Mohican faisait paraître un nouveau clip le 13 juillet 2022. Issu du premier album du groupe rennais, Les Autres, le morceau « L’Homme moderne » se voit offrir une version en images par Loïc Loew. Ce dernier y représente la vaine tentative d’échapper aux carcans de notre monde à une époque d’état d’urgence permanent.
Et un nouveau clip pour Mohican ! Après la parution de son premier album, Les Autres, en juin 2022, le groupe rennais mené par Lucas Elzière confiait à son claviériste Loïc Loew, également vidéaste, le soin de réaliser le clip du morceau « L’Homme moderne ».
Mohican est un projet musical que le musicien Lucas Elzière mûrit depuis une dizaine d’années. Trompettiste de métier, il écrit des chansons depuis l’adolescence et c’est tout naturellement qu’il décide de les associer à ses compositions à la MAO (musique assistée par ordinateur), avant de s’entourer d’une formation de musiciens. « Même si je l’ai créé tout seul dans ma chambre avec mes machines et mon ordi, depuis le début, c’est un projet que j’imaginais défendre à plusieurs sur scène », raconte-t-il. Il fait d’abord la connaissance du bassiste Stéphane Rama, avec lequel il commence à jouer. Ce dernier lui fait rencontrer le batteur Ronan Després, qui à son tour leur présentera le claviériste Loïc Loew. En s’appropriant les partitions de Lucas, chaque musicien y glisse sa sensibilité, son univers, « ce qui amène forcément une couleur différente », précise-t-il.
La formation s’appellera Mohican. Plus qu’une fascination pour la tribu amérindienne immortalisée par James Fenimore Cooper, c’est d’abord l’euphonie du mot qui séduit Lucas Elzière. Mais l’imaginaire convoqué par le mot n’est pas pour lui déplaire. « J’aime l’idée de me mettre du côté de ce peuple et de ses valeurs, le rapport à la nature, la tribu », précise le chanteur. Ancien étudiant en sociologie, Lucas voit le groupe de musique comme une sorte de tribu. « C’est un univers social particulier : on mange ensemble, on dort, on fait la fête, de la musique, on est engagés affectivement là-dedans. Ce sont des liens qu’on retrouve peu dans d’autres types de taf », observe-t-il.
Après un passage aux Trans Musicales de Rennes en 2019, Mohican sort son premier album, Les Autres, en juin 2022. Il regroupe les deux premiers EP de la tribu et des morceaux inédits. Parmi ceux-là, « L’Homme moderne », un morceau à l’instrumentale électronique effrénée et dont la construction s’inspire d’artistes tels Stromae et Gaël Faye : « associer des beats dansants à un texte mélancolique, voire dramatique », précise Lucas Elzière.
Et tant pis pour les cages en or, c’est toujours mieux que rien
Tant pis pour le marquage au corps, il nous reste nos poings
Sûr qu’il faudra des sages encore pour ouvrir des chemins
Et recouvrir des pages d’accords dans des livres sans fin
Paroles « L’Homme moderne », Mohican
Selon le chanteur, les paroles du morceau résument plutôt bien ce qu’il a tendance à faire à travers ses textes : « parler de nous tous, de la question sociale, de notre rapport au monde, à ce qui nous entoure ». Mais le parolier cherche aussi à mettre en question la posture de la critique sociale. « On est tous un peu dedans, un peu dehors, en train de dénoncer et en même temps d’en profiter, dans des situations paradoxales et ambiguës », poursuit-il.
Le 13 juillet 2022 paraissait le clip de « L’Homme moderne », tourné au studio des Arts Numériques de Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) et sur la plage d’Erquy (Côtes-d’Armor), et réalisé par Loïc Loew, déjà à l’origine de celui d’« Un jour ». Le claviériste, vidéaste de métier, avait toute liberté pour proposer son interprétation visuelle du morceau. Dans cette fable symboliste, le principal comédien, Lucas Elzière, entouré et dorloté par des formes humanoïdes anonymes, tente d’échapper à cette emprise a priori confortable, mais pleine d’un malaise indicible. L’environnement aux couleurs chaudes, mais artificielles, se révèle une atmosphère mortifère. Les jouets pour enfants qui parsèment le clip, lui donnant des airs à la Tim Burton, n’apportent plus leur réconfort habituel mais apparaissent comme les oripeaux futiles d’un monde aux illusions perdues, où l’homme moderne, l’humain, se retrouve finalement seul face à soi et ses dérives.