Michael Zadoorian > Le Cherche-bonheur > Une quête épique, tragique et… comique

Le Cherche-bonheur, sobriquet évocateur et ô combien prometteur pour un camping-car ! C’est à son bord que John et Ella entreprennent leur dernier périple. Tous deux en fin de parcours, ils bravent les oppositions familiales et médicales pour respirer leurs dernières bouffées d’oxygène et de liberté. L’histoire de ce récit, c’est celle du verre à moitié vide ou à moitié plein.

Le lecteur pourra ressentir cette histoire comme un hymne à la vie, une belle invitation à appliquer la sage maxime du carpe diem. Il plongera alors dans une épopée tragicocomique aux côtés de deux petits vieux qui se connaissent depuis tant d’années que même le silence est devenu une forme de communion entre eux. Plein de tendresse et joyeusement pimenté par un humour caustique, Le Cherche-bonheur a des accents évocateurs de voyage initiatique qui se termine en apothéose. Avec, en point d’orgue, une certaine conception du bonheur.

Il est également possible de percevoir dans ce livre le récit prémonitoire et sordide d’une déchéance physique (Ella) et mentale (John) dans sa plus terrible acception. Une scène de plusieurs pages nous submerge d’horreur tant la détresse y est palpable pour ces deux individus démunis, livrés à eux-mêmes et en prise avec l’ampleur des dégâts causés par la maladie. Dans ce cas, difficile de trouver une once d’optimisme et d’espoir au volant du Cherche-bonheur et c’est le cœur serré qu’on referme ce roman.

La vie, avant d’être une fin, est un long chemin. Et Le Cherche-bonheur en explore un qui vaut la peine de s’y attarder.

A conseiller si…

… la vieillesse et ses maux ne vous effrayent pas. Vous passerez un moment réjouissant et épique en compagnie de ce couple uni face à tant d’adversité.
… pour vous, au contraire, « vieillir » rime plus avec « mourir » que « sourire ». Ce n’est pas faux, tant il est vrai que l’issue de la vie est assez inéluctable, n’est-ce pas ? Mais Ella s’attache à vivre ses derniers instants avec une joie de vivre qui force l’admiration.

Extraits :

Une savoureuse remarque d’Ella sur la notion du mariage :

Nous avons toujours considéré notre couple comme une équipe. Aucun n’était plus important que l’autre. Je n’ai jamais été à la botte de John, à l’instar de certaines. Il voulait un sandwich ? Il n’avait qu’à lever ses fesses et aller se le préparer lui-même. De ce point de vue, nous étions à l’avant-garde. Il s’agit du mariage, pas d’une servitude sous contrat.

Vieillir ensemble, c’est aussi cela :

Que nous ne disions rien me va très bien. Parler romprait le charme. L’espace d’un instant, je suis si heureuse que je pourrai pleurer. Voilà exactement le genre de chose qui fait que j’aime tant voyager, et que j’ai désobéi à tout le monde. Nous deux réunis comme nous l’avons toujours été, sans rien dire, sans rien faire de particulier, simplement « en vacances ». Je sais bien que rien ne dure mais, quand on sait que le film va bientôt se terminer, on a parfois la possibilité de rembobiner et d’en prendre un peu sans que personne ne le remarque.

Hélène

[stextbox id=”info” color=”0033cc” bgcolor=”ffff33″]

Le cherche-bonheur, Michael Zadoorian (Auteur), Jean-François Merle (Traduction), Fleuve noir, oct. 2010, 249 p. 19€

[/stextbox]

Article précédentL’OPA de l’industrie des Medias sur la créativité est le vrai piratage
Article suivantRaspberry Pi, Un mini ordinateur à 25 € !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici