RENNES. MIEL DE MONTAGNE À DÉGUSTER DANS UN TRANSAT EN VILLE

Invité carte blanche des Transmusicales à Transat en ville, Miel de Montagne donne un concert jeudi 15 août 2019 au Parc de Beauregard (Rennes). En juin 2018, cet artiste atypique posait les premiers jalons de sa carrière musicale avec la sortie de  l’EP Petit garçon. Il confirme son talent avec la sortie, en avril dernier, d’un album, Miel de Montagne LP, où il dévoile une chanson électro-pop rafraîchissante. Ses concerts pleins de bonnes vibrations sont l’occasion pour lui de répandre les rayons de miel et de soleil de son unidivers !

miel de montagne, rennes
Photo: Edouard Sanville

La vie de Miel de Montagne est baignée de musique depuis sa plus tendre enfance, comme l’explique Mathieu Gervais, assistant programmation des Trans.

Mathieu Gervais
Mathieu Gervais

De son vrai nom Milan Kanche Daudin, ce jeune homme de 24 ans est le fils de Marcel Kanche, musicien et parolier à qui l’on doit des textes pour Matthieu Chédid alias -M- ainsi que Vanessa Paradis. Alors qu’il n’a que 5 ans, il découvre la batterie en participant à un concert de son père et apprend la pratique de l’instrument pendant 14 ans. Sa vocation de musicien et de chanteur s’est davantage précisée à l’âge de 8 ans, en tant que spectateur admiratif de -M-, à plusieurs de ses concerts. Ce n’est qu’à l’adolescence, après avoir envisagé une formation en bande dessinée aux Beaux Arts, que Milan décide de se consacrer entièrement à la musique. Il devient ainsi batteur dans divers groupes à tendance rock, avant de se tourner vers l’électro.

À 19 ans, il se fait connaître comme DJ, sous le nom de Tell mixant de la house music dans des soirées organisées dans plusieurs boîtes de nuit de la région parisienne. Mais il nourrit de plus en plus l’envie de s’illustrer dans un registre plus orienté pop et chanson.

Toujours actif sous son alias de DJ et producteur, Tell était invité à l’édition d’hiver 2019 du festival Astropolis, où il a également joué exceptionnellement un live sur ananas avec ses amis de 16 Pineapples.

Au bout de 4 ans, en 2017, saturé par le tumulte de la vie parisienne et ses nuits passées dans les clubs, il quitte un temps la capitale et part se réfugier chez ses parents dans une petite maison entre Niort et La Rochelle, afin de mieux créer ses chansons.

Il compose tout d’abord quelques morceaux dont « Pourquoi pas », le premier d’entre eux qui lance véritablement son projet et le fait connaître du grand public. C’est d’ailleurs à la fin de l’enregistrement de cette chanson qu’il tombe sur un pot de miel conçu par son oncle apiculteur en Haute-Savoie. Une madeleine de Proust qui lui permet de trouver son nom d’artiste: Miel de Montagne.

Puis, par l’intermédiaire de l’artiste électro Jacques, un de ses amis, il signe sur le label Pain Surprises, sur lequel paraît le 15 juin 2018 son EP Petit garçon. Un an plus tard et après plusieurs concerts, il affine encore davantage sa démarche artistique, et, en avril dernier, sort son tout premier album sobrement intitulé Miel de Montagne. Entre temps, l’artiste a été rejoint par le claviériste Diego Ribes. Il poursuit actuellement une tournée qui s’achèvera en février 2020 par un passage à La Cigale à Paris. Mais une Cigale en hiver ne vaut pas une Rennes en été ! Le musicien fera goûter ses chansons ce jeudi 15 août aux spectateurs du festival Transat En Ville de Rennes, à l’invitation des Transmusicales pour leur carte blanche.

miel de montagne, rennes
Photo: Gabriel Maydieu

Au premier abord, on remarque que Miel de Montagne déploie dans ses chansons une esthétique lo-fi marquée par des boucles de motifs et de mélodies souvent très concises qui laissent place à beaucoup de moments de respirations. C’est notamment le cas dans les quatre chansons de l’EP Petit garçon, dont le morceau titre en est un parfait exemple avec ses nappes d’accords jouées au synthétiseur.

A l’exception, peut-être, de « Pourquoi pas » au registre plus orienté house, dans laquelle il superpose successivement les différentes parties musicales les unes aux autres et recourt au filtre passe-bas [qui laisse passer les basses fréquences et atténue les hautes fréquences, NDLR]. Il y a ainsi élaboré une instrumentation un peu plus dense que sur les autres titres, qui atteste de l’influence de l’électro dans son éducation musicale. De même, certains éléments omniprésents dans ses morceaux, en particulier les boîtes à rythmes et les basses toujours jouées au synthétiseur, sonnent comme héritées de la new wave et de la pop des années 80. Des références musicales rétro qu’il s’amuse à manier avec une bonne dose de second degré et par le biais de contrastes. On le remarque principalement à l’écoute de « J’y peux rien » et surtout de « Permis B bébé », dans laquelle sa voix prend des accents faussement sensuels et dont le propos tourne en dérision la drague à l’ancienne au volant d’un « joli coupé ». D’un point de vue instrumental, ce morceau se caractérise par un groove irrésistible et fait également entendre un court riff en notes piquées réalisé par Milan à la guitare électrique, dans un style rappelant les guitaristes de la période disco comme Nile Rodgers de Chic.

De manière plus générale, les compositions de Miel de Montagne lui permettent de mettre en avant un style musical décontracté, porté par sa voix douce et quasiment toujours nonchalante. Cet aspect lui a souvent valu d’être comparé au musicien et chanteur canadien Mac DeMarco, dont Milan cite souvent l’album This Old Dog (2017) parmi ses multiples inspirations. Mais sur d’autres titres comme « Slow pour mon chien » ou « Pour rien au monde », son phrasé et ses parties mélodiques en voix de têtes rappellent celle de Christophe dans ses chansons comme « Succès fou » et « Les mots bleus ». De même, dans « L’amour », ses inflexions vocales plus scandées explorent à la fois le registre grave et aigu, rappelant parfois le style de Fishback dans son album À ta merci.

Mais derrière cette expression légère et cette apparence naïve, Milan révèle par moments des thématiques davantage marquées par un léger désenchantement. De fait, l’artiste a choisi de dédier son « Slow pour mon chien » à son fidèle compagnon, dont le vieillissement lui a davantage fait prendre conscience du temps qui passe. On peut également interpréter « Petit garçon » comme une façon de dévoiler une part plus nostalgique de son univers musical. Il y retransmet en effet une atmosphère plus mélancolique que semblent souligner les nappes d’accords joués au synthétiseur dans le registre grave et en tonalité mineure. Dans le même temps, sa rythmique électronique incessante paraît illustrer cette course poursuite énigmatique, évoquée en quelques mots par Milan dans les paroles de la chanson:

Petit garçon je courais
Derrière ma réalité.

Pour autant, l’essentiel des chansons de Milan reste traversé par la rêverie, aspect renforcé par son utilisation parfois généralisée des procédés d’écho et de réverbération. Ainsi, bien que sa chanson « Pourquoi pas » ait été interprétée comme une ode au nudisme, il la décrit plutôt comme une incitation au rêve et au fantasme dans sa dimension la plus large. Cet aspect fantasmagorique va presque toujours de pair avec le sentiment amoureux, qui occupe une place de choix parmi les thématiques de ses chansons et y prend des contours différents d’une chanson à l’autre. De façon explicite, Miel de Montagne l’exprime sous la forme de l’extase dans « Cette fille », dans la ballade « Pour rien au monde » et surtout dans « Plus le même ». De même, certaines de ses instrumentations retraduisent des atmosphères éthérées et flottantes, aux notes desquelles on se laisse porter. Parmi elles, on retient par exemple « Le soleil danse » à l’instrumental plus acoustique et dans laquelle il nous propose une immersion dans une ambiance véritablement apaisante et planante, alliant onirisme et sensualité.

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre. Ce qui transparaît dans la musique de Miel de Montagne, c’est une véritable invitation au lâcher prise, en vertu de laquelle il nous inspire encore plus de sympathie. Son credo: un peu de douceur à distiller et surtout une bonne humeur qu’il parvient à transmettre à qui veut la prendre. Nous pouvons donc lui faire confiance pour ensoleiller le Parc de Beauregard jeudi prochain. Et tout bien considéré, il semble que les transats soient plus que jamais appropriés pour l’occasion !

Miel de Montagne sera en concert gratuit au Parc de Beauregard à 20h30, dans le cadre du festival Transat En Ville.

miel de montagne, rennesLes Bretons pourront aussi le voir le 27 septembre au festival Baisers Volés à Saint-Malo et à l’Ubu (Rennes) le 25 octobre.

Son album Miel de Montagne, sorti le 5 avril dernier chez Pain Surprises, est toujours disponible.

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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