Comme tous les 2 ans, Paris accueille la grand-messe de l’automobile. Le Mondial de l’automobile 2012 se tient Porte de Versailles du 29 septembre au 14 octobre. Avec les durées nécessaires au développement des véhicules, il s’agit d’un véritable salon de la crise. Conservatisme et recettes éculées y étouffent toute créativité. Ce qui n’a rien de réjouissant pour le visiteur qui gagnera à passer son chemin et aller faire un tour à la campagne en auto.
Certes, il y a quelques nouveautés dans ce Mondial de l’automobile 2012. Mais l’ensemble brille par un conservatisme radical et une médiocre réutilisation de recettes à succès. Au nombre des stars : la nouvelle Renault Clio 4, en fait consensuelle et passe-partout, et le best-seller européen Volkswagen Golf, dans une septième édition qui cache ses nouveautés à l’intérieur plutôt que dans une robe dotée sur son pourtour d’un pli de tôle façon Audir. Il ne s’agit pas de conquérir le consommateur, mais de conserver l’existant !
La plus réjouissante aurait pu être l’Opel Adam mais, à y regarder de près, elle fait furieusement penser à la Fiat 500 avec le toit effet « flottant » de la Citroen DS3. La nouvelle Seat Leon a perdu le piquant qui fit les beaux jours de la marque. Et la palme du restylage raté revient à Toyota qui n’arrive décidément pas, en Europe, à se fixer un style et une ligne commerciale.
Les tendances techniques font mieux (ou moins mal). Notamment, avec l’arrivée de petits modèles de SUV, marché lancé par Suzuki et Toyota avec son premier RAV4 il y a plus de 15 ans, mais déserté par ce dernier d’une manière tout à fait incompréhensible. Peugeot 2008, Mini Paceman ou encore future Renault Captur à venir, les petites se font « premium » en sortant des sentiers battus ; encore que l’absence de transmission 4×4 les limite à la montée des trottoirs du 16e arrondissement…
La tendance électrique s’affirme timidement. Les premières ventes n’étant pas encore au rendez-vous en Europe faute de flottes d’entreprise suffisantes. Les marques premium allemandes continuent de descendre en gamme et d’investir les marchés de niche, rejoignant ainsi les marques généralistes qui investissent à leur tour le premium. On parle de plus en plus de voitures connectées avec internet à bord en 3G (bientôt 4G?).
La véritable tendance serait à voir du coté…. allemand avec une rationalisation des plateformes visant à s’adapter à n’importe quelle motorisation au moindre coût et à la réutilisation du meilleur des solutions du passé – objectif : optimiser le coût du véhicule et des pièces détachées. C’est aussi quelque chose qui fait partie de la culture d’entreprise japonaise, mais qui s’était perdu chez un Toyota imbu de son succès.
Côté concept-car, c’est le vide ou presque. La Peugeot Onyx rappelle des vieilles gloires de Bertonedes années 70 avec l’illusion
de la nouveauté par l’utilisation de cuivre. La Smart ForStars ressemble à la Citroen Cactus d’il y a 4 ans (les feux arrière sont repris à la DS3). Le Nissan Terra modernise les lignes massives du bon vieux Patrol, assaisonné de feux à la Juke. Pour le reste, il s’agit surtout de faux concept et de vrais futurs modèles maquillés. Le visiteur pourra toujours rêver avec une nouvelle Ferrari, McLaren ou Jaguar.
Quelle morne ambiance dans ce salon passéiste et immobile, hautement dénué de créativité ! Un Mondial de l’automobile qui persiste à utiliser des hôtesses sexies pour prolonger une vision machiste et dépassée du monde automobile. Paris 2012 est à ranger au même titre que les Detroit 2010 ou Tokyo d’après crise… dans l’oubli.