Mostra de Venise 2025 : Glamour, empathie et audaces au Lido

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venise mostra 2025

Chaque fin d’été, Venise se transforme en scène flottante où cinéma, mode et géopolitique jouent leur partition. La 82e édition de la Mostra (27 août – 6 septembre 2025) confirme son double statut : laboratoire artistique et vitrine glamour. Cette année, le maître-mot est clair : empathie.

Une ouverture en douceur et en majesté

Paolo Sorrentino a inauguré la compétition avec La Grazia, fresque intime et lyrique, avant qu’un moment d’histoire ne vienne bouleverser le public : Werner Herzog a reçu le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière. Une célébration de la démesure visionnaire, du documentaire halluciné à l’odyssée improbable.

✦ Tendances Cinéma

  • L’empathie comme ligne directrice : des films qui cherchent à réconcilier plutôt qu’à diviser.
  • Hollywood en force : George Clooney, Julia Roberts, Emma Stone, Kathryn Bigelow, Noah Baumbach.
  • La politique par le prisme du cinéma : Le Mage du Kremlin d’Olivier Assayas promet d’alimenter débats et éditoriaux.
  • Nouveaux horizons : Aboozar Amini (Kabul, Between Prayers), Valérie Donzelli, Benny Safdie apportent fraîcheur et hybridation des formes.
venise mostra 2025

Le tapis rouge : un catwalk planétaire

Au Lido, chaque montée d’escaliers devient une déclaration de style. Cette année, la mode s’impose comme un prolongement des récits : le noir et blanc sculptural de Tilda Swinton en Chanel, l’ivoire solaire d’Emma Stone, l’or opulent d’Amal Clooney.

La tendance 2025 : l’alliance de l’épure et du spectaculaire, comme si la mode voulait épouser le ton d’un festival à la fois léger et profond.

✦ Tendances Mode

  • Transparences audacieuses (Barbara Palvin, Kim Kardashian).
  • Épure androgyne (Saint Laurent, Loewe).
  • Baroque assumé (Valentino, Prada, Armani).
  • Duos générationnels : Heidi Klum et sa fille Leni ont incarné la transmission glamour.

Quand la politique s’invite au Lido

Derrière les robes et les flashs, Venise n’oublie pas les fractures du monde. Le festival assume son rôle de caisse de résonance : les films choisis parlent autant de mémoire que de pouvoir.

Le choix de projets engagés — de la Russie contemporaine à l’Afghanistan, en passant par des fresques sociales européennes — montre que le cinéma vénitien reste un art politique, sans céder au didactisme.

✦ Tendances Politiques

  • Russie en question : Le Mage du Kremlin, film-événement d’Olivier Assayas.
  • Guerres et mémoires : films afghans, ukrainiens et méditerranéens interrogent le présent.
  • Figures résistantes : la rétrospective Herzog rappelle l’importance de l’art comme contre-pouvoir.

L’esprit du Lido : un art de vivre

Au-delà des projections, la Mostra est une expérience sensorielle : le clapotis de la lagune, les vaporetto bondés de journalistes, les dîners improvisés sous les lanternes du Lido. On y parle autant de mode et de politique que de plans-séquences et de casting.

L’édition 2025 est fidèle à son ADN : un festival hédoniste et réfléchi, où l’on célèbre autant la grâce des images que la force des récits.

La Mostra 2025 réussit une synthèse rare : légèreté, glamour et profondeur. En offrant à Herzog un Lion d’or, en célébrant Sorrentino, en mettant à l’honneur des jeunes voix audacieuses, Venise s’impose comme un lieu de passage obligé — non seulement pour les cinéphiles, mais aussi pour les amateurs de style et d’idées.

Venise flotte, mais elle avance.

Parmi les films sélectionnés
Compétition
– A pied d’œuvre, de Valérie Donzelli, photographié par Irina Lubtchansky, AFC
– Duse, de Pietro Marcello, photographié par Marco Graziaplena, AFC
– La grazia, de Paolo Sorrentino, photographié par Daria D’Antonio, AFC, CCS (film d’ouverture)

Hors compétition
– Chien 51, de Cédric Jimenez, photographié par Laurent Tangy, AFC
– Dead Man’s Wire, de Gus Van Sant, photographié par Arnaud Potier, AFC

Orizzonti
– Un anno di scuola, de Laura Samani, photographié par Inès Tabarin, AFC

Compétition Orizzonti Courts métrages
– La Ligne de vie, de Hugo Becker, photographié par Tommaso Fiorilli, AFC, SBC.

Et aussi…
Compétition
– A House of Dynamite, de Katryn Bigelow, photographié par Barry Ackroyd, BSC
– Bugonia, de Yorgos Lanthimos, photographié par Robbie Ryan, BSC, ISC
– L’Étranger, de François Ozon, photographié par Manu Dacosse, SBC
– Father Mother Sister Brother, de Jim Jarmusch, photographié par Frederick Elmes, ASC, et Yorick Le Saux
– Frankenstein, de Guillermo del Toro, photographié par Dan Laustsen, ASC, DFF
– Le Mage du Kremlin, de Olivier Assayas, photographié par Yorick Le Saux
– Orphan, de László Nemes, photographié par Mátyás Erdély, ASC, HCA

Orizzonti
– Grand ciel, de Akihiro Hata, photographié par David Chizallet
– The Souffleur, de Gastón Solnicki, photographié par Rui Poças, AIP, ABC

Compétition Orizzonti Courts métrages
– Je crois entendre encore, de Constance Bonnot, photographié par Manuel Marmier

Venezia Spotlight
– À bras-le-corps, de Marie-Elsa Sgualdo, photographié par Benoît Dervaux, SBC
– Calle Málaga, de Maryam Touzani, photographié par Virginie Surdej, SBC

Venice Classics
– 3h10 pour Yuma, de Delmer Daves, photographié par Charles Lawton Jnr, ASC
– Le Cocu magnifique, de Antonio Pietrangeli, photographié par Armando Nannuzzi
– Lolita, de Stanley Kubrick, photographié par Oswald Morris, OBE, BSC
– Kagi (La Confession impudique), de Kon Ichikawa, photographié par Kazuo Miyagawa
– La Maison des étrangers, de Joseph L. Mankiewicz, photographié par Milton R. Krasner, ASC
– Onze heures sonnaient, de Giuseppe De Santis, photographié par Otello Martelli
– Le Quai des brumes, de Marcel Carné, photographié par Eugen Schüfftan
– Queen Kelly, d’Erich von Stroheim, photographié par Gordon B. Pollock, ASC, Paul Ivano, ASC, Ben F. Reynolds, ASC, William H. Daniels, ASC, Gregg Toland, ASC (film de pré-ouverture)
– Ti ho sposato per allegria, de Luciano Salce, photographié par Carlo Di Palma, AIC.