Pour la première fois, le musée Dapper réunit des oeuvres traditionnelles d’Afrique subsaharienne et des créations des Caraïbes. Cette exposition constitue une occasion unique de découvrir les résonances qui existent entre mascarades d’Afrique et carnavals des Antilles et de la Guyane. Ces moments forts se vivent comme des rituels, des instants partagés, au sein desquels se renforcent les liens du groupe. Masques, costumes et coiffes, conçus à partir des matériaux les plus variés, sortent accompagnés de musique, danses et chants.
C’est une véritable farandole qui est offerte au public. Si le fil conducteur est bien une forte tradition africaine, l’ambiance baigne dans un melting-pot dont la diversité est riche et la présentation alléchante.
Le déguisement est un repère universel d’appartenance à une identité aussi bien qu’à un territoire. C’est pourquoi chaque analyse des exemples présentés constitue une sorte d’intrusion dans l’identité de chaque peuple. On apprend ainsi une autre histoire de ces peuples méconnus.
D’un point de vue esthétique, les masques sont d’une fine complexité, les attitudes hiératiques et le mystère enrobant. Une réussite ! La présence de masques gigantesques provoque une sorte de mise en orbite autour d’un royaume du mystère. On se surprend à se sentir familier avec ces objets qui nous sont pourtant si étrangers. Y compris les costumes délicats et parfois enivrants.
La grande variété des œuvres exposées montre également la diversité des rites accomplis par ces peuples. Et comme ces rites ne sont réservés qu’aux passages importants de la vie, le spectateur est projeté en plein cœur des stades de gestion existentielle et symbolique de chaque communauté.
A noter qu’en termes pédagogiques, les explications qui accompagnent le parcours sont intelligemment rédigées. Les vidéos présentées sont également d’une grande aide. Elles contribuent à la beauté ambiante, une certaine libération de l’esprit et d’expérience intérieure vécue.
Ainsi, la partie esthétique est une réussite et la partie spirituelle à l’avenant. Qui plus est, la mise en relation de ces objets avec des créations contemporaines est bien vue. Les rapports et interactions s’opèrent d’une manière harmonieuse.
Une belle exposition qui mélange traditions ancestrales et modernité saisissante. Une jolie façon de réinventer le monde comme une nouvelle offrande à la vie.
David Norgeot