Depuis 40 ans, Marc Blanchard sillonne les routes des Côtes-d’Armor accompagné de son alambic. Tout au long de l’année, le distillateur transforme le cidre en eau-de-vie pour le plus grand bonheur des habitués. Gardien d’une longue tradition familiale, il est aujourd’hui l’un des derniers distillateurs ambulants de Bretagne.
Avec son visage chaleureux et son allure joviale, Marc Blanchard est un personnage bien connu de la région. Le distillateur ambulant parcourt les villages de Lamballe pour y faire chauffer son précieux alambic, une machine cuivrée semblant sortir tout droit d’un film de Georges Méliès. Un spectacle pour lequel se pressent les habitants émerveillés, parfois accompagnés de leur famille. Ils emmènent leur bouteille de cidre que ce magicien fait bouillir pour en faire de l’eau-de-vie. Une boisson populaire qui témoigne de l’importante culture fruitière locale.
Auprès de lui, les habitants viennent chercher un savoir-faire traditionnel, mais aussi l’occasion de partager un moment de convivialité autour d’un verre. Chacun se retrouve pour venir écouter les blagues et les anecdotes de Marc Blanchard. Avec une bonne humeur caractéristique, le vieil homme raconte l’histoire d’une activité très attachée au patrimoine rural.
Cette histoire se transmet dans la famille de Marc Blanchard depuis trois générations. 120 années pendant lesquelles le métier de distillateur ambulant a pu perdurer au fil des successions entre père et fils. Or, la profession est aujourd’hui en voie de disparition et peine à trouver une relève. Cet effondrement s’explique par le fait que ce métier est devenu peu lucratif, mais il est également lié au durcissement des règles de distillation face à l’industrialisation du processus de fabrication de l’alcool.
Marc Blanchard est le dernier distillateur de sa famille et l’un des derniers distillateurs ambulants d’eau-de-vie de Bretagne. Il prendra sa retraite après avoir fêté ses 62 ans, à la fin de l’année 2021, sans avoir pour le moment trouvé un successeur… Pour beaucoup, son départ signifie la fin d’un chapitre de l’agriculture artisanale bretonne et plus largement française. Un héritage humain et vecteur de liens sociaux qui en passe de disparaître.