NANTES. SHADÉBLAUCK AUX INOUÏS DU PRINTEMPS DE BOURGES

Dans le cadre des auditions iNOUïS 2022 du Printemps de Bourges, Unidivers a rencontré Shadéblauck. Pour cet entretien, l’artiste de 26 ans originaire d’Evry (91), nous a chaleureusement accueillis chez elle, dans une ambiance pleine de douceur et de bonnes énergies.

Shadéblauck, de son vrai nom Shadé, est une artiste de 26 ans. Chanteuse, rappeuse et dessinatrice, elle manifeste sa pensée à travers les différents supports qu’elle trouve, à l’image de la diversité de son activité artistique. Élevée par sa mère et fière de ses origines maliennes et nigérianes, l’artiste est principalement connue pour son activité musicale. Installée à Nantes depuis le premier confinement, elle a quitté son poste de commerciale et suit actuellement une formation de direction artistique tout en travaillant sur ses projets musicaux.

Enfant, l’artiste tombe amoureuse de la musique en entendant, depuis son balcon, un guitariste interpréter le Choros n°1 de Villa Lobos. Cet évènement la pousse à commencer la guitare qu’elle pratiquera pendant 11 ans avec son professeur Michel Rolland à qui elle voue une grande admiration : « c’était un amour, il était incroyable », le décrit-elle.

En parallèle, la jeune musicienne entre au collège avec des horaires aménagés et intègre l’École Nationale de Musique et de Danse d’Evry. Avec du recul, Shadéblauck réalise que ce rythme et cette structure d’apprentissage, qu’elle suit de la 6ème à la 3ème, ont été bénéfiques : « Je n’aurais pas été la même sans la musique. J’aurais pu emprunter un chemin tout à fait différent. Mais cela m’a permis d’avoir une enfance sereine. Le fait d’avoir les mêmes personnes dans ma classe, d’avoir ce socle et ce cocon d’âmes avec lequel j’évolue au fil des ans autour d’une passion commune m’a canalisée. », raconte-t-elle.

J’ai arrêté de faire DE la musique tout ce temps-là par dégoût

Shadéblauck

Au fur et à mesure de sa formation, la collégienne commence à ressentir un certain étouffement et un désintérêt pour la musique, alimentés par le programme strict et restreint qu’elle doit respecter. Sa passion devient pour elle une obligation et non plus un plaisir : « Il y avait aussi ce côté où tu reproduis une œuvre qui existe déjà. Cela rend la chose égotique dans le sens où untel va décider que tel ou tel morceau en vaut la peine. On met l’accent sur un certain type de musique et à mon sens, ce n’est pas toujours légitime », confie-t-elle. Ce que Shadéblauck désire, c’est découvrir et apprendre la musique du monde et non uniquement le style classique. Ce sentiment d’enfermement la pousse à arrêter brusquement la musique à l’âge de 16 ans. Cette décision lui laisse un goût si amer qu’elle ne trouve pas la force de reprendre : « J’ai arrêté de faire de la musique tout ce temps-là par dégoût. J’étais dégoutée parce que je n’avais pas bien quitté la musique. C’était un peu compliqué, je ne me projetais plus ».

bodypainting ©@marysemulumba Photo ©@louiise_ms 

Elle ne reprendra que des années plus tard durant une année de césure en master qu’elle réalisera en partie aux États-Unis. Cette période est décisive pour la chanteuse car elle lui permet de renouer avec sa passion de toujours. D’abord installée chez sa tante à New-York, mais lassée du stress et du bruit la ville, elle décide de partir plusieurs mois en pleine nature dans le cadre d’un woofing, un concept de voyage qui permet à un volontaire d’être logé, nourri et blanchi par le propriétaire d’une exploitation agricole en échange de son travail. Ce moment en pleine nature est une renaissance de tous les jours durant laquelle elle se confronte à ses traumas et réalise une introspection l’aidant à déconstruire toutes les normes qui l’empêchaient d’être pleinement elle-même. Elle raconte : « C’était vraiment la première fois où j’ai cessé de m’identifier au travers des normes qu’on nous met dans l’esprit depuis petit. J’ai déconstruit beaucoup de prismes à travers lesquels on a voulu me définir. Je me suis réappropriée mon identité. Quand tu es dans la nature, personne ne te juge. J’ai enlevé tous les masques et j’ai commencé à écrire ». Depuis, Shadéblauck ne s’est jamais arrêtée d’écrire et compte bien continuer à exercer sa passion jusqu’à son dernier souffle.

Je qualifierais ma musique par de l’art qui soigne

Shadéblauck

La spiritualité tient une place importante dans l’univers de Shadéblauck. Elle créé dans le but de se connecter à elle-même et désire transmettre une vibration positive aux gens qui l’écoutent. À l’image de son clip Forest, elle tend à continuer à intégrer cette dimension spirituelle à ses réalisations, à travers la danse et la nature notamment : « Je veux que quand les gens écoutent ma musique, ce soit une bénédiction et qu’ils repartent chargés de protection. Je veux qu’il y ait cette vibe chamanique et spirituelle qui éveille l’esprit. Je qualifierais ma musique par de l’art qui soigne », explique-t-elle.

Le contexte sanitaire actuel et les restrictions qui en découlent sèment le doute dans l’esprit de Shadéblauck qui éprouve de plus en plus de difficultés à se projeter. Cependant, la chanteuse reste concentrée sur ses objectifs et ses convictions : « Je continue à avancer dans mes projets parce que c’est mon fioul, mais j’ai de plus en plus de mal à me projeter dans le monde dans lequel on vit. Je conditionne mon esprit à manifester le changement que je veux voir en ce monde », exprime-t-elle.

Pour garder le moral, Shadéblauck écoute particulièrement le duo Oshun, une de ses sources d’inspiration et avec qui elle rêverait de faire un featuring : « Elles sont spirituelles et leur art est ce vers quoi je veux tendre. Authentique et puissant, il remet en question le monde dans lequel on vit », loue-t-elle. Elle cite également Jojo Abot ou encore les rappeurs Guizmo et Freeze Corleone.

Concernant les projets à venir, Shadéblauck prévoit la sortie de Who I Am à la fin du mois de mars. Cet EP introspectif décrira le passage de l’ombre à la lumière vécu par l’artiste et évoquera les thèmes de la dépression, la colère mais aussi l’acception et la guérison.

En attendant, les sorties des morceaux Dissonance et NHI, dont le clip sera un mélange entre vidéo et animation, sont respectivement prévues pour le 22 janvier et le début du mois de mars.

Venez soutenir Shadéblauck lors des auditions régionales iNOUïS du Printemps de Bourges, à Nantes. Si vous voulez faire partie du public et soutenir votre artiste favori, rendez-vous le 25 janvier 2022 au Stereolux ! Réservations ici.

inouis printemps bourges

Depuis 1985, les Inouïs du Printemps de Bourges constituent un festival tremplin pour les artistes de musiques actuelles. Cette année, 3000 candidatures ont été examinées par 350 professionnels de la musique. 136 artistes ou groupes ont été retenus, répartis sur 28 antennes territoriales. En plus d’une visibilité donnée à des jeunes projets, les lauréat·e·s des différents prix se verront programmés à plusieurs festivals, dont le fameux Printemps de Bourges, qui se tient cette année du 19 au 24 avril. Les concerts d’audition ont lieu entre le 6 janvier et le 5 février 2022. À Nantes, rendez-vous le 25 janvier à 20h au Stéréolux. Au programme : Coline Rio, Nerlov, Scuffles, Shadéblauck, Susanoô, Zaho de Sagazan.

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