Mort et désir… Après Eros, Thanatos : l’Ankou breton est toujours proche. Madame Georges – période oblige – vous présente ses étranges et réguliers contacts avec son amie… la mort.
Madame Georges a bien un petit trou à la porte de son appartement ; mais elle ne regarde jamais dedans. Quand on sonne à sa porte, elle ouvre, sans crainte, ne serait-ce que pour laisser entrer un peu d’air frais. Justement, ce soir on sonne à la porte. Les commerciaux de chez Macron sont déjà passés. Les pompiers et le facteur avec leurs foutus calendriers, c’est encore trop tôt. Qui ça peut bien être ? Les déguisés d’Halloween et les travestis de Jéhovah, c’est possible. C’est la période où ils sortent. Ils vont pas être déçus…
Eh bien non, rien de tout ça. Devant Madame Georges, dans l’encadrement de la porte, se tient une petite chose habillée dans une espèce de sac à pommes de terre rapiécé. Une capuche et un trou noir à la place de la tête. A la main un grand truc rouillé, genre faux de l’ancien temps. « Je suis la mort » dit-elle. Elle n’a vraiment pas l’air de rigoler, la p’tite mère. Mais Madame Georges n’est pas fille à s’en laisser compter. Pensez donc : vingt ans crêpière à Sainte Anne la Palud, un taux de cholestérol de cétacé et une sexualité sans répit. Après Eros, Thanatos donc.
Que faire quand la mort sonne à votre porte ? Alors, tout naturellement, Madame Georges l’invite à boire un verre chez elle. Autour d’une bouteille de Southern Comfort, elles vont apprendre à mieux se connaître. Quoi de mieux que l’humour – a priori bien étranger à cette sinistre situation – pour découvrir que la mort est comme nous, soumise aux mêmes tracas que nous, à la même routine quotidienne, avec aussi les mêmes angoisses… La mort n’est plus une étrangère, venue d’on ne sait où. Elle fait partie de notre monde. Finalement, qu’on le veuille ou non, la mort c’est nous, encore nous, pourrait-on dire, et bien entendu pour le meilleur et pour le rire.