L’éditeur rennais Goater, dans sa collection GOATER COMIX, publie un ouvrage à mourir de rire. C’est le dessinateur et humoriste rennais Michel Heffe (bien connu de notre rédaction !) qui est à l’honneur. Si vous n’avez pas la patience d’attendre la semaine prochaine de découvrir cette sympathique Ma copine la mort dans toutes les bonnes librairies, venez retrouver Michel Heffe s’adonner à de gratifiantes séances de dédicace les 24 et 25 mars 2018 au festival rue des livres de Rennes. Mais, voilà, chers chanceux, qu’Unidivers a traversé le Styx pour vous en rapporter quelques bonnes pages !
Permettez-nous de vous présenter Michel Heffe. De son vrai nom Michel Deligne, il a préféré ce léger pseudo puisqu’un autre humoriste homonyme signait déjà ses œuvres du même nom. Pourquoi Heffe nous direz vous ? Simplement parce que son second prénom est Félix…
Né le quatre mars 1947, Michel Heffe est un souriant septuagénaire qui profite de sa retraite de professeur pour se consacrer au dessin et au journalisme. Mais avant d’en arriver là, il a eu une longue carrière professionnelle. Remontons le temps, si vous le voulez bien, de quelques décennies…
Après avoir largement satisfait à ses obligations militaires, à l’appel du clairon, il préfère celui de la littérature. Il entame un très respectable cursus par correspondance qui aboutit à son entrée à la Sorbonne, en lettres modernes. A la stupéfaction générale, il manifeste le souhait d’étudier plutôt en Bretagne qu’à Paris. C’est donc à La fac de Rennes 2 qu’il obtiendra le sésame (c’est-à-dire son agrégation) ouvrant une carrière d’enseignant.
Il enseignera pendant onze ans au lycée Bertrand d’Argentré à Vitré ; il donne en même temps, des cours de linguistique à la Faculté de lettres. Vous vous demandez sans doute quand donc nous parlerons de dessin. Patience ! Avec son épouse, il s’inscrit au Tandem club de France et parcourt avec un plaisir sans égal les routes de la belle campagne bretonne. Il en profite pour dessiner tous les petits incidents et autres scènes comiques parce qu’inattendues, qui se produisent pendant ces escapades.
C’est à l’occasion d’une de ces errances bi-vélocipédique qu’il a la chance de rencontrer Jacques Faizan, dessinateur humoristique du Figaro, bien connu du grand public. Celui-ci lui conseille d’éditer, sous forme de recueil, les dessins créés pendant ses promenades. Et, plutôt bon prince, Jacques Faizan lui rédige une préface, censée ouvrir les portes et le portefeuille de l’éditeur. Que nenni ! La maison Denoel lui oppose une fin de non-recevoir au prétexte que le vélo eut été un instrument plus porteur. Un vélo plus porteur qu’un tandem ? De qui se moque-t-on !
Même s’il se dit amateur des dessinateurs des années 1950-1960, à l’humour souvent grinçant, comme Bosc et Chaval, ou dans un genre plus surréaliste COPI, Michel Heffe a développé son propre style : la ligne teintée d’humour vient souligner les caractéristiques du personnage dessiné. Nous en voulons pour preuve l’album édité en 1987 et intitulé « Bretagne en tête à tête » où il croque, de façon à la fois réaliste et satyrique, les Bretons d’extrême droite de la dernière guerre.
Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, vous allez avoir la chance de faire connaissance avec le truculent personnage créé par Michel Heffe en la personne de « Madame Georges ». Elle vous invite à passer un moment avec elle et celle qu’elle appelle affectueusement « Ma copine la mort ». C’est, en effet, le titre de ce nouvel opus. Au fil des cinquante pages qu’il contient, vous découvrirez notre Ankou recevoir, tel un psy, Madame Georges sur son canapé vert, l’invitant à siroter un « Southern confort ». Il faut savoir que c’était le whisky préféré de la regrettée Janis Joplin, à laquelle, en grand admirateur, Michel Heffe a dédié sa nouvelle création.
Quand il observe le regard que nous portons sur la mort, Michel Heffe évoque avec un malicieux sourire aux lèvres, l’attitude qui semble la plus courante : une sorte de politique de l’autruche. C’est une tout autre autre manière de voir les choses, celle que propose airb’nb qui vous permet de dormir une nuit dans un cercueil, placé dans l’une des nombreuses chambres du château du conte Dracula. C’est d’un goût exquis ! Enfin vient la façon de Madame Georges, qui, fataliste, essaye d’apprivoiser la mort, se risquant jusqu’à lui demander : Est-ce que je peux essayer….simplement pour voir ?
C’est plein d’humour, de fraîcheur, alors n’oubliez pas de le réserver dans votre librairie ou de l’acquérir samedi et dimanche au festival rue des livres aux Gayeulles. Rendez-vous à Michel Heffe !