit par Anna Postel) est un thriller captivant et bouleversant. Dans sa grande maison aux abords de Stockholm, Maria vit avec Samir, son nouveau mari, Yasmin, sa belle-fille et son fils Vincent. Lorsque Yasmin disparaît au pied de la falaise, Samir est le principal suspect. Maria ne peut y croire. Pourtant, petit à petit, le doute l’envahit. Les inspecteurs Gunnar Wijk et Ann-Britt Svensson sont chargés de l’enquête. Jamais faux-semblants et mensonges n’auront autant régné. Vous serez tenu en haleine jusqu’à un rebondissement final à couper le souffle.
Lisa Gardner fait partie des valeurs sûres. N’avoue jamais ( Albin Michel, janvier 2022, traduit par Cécile Deniard) est un de ses romans les plus ambitieux sur la famille et ses inavouables secrets. Un homme est abattu de trois coups de feu à son domicile. Lorsque la police arrive sur place, elle trouve sa femme, Evie, enceinte de cinq mois, l’arme à la main. Celle-ci n’est pas une inconnue pour l’enquêtrice D.D. Warren. Accusée d’avoir tué son propre père d’un coup de fusil alors qu’elle était âgée de seize ans, elle a finalement été innocentée, la justice ayant conclu à un accident. Simple coïncidence ? Evie est-elle coupable ou victime de son passé ?
Pour les adolescents, à partir de 14 ans, je vous conseille Sous-sol ( Sarbacane, février 2022) de Martine Pouchain. À la suite d’une catastrophe planétaire, presque toute vie sur Terre a été exterminée. En lisière de village, une famille s’est réfugiée dans le sous-sol de son ancienne maison, où elle vit désormais. Il y a le père, un homme inflexible et pieux ; la mère, patiente et soumise ; et les deux filles, Leslie et Amy, qui n’ont presque plus de souvenirs de la couleur du ciel. Accoutumées à cette existence confinée, elles apprennent les rudiments scolaires auprès de leurs parents, rêvent de princes charmants. Et du jour où elles pourront sortir. Le père est le seul à s’aventurer dehors – avec un masque – pour cultiver les légumes de la serre. Dès que le monde d’En-Haut sera redevenu vivable, on remontera, promet-il. Cependant, à mesure que les filles grandissent, le doute s’installe.