Avec ce tome 6 on retrouve avec joie la famille Faldérault qui, partie pour Marseille, va finalement passer ses vacances estivales à la campagne. Tendresse et sourire assurés.
C’est le merveilleux moment de l’année où l’on charge la voiture de valises, de tentes, de sacs de couchage. C’est le moment du départ en vacances. Pour la sixième fois la famille Faldérault nous invite à partager avec elle cet instant exceptionnel.
Elle nous raconte rétrospectivement, chaque année, leur départ dans un heureux désordre chronologique qui fait de leurs histoires un agréable puzzle où les adolescents vieillissent avant de rajeunir, où le père dessinateur prend du ventre avant de redevenir jeune marié.
Nous sommes en 1970 cette fois-ci et comme pour chaque album, un air musical ressuscite l’époque. In the Summertime accompagne le couple et ses trois enfants parti de Belgique pour les calanques marseillaises, mais plus sûrement pour une ferme près d’Avallon, Les Genêts, arrêt provoqué par un accident de Mam’zelle Estérel, la 4L luxe six places, modèle 62. ET un pare brise de 4L cela ne se trouve pas si facilement même en 1970.
Au lieu de la mer, c’est la campagne que vont explorer nos cinq personnages, désormais familiers. Les ressorts de ces BD nous sont connus : tendresse, naïveté ou fausse naïveté des enfants, évocation d’une époque, personnages typés, comique de répétition. Tous ces ingrédients se retrouvent dans cet opus réussi, après un petit coup de mou dans l’album précédent. La conception, la naissance, la « momosexualité » occupent le coeur de l’histoire avec toujours en toile de fond cette douceur qui raconte par exemple un papa nuage et une maman nuage qui « là-haut dans le ciel se donnent du bon temps ».
Les grincheux raconteront qu’il s’agit de récits politiquement corrects, porteurs de clichés de notre époque. Pourtant la réaction villageoise violente en 1970 à la découverte d’un couple lesbien dans leur communauté rappelle le chemin parcouru en un demi siècle et que rien n’est jamais gagné. La parole donnée aux enfants permet de garder dans la démonstration une forme de légèreté et de naïveté, deux qualités que l’on attend à la lecture annuelle de ces Beaux Etés.
La candeur, la tendresse les dessins de Jordi Lafebre les expriment avec des couleurs douces qui nous font ressentir sous l’ombre tachetée des arbres la chaleur de l’été. Un nez plissé, un clin d’oeil disent beaucoup de choses et tant pis si le récit ne prend pas la forme d’un manifeste, mais a le simple désir de nous faire sourire et de nous inciter à regarder ces petits riens qui font le bonheur quotidien d’une famille en perpétuel mouvement géographique, mais aussi générationnel. Le trait est léger, déterminé et juste, mais jamais ostentatoire ou militant. Montrer le bonheur n’est pas si simple. Zidrou et Jordi Lafebre nous en décrivent les contours avec talent et humour. C’est déjà pas si mal. Et cela nous incite à attendre avec impatience un nouvel album et le début de nouvelles vacances.