Misja Fitzgerald Michel est un guitariste de jazz qui a déjà quatre albums à son actif. Il peut se vanter de jouer avec Ravi Coltrane (oui, le fils de son père). Son dernier album en date Time of no reply est un album de reprises instrumentales de Nick Drake. C’est l’exposé vivant de cet album qui constituait cette soirée du mercredi des Tombées de la Nuit en la chapelle Saint-Martin.
« Pour un festival axé sur la créativité et l’inventivité, les organisateurs auraient pu trouver mieux qu’un concert [fut-il court, une heure] en hommage à un chanteur-guitariste de folk et de blues décédé à 26 ans et dont tout le succès [quasi mythique pour certains] est entièrement posthume ». Ce fut le point de vue de certains rabats-joie. Il ne faut pourtant préjuger de rien. De fait, les spectateurs qui se sont pressés s’attendaient à la montée en puissance de cette nostalgie intangible présente dans les trop rares chansons de Drake, à palper ce spleen à la langoureuse beauté. Surtout que le magnifique lieu qu’est la chapelle Saint-Martin s’y prêtait parfaitement.
Hélas, malgré quelques moments de réelle beauté musicale, dus en particulier à la participation inventive du violoncelliste Olivier Koundouno, l’ensemble était trop impersonnel, trop joué. La tension émotive des compositions de Drake était absente. Le jeu de guitare était par trop classique et conventionnel. Sans cette étincelle de blues. Sans ces sonorités un peu rêches d’un folk enraciné. (Drake descendait d’une authentique tradition et jouait les compositions de sa mère par exemple.) Et puis, plutôt que quelques anecdotes sur la brève vie de Drake, cet hommage aurait mérité une présentation des morceaux : donner leur titre, évoquer le contenu des paroles, les intentions de leur auteur, sa sensibilité…
Dommage.
Thierry Jolif