Rennes. L’artiste religieuse Lise Mazo expose à la Maison des Filles de Jésus

Lise Mazo

Les 16 et 17 septembre 2023, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, la Maison provinciale des Filles de Jésus, sise 17 boulevard Magenta à Rennes, accueille les œuvres de Lise Mazo. Une rétrospective inédite du travail de cette artiste finistérienne, ancienne enseignante aux Beaux-Arts de Rennes et religieuse. Une oeuvre foisonnante qui témoigne d’une recherche de Dieu à travers la et Sa création.

Aujourd’hui, à 91 ans, soeur Lise Mazo propose au visiteur une vision d’ensemble de ce qui l’a animée tant comme artiste que comme religieuse – elle appartient à la congrégation des Filles de Jésus de Kermaria depuis l’âge de 18 ans. Une double vocation dont les deux pans n’ont cessé de s’enrichir mutuellement au fil des années.

lise mazo
Lise Mazo

Lise Mazo est peintre et sculpteure, diplômée des Beaux-Arts de Rennes. Ancienne assistante de Francis Pellerin (prix de Rome), elle a elle-même enseigné le modelage et la sculpture aux Beaux-Arts de Rennes. A exposé dans plusieurs lieux de Bretagne, à Paris et en Allemagne. Reçu le grand prix de la Ville de Rennes en 1987. Réalisé du mobilier d’art sacré pour plusieurs églises bretonnes.

« La sculpture et la peinture sont deux volets d’une même expression plastique. Ma sculpture renvoie à la figure humaine mais se situe au-delà de l’image ; c’est un espace contemplatif, une respiration silencieuse. Le corps devient pour moi un signe, un symbole. Mon rêve est de rendre perceptible ce qui n’est pas matériel, de retrouver derrière l’énigme des corps, le souffle qui les a traversés… Quant à la peinture, comme dans la sculpture, le geste est essentiel ! Je laisse ma main aller. Le sujet vient très vite à s’effacer, pour laisser place à des compositions de formes et de couleurs, vibration de la lumière, musique de la couleur. C’est la part de rêve que je veux communiquer. »

À voir donc durant les deux jours des journées du patrimoine près d’une centaine d’œuvres de Lise Mazo : croquis et dessins préparatoires, encres, peintures acryliques, collages, sculptures et mobilier sacré.

Qui êtes-vous Lise Mazo ?

Finistérienne d’origine, je suis née à Plovan en 1932, petit bourg de quelques centaines d’âmes. Mais à un an à peine, j’ai dû traverser le chemin qui sépare Plovan de Pouldreuzic pour venir habiter la grande maison neuve que mes parents venaient de construire pour leur déjà grande progéniture puisque j’étais la septième enfant d’une fratrie qui devait en compter 11.

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Quelques souvenirs jalonnent les premières années de mon existence de Pouldreuzicoise en relation avec ma créativité future.

C’est ainsi que vers 6 ou 7 ans, au fond de ce grand verger familial, notre second lieu de vie, je suis quasiment tombée en extase devant une crosse de fougère qui déployait délicatement sa corolle au soleil de mai ou de juin… et pour la première fois de ma vie, je me suis tournée vers le ciel pour remercier le Créateur de cette merveille de la nature…

Un deuxième souvenir allant dans le même sens : âgée de 10 ans environ, j’étais déjà attirée par la sculpture puisqu’on me trouvait souvent occupée à malaxer la terre pour créer de petits personnages que je faisais sécher au soleil. Tout comme à l’école, j’ai toujours aimé le dessin et la couleur. Bien entendu, je ne pensais pas encore envisager un métier d’avenir et cet éveil à la création aurait pu s‘étioler au fil du temps. Mais un parcours inhabituel va me permettre au contraire de le développer.

Lise Mazo

En effet, j’ai entendu l’appel à la vie religieuse aux environs de 18 ans et par chance, je suis entrée dans une congrégation ouverte : les Filles de Jésus de Kermaria, qui, au lieu d’étouffer ce désir de créativité, a su le développer… Avec Anne-Marie, une autre sœur de mon âge, passionnée d’art comme moi, nous sommes entrées aux Beaux-Arts de Rennes.
Cette décision peut paraître singulière aujourd’hui mais à la lumière de Vatican II, des initiatives parfois hardies, sont prises et la congrégation veut donner à ses sœurs un solide bagage artistique.

C’est ainsi qu’avec Anne-Marie, je vais pouvoir quitter le voile et m’inscrire aux cours des Beaux-Arts, ce qui est pour nous, toute une aventure. Plus âgées que les autres étudiants, nous suscitons une certaine curiosité. On nous avait demandé de garder l’anonymat pour mieux nous intégrer ; or, un jour, nous entendons, par derrière, « il paraît que c’est des bonnes sœurs », Anne Marie me dit « tu entends ce qu’ils disent ? » Je me retourne « qu’est-ce que vous dites ? » – « ils disent que vous êtes des bonnes sœurs ; c’est vrai ? « – « Oui, c’est vrai. » – « Eh bien, merde alors. » – « Pourquoi, ça vous gêne?» – « Oh, non, au contraire » – « Eh bien alors, tout va bien. Ce sera comme avant. Rien ne doit changer entre nous. »

Lise Mazo

Et les vieux clichés s’effondrent très vite. Et toutes deux, nous nous sommes créé des relations solides et vraies dont certaines durent encore aujourd’hui.

Aux Beaux-Arts, je choisis l’option sculpture et m’inscris donc dans l’atelier Francis Pellerin, prix de Rome, qui me demande, une fois le diplôme national obtenu, de devenir son assistante. Une initiative encore accueillie positivement par nos responsables. C’est ainsi que j’ai pu enseigner le modelage et la sculpture comme assistante de 1970 à 1980 aux côtés de Francis Pellerin puis comme enseignante jusqu’à 1996. Mon rôle de professeure était d’aider les jeunes à garder l’enthousiasme et la soif d’absolu qui les caractérisent. Il faut armer l’étudiant contre la solitude et l’incompréhension. C’est une formation humaine en même temps que plastique car l’une des grandes valeurs de l’art est d’amener l’homme à se dépasser lui-même.

Lise Mazo

En retraite maintenant, je continue à créer. La sculpture et la peinture sont deux volets d’une même expression plastique. Ma sculpture renvoie à la figure humaine mais se situe au-delà de l’image ; c’est un espace contemplatif, une respiration silencieuse. Le corps devient pour moi un signe, un symbole. Mon rêve est de rendre perceptible ce qui n’est pas matériel, de retrouver derrière l’énigme des corps, le souffle qui les a traversés… Quant à la peinture, comme dans la sculpture, le geste est essentiel ! Je laisse ma main aller. Le sujet vient très vite à s’effacer, pour laisser place à des compositions de formes et de cou-eurs, vibration de la lumière, musique de la couleur. C’est la part de rêve que je veux communiquer.

Lise Mazo

J’ai aussi eu la chance d’avoir été appelée par les commissions d ’art sacré pour créer des mobiliers liturgiques : autels, ambons, tabernacles, dont deux dans le Finistère : Ergué-Armel et Concarneau, ce qui m’a fait découvrir d’autres valeurs que « la valeur d’usage » et m’a permis une relation très enrichissante avec le monde de l’Église, des paroisses et des entreprises. Fonderie, marbrerie, ébénisterie se montraient passionnées par ce travail original et surtout sortant de l’ordinaire.

Patrons et ouvriers étaient présents le jour de l’inauguration du mobilier liturgique de l’église concernée, heureux d’avoir participé à une création religieuse, une œuvre d’éternité en quelque sorte.

La Maison provinciale des Filles de Jésus : un bâtiment à découvrir

L’exposition des œuvres de Lise Mazo est aussi l’occasion de découvrir le bâtiment qui héberge l’atelier de l’artiste : la Maison provinciale des Filles de Jésus. Situé au 17 bd Magenta à Rennes, entre la gare et les Champs libres, en plein centre ville, il a été construit en 1993 tout exprès pour la congréga- tion (fondée au XIXe siècle) par l’architecte rennais Hervé Perrin. Un édifice de béton brut percé de fines vitres, rarement ouvert au public. « Son intériorité, en opposition avec l’agitation du quartier, interpelle par son calme monacal, sa lumière éthérée et sa matérialité première », fait valoir l’architecte.

maison provinciale fille jesus

LA MAISON PROVINCIALE DES FILLES DE JÉSUS, 17 BOULEVARD MAGENTA, RENNES

contact@espace-lisemazo.fr

tel : 0299308577

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